[Chronique Lost In...]

Sleeping Dogs - PC

Les Lost In... sont des exercices de style différents à chaque fois qui explorent diverses pistes narratives pour s'achever par la mort du personnage. Ils sont inspirés d'expériences réelles que j'ai eu dans les jeux cités. De plus, si vous pouviez laisser un petit commentaire pour donner vos impressions, je serais comblé. Merci, cordialement Le Hobbit Ninja.

"Je suis devenu une ombre, un homme sans visage, j'ai fait corps et âme avec ma ville." - Wei Shen

Les os craquent, la pluie est battante, les cris étouffés de mes adversaires se perdent dans le vacarme du tonnerre...Il n'en reste plus qu'un, les autres, hum, eh bien disons juste qu'ils ne sont plus vraiment en état de nuire à quiconque. Le premier a sûrement au moins trois côtes cassées et la jambe partiellement défonçée. Les deux autres doivent être morts à l'heure qu'il est au vu des nombreaux coups de coûteau que je leur ai infligé. C'est ainsi que l'on règle les désaccords sur la distribution de drogue ici, c'est comme ça que je vis au quotidien, un monde violence continue, de feu et de sang. Je m'avance vers le derniers des larbins du gang de Jade pour le finir mais ce dernier s'enfuit... Le poursuivre me donnerait l'occasion de faire un peu d'exercice mais je suis fatigué de tout ça. Je sors mon flingue, le braque sur lui, et décoche une balle dans le pied du bougre. Sa râle désespérée me fatigue,mais il continue de ramper sur le sol, je le regarde et me rappelle les paroles de mon mentor: "Le serpent las de vivre le ventre contre le sol ( Il rampe encore et encore, inlassablement alors que c'est inutile ), se berçait de l'illusion de pouvoir un jour voler...Mais c'était impossible. ( Sa drogue a finit brulée dans un entrepôt, pas assez pure qu'il disait le boss, pas assez bonne... ) Pourtant son aveuglement le poussait à s'approcher de l'oisillon dans son nid...ignorant qu'il était devenu la proie... ( Je me rapproche fatalement de lui ) Que reptile, il avait fini dans l'oeil du faucon...Qui vole haut dans le ciel ( J'enfonce le coûteau dans son crâne, sa cervelle ressort en dégoulinant le long de mes doigts, son sang, encore chaud, gicle sur mon visage )."

"J'enfonce le coûteau dans son crâne, sa cervelle ressort en dégoulinant le long de mes doigts, son sang, encore chaud, gicle sur mon visage" - Wei Shen

Les gouttes ruisselent sur mon visage et se diluent dans le sang giclé alors que je reprends peu à peu conscience de mon environnement. Les passants restent cloués sur place; horrifiés par le massacre que je viens de commettre. Ils devraient pourtant s'y être habitués, depuis les décennies de violence qui ont marqués l'histoire de cette ville. Les fondements même de cette cité du crime sont pourris, jonchés de cadavres et débordants de corruption. Et au centre de ce chaos incessant, au coeur de ce maëlstrom de crasse et de sang, il y a moi, Wei Shen. Un flic infiltré dans le gang le plus dangereux de Hong-Kong, les Sun-On-Yee. J'ai grandi dans les bas-fonds de la ville avant de m'envoler vers les U.S.A. Je connais ces gens, ils ont été ma famille, il fut un temps. Mais ce temps est révolu et je ne leur dois rien, absolument rien. Je suis seul, ni la police, ni les Sun-On-Yee, ne peuvent m'offrir une porte de sortie. Comment ça va se finir ? Eh, bien, j'aimerais le savoir moi même... Tout ce que je sais, c'est que je ne peux rester longtemps ici, les flics arrivent et que je ne suis définitvement plus l'un des leurs.

"Je le regarde dans les yeux, j'y vois la peur, le désespoir, la rage, l'animal; et une seconde après, je lui fracture le crâne avec mon pied, les débris de sa paroi crânienne s'éparpillent en petits morceaux et un liquide qui ne m'est que trop familier s'échappe de sa tête. Je ne sais pas si l'on peut appeller ça une mort cérébrale mais d'une certaine façon, c'est ceux à quoi ça m'a fait penser, une mort littérale de l'âme et du corps...simultanément." - Wei Shen

Je me rappelle encore du visage appeuré de ce vieil homme, lorsque je l'ai assassiné. Son dernier regard s'est tourné vers moi et s'est implanté dans le mien. Encore ce même mélange de peur, de colère et de désespoir. Je n'arrive pas à l'effaçer de mon esprit alors que je roule pourtant vers ma "pseudo-liberté". Il n'a pas été difficle d'échapper à ces manchots de policiers. Un tir en l'air pour stopper la circulation, un autre pour appeurer les "gardiens de l'odre" et un coup de couteau pour m'approprier la caisse du vieillard. Simple en apparence. Si simple... Le visage de cet homme continue de me hanter, il me possède, y a t-il une quelconque notion de moralité ici ? Un instant de calme m'appaiserais, un instant de........trop pour me rendre compte que je viens de m'écraser sur le bord de la route...

"Les néons lumineux, m'aveuglent et le vacarme me rend sourd, le souvenir du vieillard me hante déjà. Je sens soudain le contact du métal froid du véhicule avec quelque chose de beaucoup plus dur, de plus immuable, de la pierre. Je me réveilles quelque minutes plus tard, sonné et déboussolé. L'hémoglobine suinte le long de mon front." - Wei Shen

Mes yeux distinguent des formes, des ombres, des couleurs, des lumières. Je tente de de sortir du véhicule en vain. Mes forces m'abandonnent. L'esprit se perd, quelque part, je ne sais où. Les couleurs se diluent dans l'ombre qui recouvre peu à peu mon regard. Soudain, j'entends un son, ou plutôt un bruit caractéristique de menace. C'est une sirène de police. Mes muscles se tendent à nouveau, et je m'élance hors du véhicule avec toute la fureur qui me reste. Mes jambes chancèlent à nouveau, la réalité s'impose comme un constat, je ne tiens plus debout. Dans mon dernier souffle je lève les yeux vers le lieu qui me surplombe. Un cimetière. Approprié pour un malfrat comme moi, presque ironque. Je tibute, chancèle à nouveau, agonise mais je me dirige toujours vers cette tombe géante macabre qu'est le cimetière. Pas de temps à perdre, plus de temps tout court. J'avance lentement en me remémorant mes crimes, mes meurtres, ma vie...

"Sa trachée se disloque en un éclair et son souffle se perd dans l'atmosphère étouffante de la ville, il gicle comme le gros porc qu'il est. Ses deux compères vont, d'ici moins de 5 secondes, se jeter sur moi comme des chiens enragés alors même que leur conscience leur dit le contraire. Et d'ici moins de 45 secondes, deux autres corps repeindront Hong-Kong de leur sang." - Wei Shen

"L'acculer fut chose facile. Deux ou trois coups de poings dans les dents et dans l'estomac ont suffis à le faire cracher du sang. Ensuite il ne me restait plus qu'à lui asséner un high kick dans l'épaule pour le faire chuter à même le sol. Je n'eut qu'à lui soulever la tête une dernière fois pour la frapper contre la métal de l'engin avant qu'il ne s'évanouisse. Une fois cela effectué, je souleva son corps sur la machine et lâcha tout le poids de l'objet sur son torse. L'impact fut si violent qu'il n'atténua pas seulement le bruit de destruction qui émana du plastron du malheureux, il projeta plusieurs litres de liquide rouge sur mes vêtements. Une douche s'imposait." - Wei Shen

"Le bouillie floute ma vue et m'éclabousse. Original, une table de ponçage, et meurtrier. Horrible, terrifiant et monstreusement imaginatif. Humain, dans le fond sans doute. Les autres regardent, ils sont cloués sur place par une forme de peur faussement nouvelle, la peur de l'autre, la peur de l'un de leurs semblables. Je les comprends, après tout, c'est normal, c'est logique, c'est humain." - Wei Shen

"Les lampes étaient cassées et ma visibilité réduite. Ils devaient être 4, peut-être 5. Deux se ruèrent vers moi en aboyant des injures incompréhensibles, rapidement leurs voix se turent. Un autre, armé d'un couteau s'avança silencieusemment dans mon dos pour me poignarder. Feinte. Esquive. Riposte. Résultat: Le poignet cassé et désarmé du couteau. Il ne m'en restait plus que deux, approximativement. L'un se pailla le luxe de n'avoir que deux entailles au niveau de l'estomac tandis que l'autre eut les jambes tailladées. Un silence de mort s'imposa dans la salle. Lorsque les braises du four se ravivèrent, il y avait 5 corps jonchant le sol dont au moins 1 décédé." - Wei Shen

"Il y a un vieux proverbe chinois qui me revient à l'esprit: "Plus on s'élève, et plus dure sera la chute". Est-ce donc ce qui m'attends, moi ? Les rues sont des caniveaux géants, et les caniveaux sont pleins de sang; toute l'ordure accumulée du sexe et de mes meurtres moussera jusqu'à mon cou et dans un élan de désespoir animal je supplierais: " Sauvez moi !" Et dans murmure les voix répliqueront: "Non".

Je marche, lentement certes mais je marche, ou plutôt je rampe. La pluie a cessé pour laisser place à un calme plat, le genre de calme avant la tempête. Les sirènes retentissent toujours mais sont lointaines. Le cimetière est placé en hauteur, je grimpe du mieux que je peux les escaliers du monument en pierre qui constitute ce lieu. J'entends les premiers coups de feu créer un écho dans mon dos. Je me retourne et aperçoit à quelques dizaines de mètres de moi, les lampes torches des SWAT hong-kongais. Je revois le vieillard, il est aussi silencieux que le reste , et surtout il est mort. Je me cache de la lumière en grimpant toujours plus haut dans le monument. La bête en moi s'est réveillé et à pris le contrôle, je suis devenu une ombre, un homme sans visage, j'ai fait corps et âme avec ma ville. Ils doivent être plusieurs douzaines en bas et moi je n'ai plus qu'une arme valide, un pistolet contenant un chargeur plein. Naître dans sa ville, fusionner avec sa ville, chuter avec sa ville et mourir avec sa ville.

C'est donc le destin qui m'attend... Et après tout, à quoi bon vous conter comment j'ai tué la moitié de l'escouade d'intervention et comment j'ai brisé plusieurs hommes aussi littéralement qu'il est possible de le faire, à quoi bon vous faire l'étalage de toute la violence que j'ai mis en oeuvre pour survivre jusqu'au dernier souffle, à quoi bon vous décrire méticuleusement la façon dont j'ai assassiné tous ces humains; car après tout, entre vous et moi, nous savons tout deux comment cela se finit, n'est ce pas ?

Lost In...Hong Kong.