En fin d’année dernière, The Callisto Protocol venait déverser ses hectolitres d’hémoglobine poisseuse sur consoles et PC. Une sortie qui a très largement divisé la presse et les joueurs puisque si le jeu a été félicité pour ses bonnes idées, son univers travaillé et ses graphismes de haute volée, il a également fait un lancement catastrophique sur PC où il était quasiment injouable.

Mais aujourd’hui, la nouvelle polémique ne concerne pas la technique du jeu, qui a très largement été améliorée grâce à de gros patchs, mais plutôt certains développeurs qui ont eu la très désagréable surprise d’avoir été coupés au montage.

Quand The Callisto Protocol oublie ses développeurs

Plusieurs anciens développeurs de Striking Distance Studios, interrogés par ont en effet déclaré qu'environ une vingtaine d'employés n'avaient même pas été crédités pour leur travail, alors qu’ils avaient travaillé sur le développement durant plusieurs mois (années pour certains), et à temps plein.

Je peux comprendre que si un employé n’effectue qu’une petite quantité de travail pendant quelques mois, il est laissé de côté, mais nous parlons ici d'employés à temps plein avec plus d'un an investi dans le développement et qui ont participé à des parties importantes du produit. C'est de là que vient la surprise pour beaucoup d'entre nous.

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Le comble, c’est que d’après les développeurs mécontents interrogés, plusieurs personnes auraient été favorisées et auraient été remerciées. Une « sélection » et du « favoritisme » qui ne passe pas.

Il y a sans aucun doute eu beaucoup de favoritisme dans le choix des personnes qui ont été créditées. J'ai l'impression qu'ils ont choisi les personnes qu'ils appréciaient ou avec lesquelles ils avaient une relation, et n’ont pas crédités les autres.

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C'est la goutte de trop

La colère gronde chez les développeurs de The Callisto Protocol, alors que le spectre du dérapage de Glen Schofield concernant le crunch pèse toujours. Le réalisateur avait en effet dit que le travail était « dur et intense» , mais que s’ils le faisaient, «c’est parce qu'« il fallait le faire ». Des propos qui n'étaient très clairement pas passés. Schofield finira d’ailleurs par supprimer son tweet et s’excusera avec un nouveau quelques heures plus tard, mais le mal était fait.

Et pour les développeurs, le fait de ne pas être crédité après avoir donné autant d'énergie pour le jeu est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. C'est le coup de grâce.

Le développement d'un jeu peut être intense, surtout lorsqu'il s'agit de livrer un produit comme The Callisto Protocol dans les temps. On ne trouve pas toujours le meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le problème, c'est que ceux d'entre nous qui ont pris part à ce crunch, qui y ont consacré de temps et ont travaillé intensément à l'élaboration de The Callisto Protocol, ont été punis par une omission de crédit pour ne pas avoir fait un effort supplémentaire pour rester jusqu'à la toute fin.

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Ca fait mal. Ça craint. J'ai apporté une bonne contribution et j'ai travaillé dessus pendant un bon moment. Ne pas être crédité du tout, c'est merdique.

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Et la loi dans tout ça ?

Pourtant, comme le rappelle GamesIndustry, la loi est très claire sur le sujet et oblige les entreprises à créditer chaque personne ayant travaillé au moins 30 jours sur le projet, même les sous-traitants ou les personnes ayant quitté le projet en cours de route. Striking Distance Studios est donc hors des clous.

Malheureusement, ce genre d'affaires n’est malheureusement pas si rare que ça, récemment d’ailleurs, c’est God of War Ragnarok qui était source de problèmes, puisque Santa Monica n’avait pas crédité l’une de ses compositrices qui avait pourtant mixé l’un des thèmes principaux du jeu, ce qui avait mis l'artiste en colère.

Pour le moment, concernant The Callisto Protocol, personne chez Striking Distance, pas même Glen Schofield, n'ont encore fait de commentaire. Affaire à suivre.