Ceux qui suivent l'actualité de la plus transportable des consoles ne le savent que trop bien : malgré les plaintes et autres actions collectives qui se multiplient un peu partout contre le fameux problème de mouvements fantômes que tout le monde appelle "Joy-Con Drift", Nintendo se mure dans un étrange silence. Interrogé cet été sur les éventuelles améliorations apportées par la Switch OLED, le constructeur avait d'ailleurs pris le soin de botter en touche, quitte à envoyer un message d'une grande confusion aux joueurs du monde entier. C'est pourtant en ce jour de lancement que Nintendo choisit de lever (bien) timidement le voile sur les progrès réalisés depuis 2017.

Le mieux est-il l'ennemi du bien ?

En juillet dernier, le constructeur remettait au goût du jour les célèbres interviews de feu-le PDG Satoru Iwata sous une nouvelle forme : Ask the Developers, dont le second numéro vient de paraître, au moins sur le site officiel américain. Vous l'aurez deviné : l'entretien que donnent Ko Shiota et Toru Yamashita, tous deux responsables de la conception de la Switch OLED, mentionne la pomme de la discorde.

Au cours de l'interview (délicieusement exhaustive), Yamashita commence par justifier les ressemblances évidentes entre les Joy-Con qui équipent la console et ceux commercialisés depuis quatre ans :

Nous souhaitons « affiner » ce que nous avions déjà entrepris, et nous nous sommes assurés de ne pas ajouter de nouvelles fonctionnalités qui ne pourraient pas être utilisées avec des titres déjà disponibles. Par exemple, si nous avions ajouté un nouveau bouton ou une nouvelle fonction aux Joy-Con, vous ne pourriez pas l'utiliser, à moins que nous ne mettions ces anciens jeux à jour. Nous avons donc pensé qu'il serait préférable d'améliorer et d'améliorer les fonctions que nos clients connaissent actuellement.

Si l'affirmation se tient parfaitement, elle n'explique en revanche pas pourquoi Nintendo n'aurait pas pris la peine de corriger un problème connu de tous, et de longue date. Malgré le silence et le détachement du constructeur, les ingénieurs auraient tout de même consenti à revoir leur copie :

Le degré d'usure dépend de plusieurs facteurs tels que la combinaison des matériaux et de leurs formes, et nous continuons à améliorer nos produits en recherchant les combinaisons les plus durables. Nous avons mentionné que les fonctionnalités des Joy-Con n'avaient pas changé dans le sens où nous n'avons pas ajouté de nouvelles fonctionnalités comme des nouveaux boutons, mais les sticks analogiques des Joy-Con inclus avec la Nintendo Switch OLED ont été améliorés. Inutile de dire que les Joy-Con vendus séparément le sont également, tout comme ceux en cours de livraison.

Voilà qui est pour le moins baroque : par l'intermédiaire de Toru Yamashita, Nintendo laisse entendre que les sticks incriminés ont été améliorés... sans préciser à quel niveau ! Le constructeur craint-il d'avouer sa légèreté face aux nombreux procès à venir ?

En attendant de découvrir quelles modifications équipent effectivement la Switch OLED, rappelons que l'épineux dossier du Joy-Con Drift est actuellement examiné par le Bureau Européen des Unions de Consommateurs, ou les autorités canadiennes, pour ne citer qu'eux.