Le 20 novembre prochain sera mon dernier jour chez Gameblog. Oui, j’ai un peu merdé. Ce sera un samedi. C'est tout moi ça, à pas calculer. Mais vous vous en tamponnez sûrement le coquillard. Ce qu'il faut retenir, c'est que je pars de mon plein gré, en restant en bons termes avec l'équipe (du moins, ceux qui ont exprimé quelque chose, semblent me l'avoir signifié ainsi)(mais, en fait, en y réfléchissant bien, je ne suis plus sûr)(eeeeeeeeeet merde), pour une aventure que je suis impatient et excité d'embrasser.

Parce que j'avais envie. Et qu'à plus de 40 piges, après une pandémie qui a quand même bien plombé l'ambiance et fait germer certaines réflexions, le changement semblait opportun. Je ne m'étalerai pas sur la nouvelle expérience professionnelle qui m'attend. Je me contenterai de préciser que je dis adieu au journalisme. Eh oui. Pas croyab' ça.

Dire que j'ai débuté dans le milieu il y a un peu plus de 18 ans. Ca paraît si loin et pourtant c'est comme si c'était hier. Je me souviens mes premiers jours chez Joypad. Mes premiers aller-retours à Levallois-Perret. Mon premier test (Wario World). Mon premier press tour (Asterix & Obelix XXL). La première personnalité que j'ai interviewée (Charles Cecil). Et j'ai depuis vécu et accompli tant de choses auxquelles je n'aurais même pas osé rêver adolescent ! Si je pouvais aller à la rencontre du gamin boutonneux que j'étais et qui allait emmerder sa libraire chaque début de mois pour savoir si elle avait reçu les derniers Joystick et Joypad, il me tendrait deux doliprane et appellerait le SAMU.

Comment ça tu connais Greg ? Et Marc Lacombe, le mec de Micronews aussi ? Tu as discuté avec Shigeru Miyamoto ? Ahahaha, genre tu tutoies Eric Chahi ? T'as fait des perfs à des tournois de jeux de foot avec l'Italie ? T'as été au Japon et fait l'E3 ? T'as écrit un bouquin sur Castlevania ?! OK papy, retourne dans ton époque, je crois que t'es défoncé.

Mon moi ado, qui ne capte pas pourquoi mon moi de 43 ans est revenu dans le passé sans les numéros du loto. Putain, quel con !

Je ne lui en voudrais guère de ne pas me donner du crédit. J'ai eu une chance à laquelle il est difficile de croire. Une chance de faire ce que je voulais. Une chance de pouvoir, à quelques exceptions près, parce qu'il en faut toujours, bosser avec et pour des gens d'une bienveillance fantastique, qui en me témoignant leur confiance m'ont aidé à m'améliorer. Des gens que j'ai admiré et admire toujours, et qui m'ont aidé à garder en tête que la mission passe avant l'ambition.

En premier lieu Julo et ce connard d'Angel©. Je leur dois tout. Ce sont eux qui m'ont fait entrer dans ce milieu, alors qu'il n'était pas prévu que mes études de journalisme m'y entraînent. Eux qui m'ont formé. Déformé aussi. Eux qui m'ont appris à me démerder. Eux qui m'ont donné la confirmation qu'il était plus gratifiant de chercher des solutions que des excuses. Et que si un âne te donne un coup de pied, c'est mieux de ne pas lui rendre. Je ne les remercierai jamais assez. Et puis, naturellement, je ne peux pas tous les citer, j'ai envie de saluer les confrères, collègues, patrons, attachés de presse et créateurs que j'ai pu côtoyer régulièrement. En tout cas ceux qui n'ont jamais éprouvé le besoin de se valoriser en utilisant des êtres humains comme marchepied.

Putain, 10 ans !

Il va de soi que j'ai aussi eu une chance immense d'avoir pu mettre mon grain de sel dans Gameblog. Je me souviens de mon inscription, parmi les premiers, le 20 février 2007, depuis la Caroline du Nord où j'étais pour un voyage de presse Unreal Tournament III. Ce site, je l'ai aimé dès le début. Peut-être même avant. Parce qu'il y avait cette équipe. Ce ton. Cette légèreté. Cela a été un honneur de monter dans le bateau il y a 10 ans - 10 ans de rushs, de fous-rires, de nuits blanches, de partages avec une super communauté, de PC montés, démontés et mis à jour, de mots oubliés, de refs obscures, d'events... J'ai donné tout ce que je pouvais. Et même plus. C'était, je pense, la moindre des choses.

S'il a été question de retrouvailles, il y a aussi eu des rencontres. Je ne pourrais nommer tous les pigistes et cadreurs passés et présents. Pareil pour les lecteurs croisés. Qu'ils sachent que je pense bien à eux. Tout comme je continuerai à penser à Poufy, Romain, Camille, Thomas, la "core team" toujours en place. Et à un homme en face duquel je sais que je serai bien triste de ne plus m'asseoir. Ah, Traz ! C'est une expérience. Un package un peu spécial. Qui surprend toujours par son désir fréquent de taper avant de poser les questions. Mais quand même, putain, qu'est-ce qu'on s'est marrés, qu'est-ce que j'ai appris à ses côtés ! Vous me verrez bien incapable de mesurer l'honneur de pouvoir travailler pour lui, l'écouter raconter de la merde en boucle, et le laisser, parfois, ces deux dernières années, me confier les clés de la baraque. Merci pour tout. Comme 95% des jeux de mots de la planète, Gameblog, c'est lui. Dealez avec ceci, dirait-il. Il mérite tout votre soutien pour l'avenir.

Dans quelques jours, je partirai vers une nouvelle vie, avec mes maigres compétences, pour apprendre et partager, encore. Je serai toujours reconnaissant pour les moments passés à faire ce métier, et envers les personnes avec qui j'ai pu échanger, débattre, rire, m'interroger durant toutes ces années. Le 19 novembre, qui sera un vendredi, donc, j'aimerais m'arrêter, regarder dans le rétro, et me dire que j'ai toujours fait mon job consciencieusement, sans tricher. Que les lectrices et lecteurs, qu'ils m'apprécient ou pas, n'auront pas douté de ma sincérité et de mon envie de bien faire sur les milliers de news, tests, previews, interviews, lives et podcasts auxquels j'ai contribué. J'espère que mes collègues (je vous jure, je suis pas serein)(même pas un p'tit mot, les mecs ?) garderont de bons souvenirs. Que vous garderez des bons souvenirs. De mon côté, je range tout dans un carton, mais je n'oublierai rien. Ce fut un plaisir.

Time to...

Ouais, bon, j'suis pas mort non plus, faut arrêter de tout dramatiser. Qui a foutu ce GIF ? C'est une blague de crétin. Gameblog continue et je ne serai pas loin en trajet Internet. Ne comptez pas sur moi pour vous dire de me suivre partout et moi-moi-moi-moi-moi-les-amis-je-je-je-je, mais quand même : sachez qu'à 100.000 RT et un maillot de Federico Chiesa dédicacé, j'annule tout.