Nouveau rebondissement dans le procès qui oppose depuis plusieurs années le studio Quantic Dream et les journaux Le Monde et Médiapart.

Rappel des faits. En janvier 2018, une enquête (également menée par le site Canard PC, non-cité dans le procès) dénonçait sur la base de plusieurs témoignages le comportement "inapproprié" des deux principaux dirigeants : David Cage, président et fondateur, et Guillaume de Fondaumière, directeur général délégué et producteur exécutif. Au-delà du non-respect des heures de travail, les articles faisaient mention de "photomontages de mauvais goût". Condamné en 2018, Quantic Dream avait fait appel de la décision, sans succès, puisque le Conseil des Prud'hommes de Paris se prononçait finalement en sa défaveur au printemps dernier. Un second procès, en diffamation cette fois, devait se tenir cette même année. Vous l'aurez deviné : le verdict vient tout juste de tomber.

Statut : c'est compliqué

Parce que rien n'est simple, surtout en matière judiciaire (c'est l'ancien étudiant en droit qui parle), le jugement est double : si Quantic Dream a été débouté de ses accusations en diffamation contre les deux journaux, Le Monde (et seulement lui) a été condamnée pour le même grief envers les personnes de David Cage et Guillaume de Fondaumière. Les attendus de la cour permettront une fois publiés de connaître le pourquoi du comment, mais une lecture des articles de 2018 permet sans doute de comprendre la décision, Le Monde ayant relayé des propos pour le moins désobligeants à l'encontre des deux dirigeants, Médiapart ayant choisi de son côté un ton différent. Le journaliste William Audureau, auteur de l'enquête, est d'ailleurs venu préciser la décision, avant de supprimer ses tweets.

Suite à cette décision, le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo (STJV) a tenu à réagir :

La justice a reconnu le sérieux et la bonne foi du travail des journalistes. Toutefois, Le Monde a été condamné. Il s’agit là d’un recul pour la liberté d’expression et la parole de toutes les victimes de sexisme, harcèlement sexuel et de manière générale de conditions de travail déplorables, au bénéfice d’un patronat qui emploie toutes ses ressources pour faire taire toute accusation.
Rappelons tout de suite que dans ce cas, la justice ne se prononce pas sur la véracité du contenu des articles, dans un sens comme dans l’autre. La direction de Quantic Dream ferait donc bien d’éviter de prétendre être lavée de tous soupçons, alors même qu’elle a été déboutée de ses demandes. Ce jugement confirme que le travail des journalistes dans cette affaire était légitime, et mené dans toutes les conditions de professionnalisme et de prudence requises.

Pour l'heure, aucune des parties concernées ne s'est encore exprimé sur cette nouvelle décision. La suite au prochain épisode ?