SOS Fantômes : L’Héritage, dans les cinémas français le 1er décembre prochain, c’est avant tout l’histoire d’une famille. D’une famille à qui le destin n’a pas souri pour l’instant. Callie (Carrie Coon) vit avec ses deux enfants, Trevor (Finn Wolfhard) et Phoebe (la formidable Mckenna Grace), et a beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Expulsés de leur appartement citadin pour cause de loyers impayés, la petite famille se retrouve contrainte de déménager à Summerville, un trou paumé du fin fond de l’Oklahoma. Et pas dans n’importe quelles conditions.

Callie a en effet hérité d’une maison délabrée de son père qui l’a soudainement abandonnée quand elle était enfant. Très vite, la brillante et perspicace Phoebe va se rendre compte que sa nouvelle maison cache de nombreux secrets. Et qu’il se passe quelque chose d’étrange dans le voisinage. Dans ce genre de situation, qui est-ce qu’on appelle ? Si vous répondez, les S.O.S Fantômes, vous avez évidemment raison. Mais en fait, pas du tout ! Bon, ok si... Quoique... Bon bref. Sauf qu’en 2021, plus de 30 ans après la dernière apparition de fantômes recensée, les adolescents n’ont jamais entendu parler du Bibendum Chamallow ou de Gozer.

L'Héritage comme nouveau départ

À partir de là, Phoebe, accompagnée de son nouvel ami Podcast (incarné par Logan Kim, une autre révélation du film) et son enseignant Monsieur Grooberson (le toujours très bon Paul Rudd), va se lancer dans une quête aux nombreuses retombées. En plus de comprendre ce qui se passe à Summerville, elle va découvrir son lien avec les S.O.S Fantômes. Et permettre à sa famille de comprendre pourquoi elle a été abandonnée par son père/grand-père. SOS Fantômes L’Héritage est une aventure au grand cœur et aux multiples facettes.

Trevor, Phoebe et Podcast dans SOS Fantômes : L'Héritage.

C’est avant tout un film Ghostbusters. Une suite qui respecte ce qui s’est passé précédemment tout en introduisant une nouvelle génération aux codes de cet univers. C’est ensuite une lettre d’amour aux grands films populaires des années 80. Lettre qui ne joue cependant pas la carte du faussement rétro. Les inspirations sont nombreuses (dans les références, la manière de filmer, la gestion des effets spéciaux, etc.) mais le long-métrage reste actuel. Aussi bien dans son ton, dans ses situations que dans les thématiques abordées. Certaines répliques surprennent par ailleurs vu le caractère familial de la distribution.

La relève des SOS Fantômes est assurée

À propos de la distribution justement, il faut saluer le sans-faute réalisé ici par Sony Pictures. McKenna Grace est absolument formidable dans le rôle de Phoebe. Intelligente, courageuse mais un peu gauche, elle porte avec brio l’aventure. Elle apporte de la sensibilité et de la nuance au cliché du personnage intellectuellement brillant mais socialement déconnecté. Logan Kim, la machine à punchlines, est lui aussi très bon. Il est totalement crédible dans le rôle du pré-ado à grande bouche qui ne sait pas quand il faut se taire.

Fidèle à lui-même, Paul Rudd génère ici aussi beaucoup de sympathie. D’une certaine manière, il représente la première génération de fans de SOS Fantômes. Carrie Coon, dont le talent n’est plus à prouver, assure elle aussi. Placée dans un rôle sensiblement différent de ceux qu’elle occupe habituellement, elle se révèle convaincante en mère débrouillarde mais un peu dépassée par les événements. Le seul petit bémol concerne finalement Finn Wolfhard et Celeste O’Connor. Non pas qu’ils soient mauvais. Loin de là. Leurs personnages de Trevor et Lucky semblent simplement moins développés que les autres.

(Not so) serious business

Suite aux diffusions des premières bandes-annonces de S.O.S Fantômes : L’Héritage, une remarque a fréquemment pu être vue sur les réseaux sociaux. Cette remarque concernait l’apparent manque d’humour du film. Les deux premiers Ghostbusters sont réputés pour leur humour et leurs répliques cultes. Alors pourquoi changer une formule qui gagne ? À ces remarques, deux réponses viennent à l’esprit de votre serviteur.

Mr Grooberson et Callie dans SOS Fantômes : L'Héritage.

En premier lieu, rien n’obligeait Jason Reitman à faire une comédie. Les films du Marvel Cinematic Universe ont montré que deux films partageant un même univers ne doivent pas obligatoirement être identiques en termes d’ambiance et de style. Ensuite, il apparaît que les bandes-annonces ne représentaient pas totalement le ton du film. SOS Fantômes L’Héritage est loin d’être avare en bons mots. Mention spéciale au personnage de Phoebe qui a, selon votre serviteur, les répliques les plus drôles. À noter par ailleurs que ce troisième épisode va même jusqu’à se moquer affectueusement de l’humour du premier film, humour dont certains traits ne passeraient plus aussi bien aujourd’hui.

On est les meilleurs, on est les plus beaux, on est les seuls...

Une autre remarque à propos de S.O.S Fantômes : L’Héritage est apparue dans certaines critiques américaines après la première projection du film. Cette dernière lui reprochait son exploitation de la nostalgie. Pour l’auteur de ces lignes, il s’agit d’un reproche exagéré. Pour lui, Jason Reitman et Gil Kenan auraient même pu aller encore plus loin. À un niveau en particulier. Un fan de longue date de la licence pourra en effet reprocher au film la très courte présence à l’écran des comédiens des deux films originaux. Jason Reitman justifie la chose en insistant sur son souhait de faire un volet axé sur Egon Spengler et sa famille.

Phoebe équipée du Proton Pack dans SOS Fantômes : L'Héritage.

Cela peut se comprendre. Le cast original n’est plus tout jeune et pour relancer la marque Ghostbusters, il faut évidemment rafraîchir la distribution. Mais après 32 ans d’attente, les fans n’auraient pas craché sur l’opportunité de passer un peu plus de temps avec Peter, Ray, Winston, Janine et Dana. Cela étant dit, Jason Reitman intègre respectueusement ses nouveaux protagonistes dans l’univers original. Et pour les fans, cela veut dire beaucoup. De plus, et sans rentrer dans les détails pour ne pas spoiler, SOS Fantômes L’Héritage ouvre la porte à un avenir "entre tradition et modernité." Mais cela dépendra bien évidemment du succès en salles de ce long métrage.

En conclusion, difficile pour un fan de Ghostbusters de ne pas sortir d’une projection de S.O.S Fantômes : L’Héritage envahi d’un tourbillon d’émotions. Il y a d’abord la reconnaissance envers Jason Reitman et Gil Kenan pour avoir écrit un nouveau film Ghostbusters digne de ce nom. Ensuite, l’émotion provoquée par ce que l’histoire raconte et montre. Directement associée à l’émotion se trouve l’affection pour les personnages, qu’ils soient nouveaux ou bien plus connus.

S’ensuit l’amusement généré par les situations et les dialogues du film. Enfin, la confiance complète le tout. Confiance en l’avenir cinématographique de l’univers Ghostbusters original. Les packs de proton ont encore du jus. Et après tant d’années de doute, c’est un sacré soulagement.