C'est peu dire que toute l'industrie du jeu vidéo vit depuis quelques mois au rythme des (tristes) révélations de harcèlement ou de pratiques sexistes qui perdurent depuis des années au sein de nombreux studios, surtout les plus grands. Alors que les rebondissements de "l'affaire Activision Blizzard" n'en finissent plus de lever le voile sur des pratiques connues de longue date par la direction, le président de Nintendo of America prenait récemment la parole pour dénoncer "la toxicité qui va à l'encontre des valeurs, des convictions et des règles de Nintendo". L'entreprise semble aujourd'hui joindre le geste à la parole.

La dose de rappel

Sur son site officiel (et accessoirement japonais), Nintendo vient en effet de mettre à jour les "points de vue fondamentaux sur la gouvernance d'entreprise", et rappelle à toutes fins utiles les règles qui régissent le processus de recrutement au sein de l'entreprise :

Nintendo respecte les droits de l'homme dans son processus de recrutement, sélectionne les employés sur la base de leurs compétences et aptitudes indépendamment du sexe, de l'âge, de la nationalité, du handicap, de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre, procède à une évaluation et un traitement équitables des employés conformément aux compétences démontrées par les employés.

Please understand

Voilà pour le discours officiel. Mais si Nintendo n'entend discriminer personne, l'entreprise n'entend pas mettre en place de mécanismes destinés à assurer une plus grande diversité, oh que non. Si le changement s'opère, il sera assurément progressif :

L'entreprise n'a pas d'objectifs spécifiques en ce qui concerne la nomination de femmes ou de ressortissants étrangers à des postes de direction. Cependant, en tant qu'entreprise internationale engagée dans le secteur du divertissement, il est essentiel que nous profitions des talents d'une main-d'œuvre diversifiée. Par conséquent, nous nous engageons à respecter la personnalité et les forces de chaque employé, y compris les employés de nos filiales à l'étranger, et à développer un environnement dans lequel les employés d'origines diverses peuvent maximiser leur potentiel.

Et parce qu'il n'y a rien de plus froid qu'une statistique pour attester de la cruelle réalité, Nintendo rappelle sans le dire le fossé abyssal qui sépare la culture occidentale de la japonaise, non sans rappeler entre les lignes que la route sera (très) longue pour commencer à rééquilibrer le ratio hommes/femmes dans l'entreprise :

Nous avons l'intention d'augmenter la proportion de femmes occupant des postes de direction par rapport aux proportions actuelles dans les principaux bureaux du groupe Nintendo dans le monde (23,7 % au 31 mars 2021) et Nintendo Co., Ltd au Japon (4,2 %).

En attendant des jours plus équitables, une petit tour d'horizon des visuels qui illustrent les (fabuleuses) interviews "Iwata Demande" nous rappelle effectivement que la réalisatrice d'Animal Crossing New Horizons Aya Kyogoku est bien l'exception, et non la règle.