Il est de ces drames qui marquent à jamais notre fragile existence. Eh non, pour une fois, il ne s'agit pas de la nouvelle version de votre site Internet préféré. Non, cette fois, l'affaire est tellement grave qu'elle poursuit depuis près de 35 ans le vénérable producteur Yoshiki Okamoto, au service de Capcom depuis le début des années 1980. Pourtant, celui qui produira plus tard bon nombre d'épisodes de la série Mega Man en a vu des vertes et des pas mûres. Après ce que l'on imagine être une lente et pénible reconstruction, Okamoto témoigne aujourd'hui face caméra. Ou "face cam" si vous préférez.

Ceux qui sont assez vieux pour se rappeler de cette curieuse décennie que l'on appelle poliment "les années 1980" se souviennent sans doute d'y avoir fait de nombreuses découvertes. Et pour cause : nombre de séries encore bien installées aujourd'hui ont pris racine durant ces quelques années, parmi lesquelles, vous l'aurez deviné, se trouve le sieur Mega Man.

L'Ouest Fou-fou de Mega Man

Sorties en 1987, les premières aventures du Blue Bomber le mettent aux prises avec les six robots du Dr. Wily, soudainement devenus hors de contrôle. La jaquette originale représente d'ailleurs le septuor au complet, dans un style simple et rondouillard, bien dans son époque. Mais le succès aidant, le jeu va faire l'objet d'une localisation outre-Pacifique, et devoir convaincre un nouveau public, américain cette fois.

Et là, c'est le drame, comme le veut la sacro-sainte expression. Vous connaissez sans doute déjà le résultat, mais laissons Yoshiki Okamoto le dire avec ses mots à lui :

Donc, la version étrangère de Rockman s'appelle Mega Man. Vous avez déjà vu l'illustration de la jaquette ? C'est un vieux type en collants bleus coiffé d'un casque. Il est accroupi, un peu comme un crabe, avec un tube à la main. Je n'arrivais pas à croire qu'on ait autorisé cette image. J'étais persuadé que tout le monde la détesterait ! C'était un travail collectif ce jeu. Mais là, il allait traverser l'océan.

Nous avons dû écouter le marketing de Capcom USA, qui nous expliquait ce qui était "séduisant" et "populaire". SI j'avais eu plus de responsabilités à l'époque, si j'avais été plus exigeant, ça ne se serait pas passé comme ça. J'y repense encore... Si j'avais eu mon mot à dire, j'aurais dit "NON !"

Okamoto pourra toujours se consoler en se disant que l'ignoble visuel américain aurait offert à bien des joueurs de grands éclats de rires. Quant à la suite...

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