Wolfenstein 3D

Genre :

Doom-like
Editeur : ID Software
Année de sortie : 1992
Support : PC

ID Software s'attaque à la déconstruction du mythe de l'acteur américain Charlie Chaplin  dans Wolfenstein 3D en explorant ses facettes les plus noires. En effet, ce doom-like autobiographique et plutôt bien achalandé, retrace de manière vidéoludique la sombre période du MacCarthysme, une sorte de super chasse aux gauchos sur le territoire amerloque, où "Chaplin" se retrouve accusé (et acculé) d'accointances exacerbées avec le communisme, en 1947. Ce qui provoque son exil vers les contrées bavaroises de l'Europe en 1952. Très vite, à la manière du roi de la pop, il se construit son propre ranch de Neverland, installant sans complexe son univers très kitsch : un immense château à la déco Damidienne très axée sur les voilages, qu'il a très sobrement baptisé « Castle Wolfenstein ». Dans le soft, on incarne un chien du libéralisme à la solde des États-Unis sous les traits de BJ Blazkowicz, un soldat US dont la mission consiste à dérober des documents secrets enfermés dans le castelet embourgeoisé du sieur Charlot, qui prouveraient son réel dévouement au culte satanique et subversif de Karl Marx. De là commence alors une longue excursion immobilière à l'architecture interlope, ponctuées de rencontres musclées avec les nombreux serviteurs de la star du cinéma muet, qui crèchent également dans les lieux et sont visiblement, de fervents adhérents de la NRA.

Après avoir pratiqué un interminable jeu de cache-cache anxiogène dans les labyrinthiques couloirs de la résidence de l'acteur comique, et trucidé de manière fordiste tous ses sbires à l'aide d'un arsenal low-tech d'armes chosiques, Charlie Chaplin himself décide finalement de nous présenter sa nouvelle sape. Mecha-Chaplin, tout droit sortie de son film intitulé Les Temps Modernes, est une sorte d'über-acteur nietzschéen bionique dont l'armement et le costume ne sont pas sans rappeler celui de Mecha-Hitler, le boss de fin d'un autre sombre petit jeu de tir dont le nom m'échappe complètement. La célébrité du bonhomme nous démontrera également toute la puissance de feu de son talent hollywoodien en nous offrant une leçon magistrale d'art dramatique soviétique, en simulant avec conviction des sentiments complexes tels que la fureur ou l'instinct de conservation. Dans une ultime composition digne de l'Actor-studio, Mecha-Chaplin clôturera son happening anxiogène en interprétant ensuite la mort avec beaucoup de réalisme. LE jeu fondateur qui a enfanté le genre du FPS et dévoilé au grand public la personnalité bipolaire de Chaplin, qui n'était au final, pas tout le temps drôle dans la vie.


Dans une performance dramatique inédite, Charlie Chaplin illustre avec brio le sentiment... de fureur.