TUROK a brillé sur la N64 notamment avec deux bons épisodes (DINOSAUR HUNTER et TUROK 2 SEEDS OF EVIL), puis la série s'est peu à peu dégradée avec un épisode multijoueur réussie (avec ses bots et ses armes dingues) mais amputé de son mode solo et un troisiéme épisode (SHADOW OF OBLIVION) en demi-teinte. Avec l'arrivée de TUROK EVOLUTION, les amateurs de FPS se détourna définitivement de cette saga, trop brouillon et décevant.

RETOUR SUR LA SAGA : 2 BONS, 2 MOYENS ET 1 MAUVAIS

TUROK DINOSAUR HUNTER

fut un des premiers FPS consoles gore (et pris au sérieux par la communauté PC). Certes la vue était occulté par un brouillard persistant, mais la grande variété des armes, les niveaux labyrinthiques, les dinosaures biomécaniques et les effets gores à profusion ont conquis une certaine communauté de joueurs.

"Le premier Turok et ses dinosaures biomécaniques"

TUROK 2 SEEDS OF EVIL

exploita avec brio l'expension pack de la N64 affichant des textures en haute résolution, une bande sonore de grande qualité, des Boss titanesques (pour l'époque), et offra un mode multijoueurs à 4 en écran splitté (et même un mode coopératif à deux en activant les cheats sur la version US). L'indien chassait autant le reptile que l'extraterrestre avec une trentaine d'armes à l'efficacité redoutable, la célèbre perçeuse cérébrale reste encore dans les mémoires comme l'arme la plus cruelle de tous les FPS existants.

"La perçeuse cérébrale de TUROK 2 permet d'envoyer une sonde à tête chercheuse qui se plante sur le crâne, aspirait la cervelle, et explosait une fois le travail fini"

"Le jeu autorisait les dégâts localisés avec des effets gores"

TUROK RAGE WARS

est conçu exclusivement pour les parties en multijoueur. On peut saluer la présence de bots et d'armes complément hallucinantes (notamment des puces carnassiéres ou la seringue géante qui permettait d'injecter dans le corps de son ennemi un embryon qui grandissait en quelques secondes, la bête jaillissant tel le Xenomorph dans ALIEN du ventre de son hôte...).

"On pouvait choisir d'incarner un raptor...et on pouvait ajouter plusieurs bots"

TUROK 3 SHADOW OF OBLIVION

est moins convaincant que TUROK 2 : même s'il pouvait se vanter d'avoir modélisé les plus beaux visages de la N64 (Perfect Dark compris) et d'avoir supprimé ce brouillard, malgré des niveaux mieux construits, la réalisation est bien plus terne avec des textures pauvres et avec le souçi du détail en moins. En plus, il y a avait bien moins de dinosaures (la présence d'un raptor nous étonnait même) et la concurrence était rude (la sortie de PERFECT DARK).

"Le bestiaire n'a plus grand chose à voir avec les premiers épisodes, ici un zombie à double tête face à une arme redoutable qui aspire le sang des ennemis..."

Enfin, TUROK EVOLUTION fut l'erreur d'inclure des phases à ptérodactyle injouable, avec sa réalisation en dents de scie, d'une I.A hasardeuse, et a souffert de la politique multiplateforme, donc de n'être optimisé pour aucune machine.

"Le seul mérite de TUROK EVOLUTION est d'avoir voulu retourné aux sources, avec de la jungle et des vrais dinos, le résultat est médiocre"

TUROK LE NOUVEAU

Alors que l'on croyait la saga morte (et enterrée), PROPAGANDA GAMES a demandé à DISNEY d'utiliser la licence TUROK pour créer leur premier jeu, et se faire ainsi une réputation.

Non, le dernier TUROK n'est pas une daube ni un mauvais FPS. Explications.

MAIS QUI ES-TU VRAIMENT TUROK? UN SPACE MARINE?

Hérité d'un comic américain dont la licence a été rachetée par Acclaim, puis par Disney, TUROK est un indien chasseur de dinosaures. Pourtant, rien ne semble l'indiquer quand on voit sa gueule et son allure de marines tout droit hérité de GEARS OF WARS. Le chara-design est d'une banalité affligeante ce qui fait perdre l'identité à notre indien.

Si le studio a en réalité voulu rendre hommage à ALIENS de James Cameron (la scéne d'introduction est trés parlante), c'est raté, on pense à GEARS OF WAR et j'avoue que le look de ce TUROK m'a rebuté complétement. Pourquoi avoir séquestrer l'originalité du héros au profit d'un esthétisme banal et générique?

Rob Davidson a expliqué aux journalistes de JV.com que son studio avait eu la même démarche que NOLAN avec BATMAN BEGINS. Pourtant, sauf erreur, je ne crois pas que NOLAN s'est risqué à ôter le fameux costume noir de Batman...

En revanche, concept plutôt salvateur, jamais un TUROK n'a accueilli autant de dinosaures...

"Il vous arrive de rencontrer des herbivores, ici, un Parasaulorophus en train de brouter, la modélisation est très réussie"

LES INGREDIENTS D'UN BON TUROK :

Les anciens joueurs N64 vous le diront, un bon TUROK c'est une bonne jungle étouffante et labyrinthique, des grosses armes originales qui font mal (qui a dit la perçeuse cérébrale ou le disque tranchant?) et une bonne chasse de dinosaures.

Sur le premier point, les environnements sont plutôt bien conçus, entre les montagnes déchiquetées digne de Skull Iland et les arbres géants, les hautes herbes et clôtures militaires à la Jurassic Park, TUROK invite le joueur à traverser des niveaux bien construits et dont le level design autorise quelques libertés (embranchements pour prendre à revers).

A ajouter, la gestion des hautes herbes convaincante et totalement immersive. Il suffit de voir les sillons que provoquent les petits raptors quand ils s'approchent de vous, l'effet est garanti. Cette sensation d'être sans cesse tour à tour le chasseur (lorsqu'on domine sur un rocher une vaste plaine) puis le chassé (lorsqu'un T-Rex "invincible" nous poursuit) est tout à fait convaincante.

"Les hautes herbes, point important du gameplay, permet de jouer sur les environnements pour s'infiltrer. Brillante idée, mais avec une I.A irréprochable et cohérente..."

Autre élément, les animations et la modélisation chirurgicale des dinosaures (il suffit de zoomer sur un cadavre pour constater la finesse des corps) ainsi que leur attitude sont trés réussis (ils peuvent s'attaquer aussi bien à vous qu'aux soldats ennemis). A ce titre, un petit lancement de lampe torche façon Alan Grant dans JURASSIC PARK pour détourner leur attention est plutôt bien vu. Même si le jeu n'autorise pas les démembrements, la localisation des dégats est assez exemplaire.

"Ici, vous pouvez apprécier la qualité de la modélisation et des impacts de balles sur la chair de cet Utahraptor, sur ce point, Propaganda a excellé"

Jamais un TUROK n'a été si généreux en dinosaures : du compsognatus, à l'Utahraptor, en passant par le Parasaulorophus, le Coelophysis, le T-Rex, le Dilophosaure (taille réelle, n'est pas les fans de JP qui comprendront), etc...vous en avez une bonne panoplie.

Enfin, un bon TUROK c'est l'importance de son arme de prédilection (l'arc et les fléches) et du corps à corps. Si notre indien a comme unique possibilité d'utiliser son couteau en mode QTE, ces séquences en vue à la troisiéme personne sont d'ailleurs jouissives(à noter que la vue à la 3éme personne peut être activé tout le long du jeu sur la version PC avec les cheats), l'arc est mis en avant par son efficacité et sa discrétion. Pour équilibrer le gameplay, il reste toutefois assez lent.

"Vous allez pouvoir admirer la vraie taille et morphologie du dilophosaure qui respecte la chartre scientifique à l'inverse de Jurassic Park qui l'a fait plus petit et à collerette".

Les autres armes, malgré quelques efforts, restent trés classiques. Oubliez donc la fameuse perçeuse cérébrale, le fusil plasma, le disque tranchant, l'arme nucléaire, etc... Ce TUROK exclu l'originalité pour privilégier le classicisme et un retour à un certain réalisme de l'équipement (fusil à pompe, mitrailleuse, grenades, etc...).

LES MAUVAISES IDEES POUR FAIRE DU FPS BANAL, BANCAL ET INJUSTE :

Nous ne reviendrons pas sur le look raté du héros, mais nous pouvons souligner le design "banal" des soldats ennemis, croisé raté de ceux de HALF-LIFE 2 et KILLZONE. A noter que si le massacre de dinosaures entraîne profusion d'hémoglobine, aucun effet gore pour les ennemis humains.

Si les séquences de shoot de dinosaures sont relativement jouissives, les phases avec les soldats à éliminer sont globalement assez irritantes. Les pires moments, difficiles malheureusement, invite le joueur à traverser des couloirs grisâtre de base militaire où il convient d'enchaîner une cinquantaine de soldats à la puissance de feu élevé et ce, sans dinosaure pouvant les distraire...

"Un T-Rex aux trousses, même avec un arsenal conséquent, mieux vaut fuir...les animations de la bête est assez irréprochable"

Autre point embarassant, l'IA ennemie, pas mauvaise en soi mais totalement incohérente. La discrétion n'est pas récompensée, voir punie. Certaines fois, la discrétion paie sur les deux-trois premiers tirs, d'autres fois, sans aucune explication, TUROK est repéré. Finalement, on se retrouve, aprés une bonne demi-heure d'infiltration à l'arc, entouré d'ennemis, la mort vient vite, surpris par ce changement brutal d'orientation sans savoir comment l'ennemi a pu nous repérer. On en revient finalement à refaire tout le niveau en bourrinant, plus rapide.

Dernier point, la projection au sol est, sur le papier, réaliste. Sur le terrain, elle est terriblement mal exécutée, elle oblige à chaque fois le joueur a faire face à la menace alors que parfois il cherche justement à la fuir...

Ecoulé à tout de même plus d'un million d'exemplaires, DISNEY commanda un TUROK 2 à PROPAGANDA GAMES. Malheureusement, la crise engendra des licenciements massifs et la suite des aventures du chasseur de dinosaures fut annulée.

CONCLUSION :

Pour les fans de shoot de dinosaures, faute de réelle concurrence et dôté d'une modélisation assez remarquable des lézards, TUROK peut être un bon défouloir. Avec son look raté mais ses dinos réussis, cet épisode n'est pas le plus mauvais de la série et loin d'être un FPS dénué d'intérêt. A tenter sauf si vous êtes allergiques aux QTE au couteau. Vous voilà prévenu.

L'avenir de la licence est inconnu (en tout cas si vous le savez, n'hésitez pas à poster).