Comme son nom l'indique assez justement : ce livre de 372 pages se focalise sur les jaquettes de la plus célèbre des consoles portables, qui aura régné sans partage pendant plus d'une décennie. La démarche pourrait sembler loufoque : que valent ces petits visuels de poche face aux superbes jaquettes des consoles de salon de l'époque ?

Game Boy : The Box Art Collection commence évidemment par rappeler le parcours triomphal de la portable selon Nintendo, non sans insister sur l'attirance visuelle et sensorielle que procurent ces petites cartouches de plastique gris. Mais le plus important, ce sont évidemment les visuels : ici, ce sont les boîtes qui ont été photographiées. Deux collectionneurs, Vincent Haucourt et Michael Lynch, ont été mis à contribution pour offrir un vaste panorama de la vaste ludothèque de la machine : si l'irlandais privilégie les versions européennes, le français ne jure que par les originales, japonaises.

Ce pavé alterne donc entre deux écoles, souvent opposées, et qui offrent un nouveau point de vue sur plus de dix ans de jeu vidéo, une période qui permet de voir les styles évoluer, se transformer. Si les tous premiers titres tentent souvent de survendre leur concept comme une cartouche d'Atari 2600, les artistes japonais font progressivement preuve d'audace et d'inventivité, là où les occidentaux réemploient souvent les mêmes astuces, préexistant largement le cliché des jeux mobiles.

Mais au milieu de cette production classée par ordre alphabétique plus que chronologique (un choix qui reste assez surprenant), le lecteur va souvent de surprises en surprises, découvrant une étonnante gamme de boîtes métalliques prisées d'Hudson (bon nombre de Bomberman y passent), posant les yeux sur une version presque agressive de Mario (Game Boy Gallery 2) que jamais Nintendo n'autoriserait aujourd'hui, pour finalement découvrir le Gokū le plus dégueulasse de toutes l'histoire des jaquettes (Cult Jump), et de loin.

Les versions occidentales ne sont pas en reste, travestissant un Mickey Mouse en Bugs Bunny, et l'on découvre d'une page à l'autre les changements de logo d'Electronic Arts, ou l'étonnante présence du vieux macaron rose fuchsia d'Ubisoft sur un Jimmy Connors version chibi-SD. Tout y passe. Les moments d'émerveillements ne sont heureusement pas en reste, et il est souvent bien difficile de résister aux charmes d'un Kaeru no Tame ni, au fisheye fait-main de Super Mario Land 2.

Au fur et à mesure de la lecture, alors que le charme rétro de certaines pièces alterne avec une modernité moins agréable à l'oeil, le lecteur se familiarise avec les codes esthétiques de la décennie, et l'on se plait à tenter de deviner l'année d'édition de tel ou tel cartouche en posant simplement les yeux sur le visuel chargé de la distinguer du reste de la production dans les magasins spécialisés.

Certes, l'ouvrage n'est pas exempt de reproches, et l'éditeur aurait sans doute été bien inspiré de contacter d'autres collectionneurs pour remplacer quelques titres largement dispensables par d'autres plus marquants, mais après avoir admiré plusieurs centaines de boîtes joliment conservés et photographiées avec beaucoup d'amour, on referme Game Boy : The Box Art Collection avec le sourire, trop heureux d'y avoir croisé quelques compagnons de jeunesse (coucou Bab's Big Break), voir son premier jeu console (Escape from Camp Deadly, on ne juge pas), non sans comparer la relative faiblesse des jaquettes qui ornent désormais la plupart des productions actuelles. Ce n'est d'ailleurs pas Pseudoless qui dira le contraire...

Game Boy: The Box Art Collection, £29,99, chez Bitmap Books