Il faut désormais employer le pluriel pour parler "des" affaires opposant Activision Blizzard aux autorités ayant vocation à agir contre l'éditeur : suite à l'enquête de trois ans menée par le département de l'emploi équitable et du logement de Californie révélée en juillet dernier, plusieurs organisations et institutions ont de leur côté tenter d'agir en justice afin d'obtenir réparation. C'est notamment le cas de la Commission pour l'égalité des chances dans l'emploi (EEOC, pour Equal Employment Opportunity Commission en version originale), une agence fédérale qui déposait hier une nouvelle plainte contre l'entreprise, accusée d'avoir "favorisé une politique sexiste qui laisse perdurer harcèlement et inégalités de revenus".

Un règlement à l'amiable ?

Comme cela se produit souvent outre-Atlantique, l'affaire ne se terminera pas devant un juge, mais par un accord entre les deux parties : nous apprenons ainsi aujourd'hui qu'un accord a (déjà) été trouvé, comme le stipule ce nouveau document adressé à la Cour de district centrale de Californie.

Durant une cinquantaine de pages, Activision Blizzard s'engage à assurer un environnement de travail sain, débarrassé de toute forme de harcèlement et de discriminations de toutes natures (le fait d'être enceinte y est particulièrement cité) et d'assurer une formation adéquate des managers et autres responsables des ressources dites "humaines". L'éditeur s'engage également à constituer un fonds d'indemnisation de 18 millions de dollars (environ 15,4 millions d'euros) pour indemniser les victimes, mais aussi assurer la traçabilité des actions menées en interne, tout comme l'évaluation desdits responsables, sachant qu'ils sont déjà nombreux à avoir quitté le navire.

Activision Blizzard devra d'ici 30 jours verser la somme promise, et les employés concernés pourront ainsi se manifester pour obtenir réparation en contactant le futur administrateur du fonds tout juste créé. Seule condition à remplir pour espérer obtenir une partie de cette somme : avoir travaillé pour le compte de d'éditeur après le 1er septembre 2016. Les ex- et actuels employés ne devraient ainsi pas avoir directement affaire aux responsables, mais à un tiers.

Le PDG Bobby Kotick a profité de l'annonce pour reprendre la parole (bien plus rapidement que lors de la manifestation de cet été) :

Nous continuerons d'être vigilants dans notre engagement visant à éliminer le harcèlement et la discrimination au travail. Nous remercions l'EEOC pour son engagement constructif alors que nous nous efforçons de respecter notre promesse de faire disparaître les comportements inappropriés.

Si cette annonce contribuera peut-être à apaiser certains plaignants, elle n'empêchera pas la poursuite de plusieurs enquêtes toujours en cours : celle du cabinet d'avocats Robins LLP pour le compte des actionnaires, et celle de Securities and Exchange Commission qui cherche à savoir s'il y a eu ou non tentative de dissimulation de la part des dirigeants, informés de la tenue d'une enquête dès 2019.