Certains diront avec ironie qu'un nouveau jeu Warhammer voit le jour chaque mois, ou presque. C’est en partie vrai, mais il est indéniable que Warhammer Age of Sigmar : Realms of Ruin sort du lot grâce à son ambition et à son studio de développement. C'est en effet l'équipe de Frontier Developments, déjà à l'origine des excellents Planet Zoo et Planet Coaster, qui est derrière ce projet. Cette fois, ils délaissent le genre gestion pour plonger dans la stratégie en temps réel. Et cerise sur le gâteau, c’est disponible aussi bien sur PC que sur des consoles telles que la PS5 et la Xbox Series.

Un univers qui va plaire aux fans de Warhammer

L'action du jeu prend place dans un univers sauvage de Warhammer nommé "Royaume des Bêtes". Au cœur de ce monde se trouvent les Stormcast Eternals, à imaginer comme des chevaliers célestes cuirassés, évoquant de lointains anges guerriers. Leur mission ? Aider et défendre la forteresse Dawnbringer, assiégée par des créatures hostiles dénommées Kruleboyz. Ces derniers, représentant une variété de tribu orque, sont réputés pour leur brutalité.

Au sein de cette lutte acharnée, le dirigeant des Stormcast, Sigrun, découvre l'existence d'un artefact magique susceptible de les aider face aux envahisseurs orques. Seul bémol : pour s'en emparer, ils doivent s'aventurer à travers des marécages infestés de dangers. C'est ainsi que débute une quête épique semée d'embûches. L'intrigue du jeu s'inspire directement de Dawnbringer Crusader, une séquence du jeu de table Warhammer . Pour enrichir ce récit, la narration a été coécrite par Gavin Thorpe, écrivain renommé pour la Black Library, l'éditeur spécialisé dans l'univers littéraire Warhammer. Un très bon choix qui se ressent dans le lore du jeu dès l’introduction.

Warhammer Age of Sigmar

Un principe de jeu simple et diablement efficace 

Lors de notre session, nous avons eu l'opportunité de jouer en solo face à l'IA, mais l'essentiel de notre temps a été dédié aux affrontements multijoueurs, qui constituent véritablement le cœur de l'expérience de Warhammer Age of Sigmar : Realms of Ruin. Pour simplifier, nous avions la possibilité de diriger l'une des quatre factions : les Stormcast Eternals, les Orruk Kruleboyz, les Nighthaunt ou les Disciples de Tzeentch, dans le but de les mener à la bataille. L'objectif était de collaborer avec un allié lors d'un affrontement 2 contre 2. Sur le plan stratégique, il était essentiel de s'emparer des Conduits Arcaniques, d'établir des Bastions pour renforcer ses défenses et ses ressources, et de maîtriser les Points de Victoire afin de réduire le score des adversaires et décrocher la victoire. 

En somme, avec une perspective en vue de dessus, l'enjeu est de contrôler des points stratégiques pour accumuler un maximum de points. Le tout repose sur une dynamique de pierre-papier-ciseaux, où chaque unité possède un avantage sur une autre. Au début, les affrontements sont chaotiques, ressemblant à de grandes mêlées, mais à mesure qu'on progresse et qu'on comprend les faiblesses de chaque unité, des tactiques et stratégies claires émergent, créant une sensation véritablement exaltante. On charge les archers avec de la cavalerie, puis on se replie quand on voit débarquer des unités avec une grande allonge (lances, etc). L’adversaire charge ensuite avec de l’infanterie ? Pas de soucis, on avait en arrière une unité d’archers pour nettoyer tout ça. Il faut être rapide et il faut tout calculer d’un simple coup d'œil.

Warhammer Age of Sigmar

Le plaisir de jeu

Durant cette démo, nous avons particulièrement apprécié diriger la faction des Nighthaunt. Ces derniers, incarnations d'esprits vengeurs et d'âmes tourmentées, sont les fantômes et spectres du royaume de la Mort, sous les ordres de Lady Olynder, la Reine des Douleurs. Ces créatures effrayantes sont souvent au cœur de récits de trahison, de malédiction ou de vengeance inassouvie dans l'univers Warhammer. Imaginez une armée de spectres et revenants mue par une rancœur intarissable envers les vivants. Esthétiquement, ils sont parmi les plus impressionnants du jeu, avec des hordes de cavaliers spectraux et divers squelettes. Un régal pour les yeux. De plus, même si nous n'avons pu explorer de nombreuses cartes, leur conception est brillante, rappelant le level design d'un MOBA, avec plusieurs voies d'accès pour surprendre l'ennemi. Une véritable réussite. Ce titre se distingue nettement des autres jeux Warhammer ordinaires qui peinent parfois à se démarquer. Ici on sent que la qualité est au rendez-vous et cela en seulement 2 heures de jeu. 

On espère que le ressenti restera inchangé sur une plus longue durée. Il en ressort pour le moment, une impressionnante sensation de travail bien fait. C’est grisant, en très peu de temps: une partie se termine en 25 minutes, ce qui en fait le titre idéal à lancer quand on dispose de peu de temps devant soi. On devient rapidement accro et on ressent presque cette ambiance Warcraft 3 de la belle époque. C'est de la stratégie intense et rapide, sans nécessairement beaucoup d'unités au sol. Juste ce qu'il faut pour se donner des frissons et solliciter intensément le cerveau. D’autant que, comme dans le jeu de Blizzard, il existe une belle variété d’unités.

Une belle diversité

En effet, ce qui est indéniable, c'est la diversité des factions. Chacune d'elles offre sa propre atmosphère, et le plaisir de jeu est immédiat, quelle que soit la faction choisie. Seuls les orques semblent légèrement en deçà. Nous avons en effet perçu un petit déficit de puissance avec eux, mais ce n'est pas rédhibitoire. Ils demeurent néanmoins un plaisir à découvrir et un challenge à maîtriser. 

Chaque prise de point est une véritable gratification pour le joueur, un accomplissement qui renforce le sentiment de progression palpable. Naturellement, on se défend avec vigueur, en édifiant par exemple des tourelles sur ces points et en veillant à maintenir une petite armée diversifiée pour optimiser la défense. Par ailleurs, on peut compter sur les "héros", ces unités d'élite qui offrent de nombreux avantages et qui peuvent, à certains moments, changer radicalement la donne sur le champ de bataille. Du côté des Nighthaunt, on avait un général/cavalier qui pouvait charger l’adversaire en infligeant des hémorragies sur la longueur. Plaisir d’offrir.

Irréprochable ?

Outre une direction artistique de haute volée, la qualité graphique semble aussi  tout à fait à la hauteur. Cependant, notre avis demeure nuancé sur cet aspect. En effet, nous n'avons expérimenté le jeu que via un système de streaming, qui ne parvient pas toujours à restituer fidèlement les performances graphiques des titres. L'affichage est régulièrement ponctué d'artefacts visuels peu agréables, et la définition est loin d'être irréprochable. C’est vraiment dommage de découvrir un jeu qui semble être de très bonne qualité dans ces conditions. D’autant que Frontier Developments semble avoir apporté une attention toute particulière aux détails.

Warhammer Age of Sigmar

Entièrement personnalisable 

Comme le veut la tradition Warhammer, les joueurs peuvent entièrement personnaliser leurs unités. Grâce aux palettes de couleurs et aux peintures de la gamme Citadel de Games Workshop, il est possible d'ajuster les schémas chromatiques de chaque faction. Le jeu offrira, en plus des palettes conçues par les joueurs, les motifs de couleur officiels de Games Workshop. Chacun pourra créer des palettes pour des factions complètes ou bien des schémas spécifiques pour différents types d'unités. Pour notre part, nous avons tenté d'ajouter des touches bleutées aux morts-vivants pour les distinguer davantage dans la mêlée. Le résultat est bluffant. Les passionnés de modélisme et collection Warhammer y trouveront sans doute matière à passer de longues heures pour façonner l'armée de leurs rêves. C’est grisant.

Le joueur est aussi acteur actif

Pour parfaire cette dimension créative, le jeu mettra à disposition un Éditeur de Cartes. Il permettra aux joueurs de concevoir leurs propres maps multijoueurs avec des outils similaires à ceux des développeurs de Frontier. Forts d'un large éventail d'options - choix des biomes, peintures de terrains, ajustements topographiques, agencement de l'eau et sélection d'éléments -, les joueurs pourront dessiner leurs champs de bataille idéaux. Petite cerise sur le gâteau : l'éditeur est accessible tant sur PC que sur consoles, que l'on joue au clavier et à la souris ou à la manette. Une fonction Workshop intégrée et multiplateforme permettra de partager ses créations avec la communauté et d'apprécier celles des autres joueurs. C'est très malin et on adore le principe. L’autre point positif, c’est que ça va démultiplier la durée de vie du jeu, avec de nombreux contenus amateurs. On ne peut que saluer cette initiative.

ON L’ATTEND… AVEC ENVIE

L'un des principaux atouts de ce Warhammer Age of Sigmar : Realms of Ruin est qu'il n'est pas nécessaire d'être un fan de la licence ou même de la connaître pour ressentir instantanément le plaisir de jeu. C'est immédiatement captivant. Après seulement 10 minutes, on s'amuse à contrôler la carte et on peut presque sentir des gouttes de sueur se former sur notre front, espérant ardemment que l'adversaire ne surgisse pas soudainement pour nous submerger par le nombre.