Le line-up 2024 de Bandai Namco est décidément fourni. Entre Tekken 8, Jujutsu Kaisen Cursed Clash, Sand Land et la sortie de l’extension d’Elden Ring, L’Ombre de l’Arbre-Monde, l’éditeur japonais s’est offert une grande visibilité sur la première moitié de l’année. Ça va continuer puisque la firme a encore deux cartouches qui seront disponibles toutes deux en octobre prochain : le très attendu Dragon Ball Sparking Zero et l’ambitieux projet Unknown 9 Awakening. À quelques semaines de sa sortie, on a pu approcher de plus près cette franchise inédite. Un jeu de plus à ajouter à votre liste de souhaits ? Nos premières impression
Unknown 9 Awakening, c'est la nouvelle licence de Reflector Entertainment, un jeune studio racheté par Bandai Namco. Annoncé à la Gamescom 2020, le jeu a disparu pendant près de quatre ans, avant de refaire surface lors du Xbox Partner Showcase en mars 2024. C’est aussi et surtout un vaste projet transmédia qui va au-delà du jeu prévu le 18 octobre 2024 sur PS5, Xbox Series X|S et PC puisqu’il est question d’un univers narratif étendu à des romans, des comics, des webséries ou encore des podcasts. La totale donc.
L'univers intrigant d'Unknown 9 Awakening
Le jeu d’action-aventure Unknown 9 Awakening met en scène Haroona, incarnée à l’écran par Anya Chalotra (Yennefer dans la série Netflix The Witcher), une Quaestor qui peut pénétrer dans le Revers. Une dimension mystérieuse et puissante qui confère des pouvoirs à cette jeune femme ayant vécu dans les rues de Calcutta. Des facultés assez exceptionnelles qui attirent rapidement les convoitises des Ascendants. Une faction d’une société secrète qui veut s’approprier les savoirs d’Haroona pour influer sur le cours de l’histoire de l’humanité. Rien que ça ! Voilà pour le synopsis d’un jeu solo narratif qui demandera entre 12 et 15 heures de votre temps pour être terminé.
D’emblée, on voit qu’on a affaire au premier jeu de Reflector Entertainment, un AA qui s’inspire très fortement de franchises plus imposantes comme Tomb Raider, Assassin’s Creed, Uncharted et bien d’autres encore. Impossible de ne pas penser au début de The Lost Legacy par exemple lorsqu’Haroona fait tomber la capuche pour laisser apparaître son visage ou en raison de l’action qui prend place en Inde. Le titre s’évertue même à reproduire la dynamique qui existe entre Nathan Drake et son mentor Sully à un moment où notre héroïne sera accompagnée par un personnage nettement plus âgé. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup, de clins d'œil ou références au point où l’on distingue péniblement la véritable identité d’Unknown 9 Awakening pour le moment. Alors oui, il n’y a pas besoin d’être original pour faire mouche, mais quand les « hommages » sont aussi appuyés, c’est problématique. Mais c’est également et surtout parce que le soft ne joue pas dans la même cour à cause d’une exécution approximative.
On verra ce qu’il en est de la narration et de l’histoire avec la version complète, qui sont les focus du studio, mais les premières lacunes sont d’ordre graphiques et techniques. Si on n’est pas au courant que l'héroïne a été créée d’après les traits de l’actrice Anya Chalotra, il est assez difficile de faire le rapprochement. La modélisation ou les animations faciales accusent d’un retard, et / ou d’un manque de budget, et ça vaut pour les autres protagonistes croisés durant nos péripéties. Une faiblesse qui n’est pas arrangée par le fait qu’on a eu le droit à énormément de tearing durant les cinématiques.
On espère d’ailleurs que ce souci sera au moins réglé d’ici la sortie sur toutes les plateformes, au même titre que le problème de framerate vacillant. Les environnements et certains effets, à l’image d’une brume complètement figée dans une forêt, ne permettent pas non plus à Unknown 9 Awakening de briller. Mais on le sait aussi, des graphismes et une technique en deçà d’autres productions ne sont pas nécessairement des facteurs éliminatoires. En revanche, il faut que ces failles soient compensées par le gameplay, et ici, il y a également de nombreuses imperfections qui inquiètent.
Une exécution qui inquiète
Grâce à sa connexion avec le Revers, Haroona peut manier des « Pouvoirs Ombriques » dont la compétence du « Passage ». Une aptitude qui constitue le cœur du gameplay et qui permet à notre héroïne de projeter son esprit dans la conscience d’un ennemi pour le posséder. L’adversaire se transforme alors en une marionnette qu’on peut contrôler temporairement afin d’éliminer nos nouveaux collègues qui ne s'aperçoivent de rien. Une fois qu’on s’est emparé de l’enveloppe d’un adversaire, on peut le contraindre à retourner son arme contre un allié pour le tuer, à amocher un camarade avec une attaque légère ou lourde, voire même détruire des équipements comme un détecteur de mouvement.
Au début, c’est très limité puisqu’on est borné qu’à une seule possession. De plus, cette action n’est autorisée qu’à la condition d’avoir des jetons de passage qui s’obtiennent en combattant ou en effectuant, entre autres, des attaques furtives. Mais progressivement, on va être en mesure de mettre la main sur des « Anomalies » dans le but d’améliorer l’arbre de compétences des « Pouvoirs Ombriques » pour débloquer plus de passages (au moins 3), occuper plus longtemps le corps d’un ennemi ou encore occasionner plus de dégâts à notre hôte lorsque la projection prend fin. Quand les possibilités se font plus nombreuses, c’est là que ça devient amusant puisqu’on a accès à différentes combinaisons.
On peut par exemple attirer trois ennemis vers nous en faisant en sorte de les aligner en rang, de se projeter dans la conscience de celui qui est le plus éloigné, d’effectuer une attaque vers l’avant, puis de s’emparer de l’adversaire à l’autre extrémité. De cette manière, vous pouvez faire un aller-retour d’attaques qui esquinteront les trois cibles. Aussi amusant que cela puisse être, on a très peur de déjà voir les limites de l’exercice, et passé la découverte, l’effet s’estompe quand même assez vite. À voir comment le studio compte renouveler cette mécanique, mais l’arbre de compétences aperçu ne nous a pas paru suffisamment fourni pour changer complètement la donne.
Unknown 9 Awakening ne repose pas uniquement sur l’utilisation du Passage. Telle une Jedi, Haroona peut agripper un ennemi pour l’amener vers elle, briser des adversaires à distance ou les repousser. Le souci, dans cette démo du moins, c’est que ça manque de punch à tous les niveaux. Que ce soit durant une attaque réalisée lors d’une possession ou d’un jet d’adversaire en l’air, c’est mou. Mais le pire est sans doute le système de combat au corps à corps qui vient s’ajouter aux pouvoirs Ombriques. Pour recharger la jauge d’énergie du Passage, notre héroïne peut distribuer des coups de poing et de pied. Une fausse bonne idée étant donné que l’exécution est totalement ratée. Il n’y a aucun feeling et les animations sont pour le moins embarrassantes. À vrai dire, après cette preview, on n'a déjà plus envie d’être confronté à ces affrontements musclés. Il y a bien une (double) esquive disponible, mais ça ne devrait pas contribuer à changer foncièrement le système de combat.
Ce qui nous a également refroidi, c’est toute la dimension infiltration. Entre le level design ultra linéaire, et pas du tout inventif, ainsi que l’IA des ennemis ou le pathfinding robotique, c’est très compliqué. Certains peuvent nous voir à 10 mètres sans raison, tandis que d’autres nous ignorent alors qu’on prend possession d’un adversaire très proche. Les problèmes de caméra en étant accroupie dans les feuillages n’arrangent rien non plus. Et plus que le manque d’originalité global, c’est encore une fois l’exécution de toutes ces mécaniques pourtant classiques qui pêchent.
Mais il y a peut-être un début d’explication à cela si l’on se réfère à des propos rapportés par notre consœur Melinda. « De l’aveu même de son responsable, le jeu n’était pas forcément initialement le cœur de l’univers transmédia en construction. Il est passé par de nombreux changements, des itérations, adaptations « au fur et à mesure que l’univers se bâtissait ». « Le but a toujours été d’aller chercher une innovation, un pilier différenciateur et le transmédia était au cœur de cela », souligne Jean-François Deschamps » (via BFM Tech). En se focalisant davantage sur le transmédia, Reflector risque peut-être de trébucher face à l’élément le plus important : le jeu en lui-même.
On attend Unknown 9 Awakening... en mode « à voir »
Unknown 9 Awakening semble être un projet ambitieux pour un jeune studio, mais pour le moment, il peine réellement à convaincre et les équipes se sont peut-être trop dispersées. Si on attend de voir ce que le jeu a dans le ventre d’un point de vue de l’histoire, les défauts au niveau du gameplay sont trop nombreux pour ressortir confiant de cette prise en main. On espère se tromper, mais à l'heure actuelle, on a davantage la sensation d’être face à un Forspoken bis - en moins efficace - que devant un futur titre à conseiller.