Tout va pour le mieux dans le monde de Say No! More : chaque jour, des millions de salariés prennent avec entrain le chemin de leur bureau, pour retrouver leurs chers collègues et se consacrer pleinement à leur tâche : oeuvrer pour le bien de l'entreprise, et combler de bonheur leurs bien-aimés supérieurs. Voilà pour la plaquette publicitaire, et l'image d'Épinal. Malheureusement pour les décideurs, ce fragile équilibre va soudainement voler en éclats, alors qu'un stagiaire oisif se découvre un étonnant pouvoir...

Start Up Nontion

Dans la peau d'un stagiaire oisif, vous voici donc au pied de l'immeuble dans lequel vous passerez cinq jours par semaine à satisfaire le moindre desiderata de vos nombreux supérieurs. Alors que votre colloc' rappelle sans prendre de gants qu'il serait grand temps que chacun paye sa part du loyer, l'accueil se veut so 2021, entre blagues éculées et injonctions à la limite du passif-agressif. Mais à l'instar de Ricky Gervais dans l'intestable The Invention of Lying, notre héros tombe sur une vieille cassette audio proposant une méthode radicale : celle de dire... NON !

Ce mot-que-l'on-ne-doit-pas-prononcer sonne pourtant comme un parjure de la pire espèce dans cet univers stéréotypé, où votre position de stagiaire corvéable à merci vous ouvrait grand les portes de la servitude, coincé quelque part entre la machine à café et la photocopieuse. Dès lors, les portes de l'audace s'offrent à vous, alors que les parois des cabines du plateau de sous-fifres volent explosent en plein vol devant une telle audace.

Combo clavier-soumis

Say No! More prend ainsi des airs de rail shooter comico-satirique, dans lequel il convient de spammer la barre Espace pour renvoyer dans leurs 22 vos chers collègues, en leur opposant une fin de non recevoir, que l'on pourra d'ailleurs sélectionner dans la langue de son choix. Vous voici invincible, prêt à refuser les servitudes qui fusent tous azimuts sur vous, et l'occasion est trop belle de récupérer votre déjeuner, dont un vilain N+1 s'est emparé avec le sourire un peu plus tôt.

Le principe est simple, presque simpliste, mais l'écriture et la mise en scène désopilante de ce jeu pas comme les autres fait rapidement oublier ses mécaniques limitées, et c'est hilare que l'on achève le premier niveau du jeu, avec l'envie d'aller plus loin. Cela tombe bien, puisque l'aventure négativiste en a encore sous le coude : en plus du Non ! classique, il faudra rapidement jongler avec un Non ! chargé, qui envoie valdinguer à travers les murs les empêcheurs de glander en rond, ou le Non ! glacial, qui terrasse vos ennemis par son dédain.

I mock your value system

En plus de ces premières déclinaisons qui en appellent forcément d'autres, notre hipster peut en sus faire appel à une panoplie de moves destinés à affaiblir mentalement ses adversaires, comme le rire moqueur ou l'applaudissement sarcastique de rigueur, assignés aux touches de direction. Combinés aux bons Non !, ils permettent de venir à bout des exécutifs les plus retors, et apportent un brin de stratégie dans un titre qui semble pourtant foncer à 100 à l'heure entre les bureaux étriqués, à la poursuite d'une lunchbox décorée d'une licorne. Tout est dit.

Et si la perspective de rester enfermés entre quatre murs pourrait inquiéter, les premiers Non ! chargés qui fracassent vitres et autres poutres porteuses laissent déjà entrevoir une variété de décors et de situations qui rappellent un certain Incredible Crisis, ce qui est, avouons-le, plutôt une bonne chose.

ON L'ATTEND... PO-SI-TI-VE-MENT !
Délibérément caustique, Say No! More s'annonce déjà comme le titre le plus drôle et le plus loufoque d'une année 2021 qui en aura cruellement besoin. Sous ses airs de rail shooter verbal, le jeu de Fizbin est une délicieuse satire du monde aseptisé de l'entreprise et de sa servitude imposée avec un sourire ultra bright. C'est con, c'est drôle, et on en redemande déjà. Si la variété des actions à mener permet de ne pas trop se répéter, nous tiendrons là un futur indispensable pour tous les joueurs plus curieux que la moyenne.