Luminous Productions, un studio composé de développeurs ayant travaillé sur FF15, est presque prêt à livrer son tout premier jeu original avec Forspoken. Une nouvelle IP supposée être une vitrine technologique et ludique pour l’équipe. Mais qu’en est-il réellement à plus d’un mois du lancement ? On a vu trois chapitres et voici nos impressions. 

Forspoken, son monde corrompu et ses méchantes sorcières

Sans savoir pourquoi ni comment, Frey Holland, une jeune femme de 20 ans est arrachée de son New-York natal et se retrouve catapultée dans le monde magique d’Athia. Des terres autrefois luxuriantes qui sont aujourd’hui affectées par une force obscure « La Brume ». Et pour ne rien arranger, les Taantas, de puissantes sorcières bienveillantes qui gouvernaient Athia, sont devenues des souveraines tyranniques. Des despotes qui prendront rapidement à partie Frey qui, pour une mystérieuse raison, est insensible au mal qui ronge cette contrée. Ce qui constitue incontestablement une menace pour les Taantas qui ont peur de voir leur tout-puissant pouvoir remis en cause. Heureusement, la new-yorkaise pourra s’en remettre à son caractère bien trempé pour surmonter les obstacles à venir, mais aussi à son bracelet parlant, Krav. Un sidekick omniprésent à la langue bien pendue comme sa propriétaire. Et d’entrée, on touche du doigt les problèmes de narration et de ton qui pourraient s’immiscer dans l’aventure Forspoken.

Preview Forspoken

Frey est sans filtre, brut de décoffrage et parfois, ça ne fait pas forcément bon ménage avec les événements, en raison notamment de blagues peut-être trop forcées. Idem pour Krav soit dit en passant. Alors tout n'est pas à jeter à ce niveau pour le moment, mais il est vrai que les débuts sont peut-être un peu trop maladroits, et globalement assez poussifs avec certains dialogues ou situations qui font craindre le pire. Mais après seulement trois heures de jeu, on n’a de toute évidence fait qu’effleurer le scénario de Forspoken et on a d’ailleurs vu des choses prometteuses. Entre les différentes cinématiques visionnées et les documents parcourus, on peut dire que le lore et certains personnages comme les Taantas ont l’air d’en avoir sous le pied. Le peu entraperçu donnait en tout cas envie de continuer, malgré certaines réserves.  

Quand une Yamakasi devient une super-héroïne

L’argument majeur pour plonger à corps perdu dans Forspoken, c’est son gameplay qui revêt deux facettes. D’un côté les déplacements aériens et vifs grâce au parkour, et de l’autre, les phases d’action qui veulent en mettre plein la vue avec une multitude de sorts à lancer dans la tronche des ennemis corrompus. Deux aspects en vérité indissociables qui sont la clé de combats dynamiques et par moments impressionnants comme cet affrontement contre un énorme dragon. Ça semble être un mélange entre l’exclusivité PlayStation inFamous et Final Fantasy 15. 

impressions Forspoken

Les mouvements et animations de Frey sont fluides et la prise en main suffisamment réactive pour procurer les sensations attendues. S’élancer à fond dans un environnement ou pour éviter une attaque, grimper sur un mur etc. est assurément grisant. Et ça le sera sans doute encore davantage lorsqu’on aura accès à l’ensemble des pirouettes de Frey, dont certaines permettent de recharger en temps réel la stamina et par conséquent de ne pas être coupé lors de nos envolées. À voir comment le parkour se comporte au fur et à mesure car on avait parfois l’impression d’être bloqué sans motif apparent, et si la caméra ne sera pas problématique. Lors d’une mission annexe « Sprint », où l’on devait courir à fond tout en tuant des adversaires qui nous barraient la route, celle-ci a vite montré ses limites et ce défi était plus lourd qu’autre chose. À plus forte raison qu’on était dans un environnement où il ne fallait absolument pas chuter. 

Pour se défendre et survivre dans ce nouveau monde qui n’est pas le sien, Frey peut utiliser trois types de magie : Attaque, Soutien, et Afflux. Au choix, on pourra par exemple générer un bouclier qui une fois chargé, libère des éclats; lancer un flux régulier de pierres qui pourront également former un projectile à longue portée; retenir les ennemis en les emprisonnant dans un enchevêtrement végétal; invoquer une plante pour taper les monstres avec de la roche pour des résultats qui seront de plus en plus spectaculaires ou encore balancer un sort dévastateur avec la magie d’Afflux qui se charge avec les mouvements d’attaque et de soutien. La garde des ennemis pouvant aussi être percée via des frappes létales ou des contre-attaques de Krav. Abordables, les combats de Forspoken pâtissent néanmoins d’une caméra qui n’en fait parfois qu’à cette tête, surtout dans des décors exigus à l’image de cette rencontre avec une sorcière. Cela rend plus brouillon les échauffourées qui, de base, peuvent souffrir des nombreux effets à l’écran, des points de dommages qui popent etc. 

Le terrain de jeu qui questionne 

Si on a pas trop de doutes sur le gameplay après cette prise en main, ce n’est pas le cas vis-à-vis du monde ouvert. Ce qu’on a vu ne nous a pas enchanté et même un peu inquiété. Même si c’est un point discutable, ça semble relativement vide et bourrés d’activités vues milles fois. On serait plus proche d’un Marvel’s Spider-Man de prime abord. Mais comme le jeu d’Insomniac Games, Forspoken sait nous le faire oublier parce qu’on a toujours cette volonté de gambader partout et de fracasser tout ce qui bouge. Outre les défis, monuments ou endroits pour récupérer des ressources, afin d’améliorer l'équipement et les stats de Frey, on pourra looter des objets plus rares via les « Labyrinthes scellés », des donjons souterrains en rapport avec les Taantas. 

premier avis Forspoken

Graphiquement, c’est également loin d’être l’extase. Pour une production uniquement sur PS5 et PC, développée au moyen d’un moteur qui nous faisait baver il y a 10 ans avec la démo technique Agni's Philosophy et qui a pour vocation de nous éblouir sur le plan technique comme rappelé par les équipes, c’est insuffisant à la vue des passages auxquels on a joué. Ça touche aussi bien les environnements que la modélisation de Frey. Reste l’espoir de peut-être voir une amélioration au fil des heures, ou que la build testée était vieille… On croise également les doigts pour ne surtout pas revivre cette séquence d’infiltration infernale vers le début du jeu. Une scène ultra scriptée où l’on est interrompu toutes les secondes avec des angles de caméra fixes pendant des secondes qui semblent interminables. Aucun intérêt. 

On l’attend… avec des questions

Ce premier contact avec Forspoken souffle le chaud et le froid. Est-ce que ce sera un bon jeu ? On ne sait pas mais il a clairement des atouts pour l’être avec son gameplay parkour/action grisant et son lore visiblement riche. De ce côté là, on a déjà envie de reprendre la manette sans hésitation. Maintenant, reste à savoir si l’histoire tiendra ses promesses, si le ton saura trouver le bon équilibre pour ne pas être cringe et si le monde ouvert sera un minimum pertinent.