Faisons un peu d'histoire. En 2010 au pays de Mishima, ce ne sont pas une mais deux versions de NieR qui paraissent : NieR Replicant et NieR Gestalt, la première étant destinée aux PS3 japonaises, la seconde aux Xbox 360. Seule cette dernière version nous sera finalement parvenue, identique sur les deux consoles de septième génération. L'intérêt des joueurs américains et européens pour ce remaster s'en trouve donc décuplé puisqu'ils pourront enfin découvrir cette version du titre inédite en Occident.

Donner de la voix

Contrairement au titre paru chez nous, NieR Replicant nous permet d'incarner non pas le père mais le frangin de Yonah, jeune fille atteinte d'une étrange maladie appelée nécrose runique. Néanmoins, que ceux qui s'attendent à redécouvrir l'histoire de NieR sous un jour totalement nouveau ne s'emballent pas trop : après six heures passées sur la première partie de ce remaster, nous n'avons décelé aucun changement dans l'intrigue. Rappelons pourtant que les développeurs avaient mentionné la présence de nouveaux personnages lors de l'annonce du jeu et que les acteurs ayant prêté leur voix à 2B et 9S dans NieR Automata seront de la partie. À voir sur la suite du jeu.

La principale différence se situe pour le moment dans le caractère du protagoniste, sensiblement différent de celui que l'on incarnait dans l'épisode de 2010. Oublié le paternel un peu bourru et à la forte prestance, place à un jeune homme intrépide à l'humeur plus légère mais qui n'en reste pas moins très attaché au bien-être de Yonah, en bon onii-chan qui se respecte. L'intégralité des doublages a été réenregistrée et l'on reconnaît bien en anglais le timbre acerbe de Kainé (même s'il faudra faire le deuil de la séquence d'introduction fleurie de l'écran-titre) ou le ton ronflant de Weiss. De plus, TOUS les PNJ du jeu disposent maintenant de leur propre voix ! Cela peut paraître anecdotique mais cela contribue vraiment à l'immersion. Et si vous voulez voir ce que cela fait d'entendre Kainé et Weiss s'écharper en langue japonaise, sachez que c'est désormais possible.

L'Aire de rien

Visuellement, il y a du bon et du moins bon. Les effets lors des combats s'avèrent vraiment réussis, en particulier contre les boss, plus épiques que jamais. Mention spéciale aux attaques magiques de Kainé, magnifiés par de nouveaux effets de particules. L'ensemble des environnements a bien sûr bénéficié d'un beau petit coup de bistouri, certains éléments du décor ayant même été retravaillés : par exemple les cahuttes de l'Aire, l'un des lieux iconiques du jeu. Sur les plus grands espaces en revanche, comme dans la plaine septentrionale, c'est beaucoup plus mitigé : on ne sent pas vraiment de gap significatif par rapport au titre original. Notons malgré tout un joli travail sur la lumière, qui permet d'embellir un peu l'ensemble.

Vous le savez, le studio Toylogic en charge de cette refonte de NieR Replicant a opté pour une nouvelle modélisation des visages des personnages, plus en phase avec ce que l'on pouvait voir dans NieR Automata. Nous laisserons chacun se faire sa propre opinion sur la question mais ces nouveaux visages sont plutôt réussis, même s'ils manquent parfois d'expressivité dans les cut-scenes, notamment celui de Kainé, elle qui est pourtant très communicative et dont le visage de porcelaine jure avec ses mots tranchants. En parlant de cut-scenes, les affreuses bandes noires qui les accompagnaient sont toujours de la partie...

Il est un point en revanche qui ne souffrira d'aucun débat : le travail sur la bande-son. Les compositions déjà sublimes de Keiichi Okabe et de ses compères du studio Monaca se trouvent ici magnifiées par une réorchestration intégrale du jeu, qui gagne en subtilité (chant un poil atténué notamment).

Faster, Stronger

S'il est un domaine dans lequel NieR Replicant ver.1.22... est attendu au tournant, c'est bien dans son système de combat, supposé là aussi se rapprocher du dynamisme d'un NieR Automata (lequel était développé, rappelons-le, par le virevoltant studio PlatinumGames). Et en effet, il en ressort des affrontements davantage de fluidité dans les mouvements du personnage, un peu moins lourdaud que le paternel contrôlé dans le jeu de 2010. S'agissant de fluidité, le jeu ne semble souffrir d'aucun écueil à ce niveau, même lorsque les Ombres s'y mettent à plusieurs pour tenter de gâcher la fête. Hors combat, le personnage se mettra à courir plus vite après quelques secondes, nous épargnant de spammer la touche de roulade pour accélérer la cadence. D'ailleurs, les déplacements à dos de sanglier ne seront plus une tannée, la monture étant bien plus maniable qu'auparavant.

Fonctionnalité héritée du jeu de 2017, il est désormais possible de verrouiller les ennemis et de passer facilement de l'un à l'autre en combat. Pratique, même si la caméra peut du coup se montrer un peu capricieuse dans les espaces clos, comme lors de l'exploration de la Montagne des robots. Outre le fait de pouvoir achever d'un coup fatal les mobs à terre, le personnage aura désormais la possibilité de déclencher un contre dévastateur s'il effectue sa parade au bon moment. Dommage néanmoins que l'I.A. ennemie soit toujours aussi attentiste, rendant chaque contre assez facile à amorcer.

ON L'ATTEND... SURTOUT SI ON N'A JAMAIS FAIT L'ORIGINAL
Plus joli, plus immersif et plus agréable à prendre en main : voilà comment on pourrait résumer l'impression laissée par cette première et longue session de jeu de NieR Replicant ver.1.22474487139... Celle-ci nous permet d'avoir une vision plus claire sur l'ambition du studio Toylogic en charge du projet, à savoir celle de proposer un remaster de luxe d'un jeu injustement boudé à sa sortie. C'est tout... pour le moment : rendez-vous à sa sortie le 23 avril prochain pour notre verdict final.