Dans le monde du jeu vidéo, le free-to-play Let it Die a toujours été un OVNI avec son univers décalé, créatures loufoques, son aspect roguelike difficile au style bien particulier, et surtout son modèle économique qu’on n’est pas prêt d’oublier : il fallait payer pour la résurrection de son avatar et progresser dans le jeu. Une philosophie aujourd’hui inconcevable (imaginez si Hades 2 ou Elden Ring vous demandaient de sortir le chéquier à chaque trépas) et pourtant, la licence a rapidement trouvé son public. Une niche qui pourra retrouver le fameux Uncle Death pour de nouveaux défis avec Let it Die Inferno.
On avait cligné des yeux et il avait aussitôt disparu. Quelques mois après sa mise en service, Deathverse Let It Die, second jeu, avait soudainement baissé le rideau, laissant une communauté orpheline de cette licence exubérante. La maison Suda51 avait promis de se servir des bases de cette énième étoile filante du milieu pour revenir avec une proposition plus aboutie et en accord avec les attentes de la communauté. Elle porte désormais un nom : Let it Die Inferno. Un troisième épisode qui renoue avec ce qui a fait la réputation de la franchise et du premier jeu, et qui opère un changement de taille : il sera entièrement payant dès le départ. Plus besoin de sortir le portefeuille à cause de la moindre erreur d'inattention.
“Les jeux précédents étaient conçus autrement et de façon à vous faire constamment continuer le jeu. A chaque fois que vous souhaitiez poursuivre l’aventure, vous deviez payer. Cette fois c’est différent, il n’y aura rien de ça. C’est un changement majeur, donc nous avons décidé de livrer un jeu complet et avec un prix en conséquence”, nous a expliqué Suda51 lors d’une entrevue au Tokyo Game Show 2025. Let it Die Inferno comprendra toutefois des microtransactions qui devraient prendre la forme de cosmétiques. ou l’achat de personnages disponibles dans les différentes éditions du jeu. Pas question en revanche de répéter les erreurs du passé. Supertrick Games a appris sa leçon à la dure, notamment en ce qui concerne ce que Suda51 et ses équipes considèrent comme le plus gros défaut de Deathverse. “ On a eu des problèmes avec les serveurs et surtout sur ce point qu’on a tiré des leçons de Let it Die Death Verse. Nous avons travaillé dessus de sorte que de plus en plus de joueurs puissent jouer simultanément ensemble”, nous explique-t-il.

Un épisode qui a appris de ses erreurs
Dès les premières runs, Let it Die Inferno sera foncièrement familier pour les amateurs de la licence. Un bestiaire complètement décalé, allant de crabes burgers à des langoustes bikeuses, du combat rapproché avec ce petit quelque chose d’unique qui fait tout son sel… Les aficionados se sentiront comme à la maison, quelle que soit leur version préférée de la licence. “Ce projet a originellement débuté alors qu’on essayait d’améliorer Deathverse et d’en faire quelque chose de nouveau. En parallèle, nous lisions les commentaires de la communauté, qui réclamait quelque chose davantage dans la veine de Let it Die 1. Et si l’on voulait donner suite à ce retour, on a réalisé qu’il nous faudrait faire un jeu complètement différent, ce qui est devenu Let It Die Inferno. Ceci étant, les joueurs retrouveront les meilleures aspects de Deathverse, notamment l’orientation action et combats rapprochés”, rappelle le comédien et développeur à ses heures perdues.
Dans les faits, Let it Die Inferno se présente donc comme un roguelike d’extraction dans lequel vous partez à la conquête d’un trésor convoité de tous : l'« Œil de la Faucheuse ». S’ensuit une descente aux enfers dans des niveaux générés aléatoirement où les ennemis deviennent de plus en plus retors à mesure que l’on s’engouffre dans ce complexe infernal. La boucle de gameplay n’a rien de révolutionnaire en soi : on tabasse des ennemis pour remplir une jauge nécessaire pour pouvoir être propulsé à sa base avant le temps imparti, on part à la recherche de ressources précieuses et de butin disséminés au hasard sur la map et on affronte des boss prêts à nous mettre une déculottée. Les fans les plus masos peuvent se rassurer, les ennemis les plus puissants feront toujours aussi mal, si ce n’est plus que d’habitude. “Ils seront encore plus effrayants que vous ne le pensez, je pense que les fans seront choqués”, nous a confié l’une des têtes pensantes du jeu.

Le meilleur des deux mondes
Comme son prédécesseur, le système de combat de Let it Die Inferno repose principalement sur le combat rapproché. Le joueur peut équiper une arme dans chaque main, attaquer avec celle de son choix ou les deux en même temps pour porter des coups plus dévastateurs, mais plus gourmands en endurance. Une jauge qu’il faudra consommer avec parcimonie, car elle est nécessaire pour presque chaque activité physique, y compris la sacro-sainte esquive, quand la parade semble pouvoir être utilisée plus librement. Le personnage choisi influera également sur votre style de combat. Seuls deux personnages jouables nous étaient accessibles et si GunHo n’a pas été en mesure de nous confirmer un quelconque chiffre final, plusieurs d’entre eux seront répartis dans les éditions spéciales du jeu et un autre encore tenu secret sera également disponible pour tous.
Timothy, décrit comme le plus équilibré des deux, est assez bon en attaque mais aussi en soins, quand Pearl mise tout sur la force brute, et, comme on a pu le constater en la jouant, elle peut faire très très mal. Il faudra évidemment plus de 20 minutes de jeu et des runs complètes pour en avoir le cœur net, mais quiconque était sensible à la proposition de Let it Die premier du nom, ou son successeur, sera en terrain conquis. Le système de combat est efficace, la boucle de gameplay est plus prenante que je ne l’aurais imaginé et le jeu nous réserve encore quelques surprises qui n’étaient pas présentes dans cette build, conçue spécialement pour le Tokyo Game Show 2025. A commencer par un système de craft encore tenu au secret, ou presque.

“Vous êtes les premiers à qui on le dit, donc on ne peut pas encore en parler plus en détail, mais les armes seront différentes selon la façon dont vous les craftez, avec des affinités, des éléments etc. Ce que je peux dire, c’est que dans Let it Die 1, vous aviez des plans qui vous permettaient de fabriquer des armes, et c’est un peu la même chose ici. Vous devez récupérer des matériaux, posséder le plan en question et puis vous pouvez concevoir votre arme et jouer avec. Cependant, dès que vous mourrez, vous perdez tout et vous devez recommencer et recréer l’arme pour votre run en cours. Enfin pas tout. L’arme créée est perdue en fin de run, mais pas les plans que vous trouvez, à condition que vous en réchappez vivant”, a confié Suda51.
Avec Let it Die Inferno, Supertrick Games semble enfin avoir trouvé la bonne formule, celle qui devrait au moins contenter les inconditionnels de la licence, indépendamment du succès du jeu. Cet épisode s’orientera en effet davantage vers le PvE, sans compromettre l’aspect ludique de l’ensemble de l'expérience selon les développeurs. “Nous avons reçu beaucoup de retours de joueurs qui voulaient jouer seuls, parce que les autres se mettaient sur leur chemin et ils n’aimaient pas ça. Cette fois, ce sera donc principalement un jeu solo où la plupart du temps personne ne vous dérangera. Mais au fur et à mesure que vous progressez, la probabilité de croiser un autre joueur augmente.” C’est finalement un peu ce qui pourrait résumer cette nouvelle proposition : le meilleur des deux mondes.
On attend Let it Die Inferno... avec curiosité
Let it Die Inferno puise dans toutes les meilleures idées des deux premiers jeux de la licence sans jamais trahir l’essence de la licence. Avec son gameplay singulier et l’univers perché d’Uncle Death, désormais plus sadique de MrBeast à la recherche de vues, Let it Die Inferno s’annonce déjà comme l’un des jeux les plus barrés de cette fin d’année. Reste à voir si la folie de la maison Suda51 sera prenante sur le long-terme, mais les fans de licence devraient clairement surveiller le jeu de près. Rendez-vous le 3 décembre 2025 pour en avoir le cœur net.