Quand un nouveau Borderlands numéroté est de sortie, c’est toujours un événement. Gearbox ne lésine pas sur les spin-off pour étancher la soif de loot de sa communauté, toujours prête à répondre à l’appel, mais il aura fallu cette fois encore attendre 6 ans avant d’avoir le droit à un nouvel épisode. Un quatrième opus qui est particulièrement attendu au tournant, là où son prédécesseur avait grandement déçu sur plusieurs points. Nous avons pu poser nos petites mains sur une première démo sur PC jouée à la manette. Pendant un peu moins de quatre heures, nous avons donc pu parcourir les premières étendues de la nouvelle planète de Borderlands 4 et essayer quelques-unes des nombreuses petites nouveautés apportées à une recette que l’on dévore toujours avec autant d’enthousiasme. Voici nos premières impressions avant la sortie du jeu prévue pour le 12 septembre 2025 sur PS5, Xbox Series et PC.
Se lancer dans Borderlands 4, c’est un peu comme enfiler des chaussons qu’on a un peu trop saigné après toutes ces années, mais bon sang qu’est-ce qu’on s’y sent bien ! C’est un état de fait, le jeu n’aura pas l’étiquette de vitrine technique collée aux fesses, mais tout y est plus beau, le cel-shading est plus lisse et net, c’est fluide en toute circonstance et ça suffit amplement. Oui, il y a un bond graphique immédiatement perceptible, malgré ses faux airs de Borderlands 3 auquel on aurait mis un gros pack de textures HD et de nouveaux jolis éclairages. Ce n’est cependant pas tant là qu’on attend au tournant ce qui a toujours été l’une des licences les plus barrées du jeu vidéo avant qu’elle ne donne l’impression d’avoir enclenché le mode pilote automatique.
Borderlands 2 fait maintenant presque office de bon vieux temps, lui qui était réellement venu révolutionner sa propre formule et qui nous faisait marrer à presque chacune de ses vannes. Mais depuis, c’est toujours les mêmes running gags, la même planète, les mêmes personnages, et finalement, c’est l’humour qui a perdu au change. Difficile de passer derrière Anthony Burch, qui a quitté le navire il y a 10 ans à présent, et sa plume si distinctive qui a donné ses lettres de noblesse à la saga. Manier vulgarité, memes et une certaine finesse n’est pas un exercice facile et Gearbox s’est méchamment vautré avec un Borderlands 3 qui a unanimement déçu sur son écriture et son humour. C’est là que Borderlands 4 ne doit pas échouer.
J'adore rire !

Et là vous allez me demander : alors est-ce que c’est vraiment plus drôle que l’humour pipi et caca lourdaud du troisième épisode ? Si c’est bien parti pour, je n’ai pas de réponse ferme à vous apporter pour l’instant pour deux raisons. La première, c’est qu’il est difficile de se forger une opinion tranchée avec les missions qui nous ont été données : beaucoup de castagne, pas beaucoup de parlotte. La seconde, c’est que tout était en anglais. Les blagues regagnent nettement en finesse avec plein de jeux de mots, de traits d’esprit, d’humour plus subtil et de références bien senties. On est clairement dans la lignée de ce qui se faisait à l’époque du second épisode. Reste à voir si les traducteurs et traductrices français parviendront à retranscrire ces vannes avec la même efficacité, car oui, à défaut de rire à pleins poumons comme avec les punchlines du Beau Jack, Borderlands 4 est plus drôle que son prédécesseur (pas difficile vous me direz) et devrait réussir sans mal à nous décrocher au moins des sourires francs.
Loin des têtes à claques d’influenceurs qu’on a dû se coltiner précédemment, Borderlands 4 entend nous faire découvrir de nouveaux horizons. Exit Pandore et sa population constituée à 90% de névrosés, et bonjour Kairos, une nouvelle planète où quelques têtes et châssis familiers auront fait le voyage comme Moxxi et bien évidemment ce bon vieux Claptrap, toujours aussi seul au monde et insupportable (et on l’aime toujours autant pour ça). Mais pour réellement nous faire changer d’air, les développeurs nous ont confié avoir limité le nombre de personnages qui feront leur retour, et c’est également pour cela que le ton vous paraîtra immédiatement différent. Pas question d’avoir cette « sensation de Pandore 2.0 », pour reprendre les mots de l’équipe, et cela passera par des enjeux plus sérieux et une présence plus menaçante qu’est le dictateur que l’on appelle Le Gardien du Temps.
« Tout le monde est au fait des retours de la communauté sur Borderlands 3. Ça aurait été de la folie de les ignorer. Le studio fait très attention aux critiques valides et les prend très à cœur. Pandore c’était un peu le far-west et un ton plus décalé correspondait à cet univers où les entreprises sont à couteaux tirés et les ennemis sont fous. L’esprit de ce monde convient vraiment au ton de ces jeux. Là on est sur une planète sous le joug du totalitarisme et dirigée d’une main de fer par un dictateur. Et balancer des vannes à tout-va comme on a pu le faire, ce n’est plus approprié avec ce contexte », nous explique Christopher Brock, producteur exécutif de Borderlands 4. Ce changement de ton peut se montrer déconcertant au début, même si on devrait gagner au change en termes d’écriture, à voir sur la direction artistique des environnements. Ça fait quand même tout drôle de ne plus se faire taunt à chaque réapparition.
Rendez-vous en terre inconnue, mais terrain connu

Cette nouvelle destination s’accompagnera d’une panoplie de nouveaux personnages hauts en couleur, d’un bestiaire renouvelé et de régions inédites à explorer. On dénombre quatre grandes zones au total, toutes reliées entre elles sans aucun temps de chargement, nous dit-on. On devra se fier aux belles paroles du studio pour l’instant, faute d’avoir pu mettre ce semi-open world « seamless » à l’épreuve. De même pour certaines des grandes nouveautés de ce Borderlands 4 comme le cycle jour-nuit, son système de météo, ses secrets parsemés partout sur la mappemonde et sa pléthore d’activités, allant des quêtes annexes classiques où ClapTrap s’est encore mangé un vent de la part de toute la planète, aux missions plus banales qui demandent de défendre un point donné et de repousser des vagues d’ennemis par dizaines. On n’a pas pu énormément explorer, mais un bref coup d'œil sur la carte du monde suffit à voir qu’on aura de quoi s’occuper. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour que ça ne soit pas un flux de quêtes annexes insipides. En parlant de map, l’absence de mini-carte au profit d’un robot compagnon pour scanner les environs a fait couler beaucoup d’encre. On vous rassure, c’est un peu déroutant au début, mais on s’y habitue relativement vite. À voir si le manquement ne se fera pas ressentir lors des phases plus axées sur l’exploration.
Randy Pitchford le crie à qui veut bien l’entendre : Borderlands 4 sera meilleur en tout point que son prédécesseur. Oui, il devrait bien être une version plus gourmet d’un menu Maxi-Best of de la licence, plutôt qu’une révolution pour sa propre saga. Ce qu’on aime tous est là, avec toujours du plus et du mieux. Plus de personnalisation, de fabricants d’armes, de passifs farfelus pour vos flingues, de compétences, de possibilités de gameplay, d’ennemis loufoques à l’IA souvent éclatée à dérouiller, des boss mieux travaillés, et surtout, plus de loot. Là encore on vous rassure, on n’a pas ramassé de légendaire pendant ces quelques heures avec Borderlands 4. La promesse de rendre le butin plus significatif devrait bien être tenue. C’est en tout cas toujours aussi grisant quand un arc-en-ciel de loot se met à dégueuler d’un boss qu’on aura mis une vingtaine de minutes à achever. C’est que les bougres ont enfin des patterns intéressants et pas si faciles à apprivoiser. Il nous faudra encore alors affronter des gardiens de l’arche et ils pourraient se montrer plus retors que leurs prédécesseurs.
Celui qu’on a laminé, non sans mal, s’apparentait à une sorte de singe auquel on devait déloger les points faibles en les extirpant avec le grappin tout en esquivant ses attaques dévastatrices, et en se la jouant Tarzan à l’aide de notre nouvel outil pour ne pas finir dans une marre de poison. Gearbox a l’air d’avoir vraiment bûché le sujet. Les affrontements n’en sont que plus intenses et les récompenses d’autant plus satisfaisantes. Désolé camarade, ta résurrection attendra, le devoir m'appelle. Pas de surprise là non plus, ce quatrième épisode est toujours plus fun à plusieurs, mais ce n’est pas avec notre courte session en duo que l’on aura pu voir les nouveautés côté multi, que l’on nous promet là aussi amélioré.
Plein de petites améliorations qui devraient améliorer l'expérience

Il y en a pourtant de l’inédit dans Borderlands 4, comme les nouveaux emplacements d’équipement qui permettent d’emporter des seringues de soin pour ne plus aller les chercher partout dans l’arène. On peut aussi les troquer pour des boosts de défense ou pour améliorer la vitesse de déplacement. Justement, Gearbox a mis un point d’honneur à ajouter de nouvelles façons de se mouvoir. On aura cette fois un Digirunner, une sorte de moto que l’on pourra matérialiser à la volée sans devoir se taper un détour interminable jusqu’à une borne. La conduite a légèrement été affinée, mais elle est toujours dans la lignée de ce à quoi la licence nous a habitués. Après la glissade, place également à la nage, au double saut, au grappin et au boost pour planer quelques secondes dans les airs. Attraper une bonbonne à distance pour la jeter sur ses ennemis, prendre de la hauteur pour mieux cerner ses adversaires ou au contraire aller déloger ce foutu sniper en une fraction de seconde, se repositionner sur le terrain, décaler son angle de tir… ça n’a pas l’air comme ça, mais ça devrait donner lieu à pas mal de nouvelles possibilités.
Ça m'a en tout cas paru un peu plus dynamique et intense que les derniers jeux de la licence, qui avaient déjà fortement gagné en verticalité. On est encore un cran au-dessus avec ces nouveautés, les combats n’en sont que plus intenses si on les utilise à bon escient, mais on ne demande qu’à voir leur utilité lors de l’exploration. Se coltiner des détours interminables pour atteindre un objectif en hauteur quand on a désormais un grappin, c’est contre-intuitif et frustrant. On n’a vu qu’un petit morcellement de la première zone, mais on en ressort un peu avec l’impression que les marqueurs de grappin ont été légèrement placés au doigt mouillé dès lors que l’on s’écarte des arènes de combat. À voir dans la version finale du jeu ou lors d’une prise en main plus conséquente, mais en presque quatre heures on peut vous rassurer sur un point : Borderlands 4 sera toujours un joyeux défouloir terriblement addictif et qui n’ira pas de mainmorte sur les styles de jeu et la rejouabilité.
Deux classes qui ont la classe

C’est encore une fois dans la peau d’un Chasseur de l’Arche que l’on viendra faire régner le chaos. Ils seront toujours au nombre de quatre au lancement, avec d’autres prévus en supplément, à condition de mettre la main au portemonnaie. Seuls deux nous étaient accessibles et pas de chance, on ne vous apprendra rien de nouveau car ce sont ceux qu’on avait déjà vus longuement à l’action lors du State of Play. On vous rassure, Vex et Rafa sont aussi grisants à jouer qu’ils en avaient l’air et il y a des actions qui seront bien classes. Dans la plus pure des traditions de Borderlands, il y aura une infinité de possibilités pour modeler le gameplay de ces personnages à notre sauce et les adapter à notre style de jeu. De ce qu’on a aperçu, on peut s’attendre à des builds méchamment dingues.
Tous auront donc un arbre de compétences encore plus fourni, avec trois branches de classes prédéfinies comportant un tas de passifs et de compétences. Ça reste sensiblement similaire à la recette de Borderlands 3 avec deux de ces capacités qui peuvent être équipées et échangées à n’importe quel moment hors combat. Il y a cependant une nouveauté qu’il nous tarde de tester réellement : les « Augment ». Ces sortes de sous-compétences permettent d’améliorer nos aptitudes spéciales principales en leur conférant de nouveaux attributs ou des actions inédites. Par exemple, l’une d’elles permet à la sirène Vex de faire exploser ses clones à distance et de régénérer sa santé par la même occasion, quand l’exosoldat Rafa peut absorber des dégâts avec son exosquelette pour le faire chauffer et infliger des attaques de feu supplémentaire tout en renvoyant une partie des dommages subis aux ennemis marqués.
Ce n’est là qu’un infime échantillon. Le champ des possibles semble s’étendre à l’infini et Gearbox ne sera vraisemblablement jamais pris en défaut sur la qualité des archétypes des personnages. Que ce soit la sirène qui s’entoure de familiers absorbant l’élément de l'arme équipée ou qui opte pour des clones d’elle-même, ou l’exosoldat qui se la joue au corps-à-corps avec des lames, qui ne sont pas sans rappeler les Mantis de Cyberpunk 2077, ou qui préfère tout miser sur la vitesse de tir, les pouvoirs semblent tous pertinents et le feeling est toujours aussi grisant et irréprochable, peu importe l’approche choisie. Borderlands 4 a clairement toutes les armes pour être le FPS le plus fun de l’année.
Des milliards d'armes complètement barrées

Et parlons-en des armes justement, car c’est également une composante inimitable du shooter looter, source d’une vraie addiction pour les accros du butin. Le jeu devrait une nouvelle fois être d’une générosité folle avec des milliards d’armes à looter. Là encore Gearbox a ajouté quelques subtilités pour les fans les plus hardcores. D’abord trois nouveaux fabricants s'inviteront à cette joyeuse fête, tous avec leurs propres spécialités. Manque de chance, on a surtout été sponsorisé par MALIWAAAAAN lors de nos parties et on n’a eu qu’un bref avant-goût de l’un des petits nouveaux, l'Ordre. Les armes du Gardien du Temps ont clairement de la gueule, elles qui tirent des rafales complètes de munitions d’un seul coup et avec précision. Il n’y a rien de plus grisant que de défourailler une brutasse avec et lui vider notre chargeur à la gueule. Borderlands 4 fera les choses un peu différemment en mixant les composants des constructeurs avec d’autres armes. En d’autres termes, vous pouvez avoir un fusil sniper avec un mod de Jakobs pour que les coups critiques ricochent sur les autres ennemis, le tout couplé à la technologie Ripper qui permet de passer en mode full auto. On vous laisse imaginer le massacre avec la bonne build.
C’est ça aussi Borderlands : passer du temps à choyer ses builds et ses armes, ce qui signifie beaucoup de temps passé dans les menus. C’est là d’une de nos plus grosses réserves, leur interface n’est pas des plus intuitives, surtout lorsque l’on joue à la manette. Jeter un objet devient un casse-tête pour peu que l’on ne sache pas où chercher et on a presque tous été obligés de demander à un démoiste où l’option s’était cachée dans le jeu. Idem, la navigation d’un menu à l’autre m’a parue parfois fastidieuse. À voir si c’est juste un coup de main à prendre ou si ce sera rédhibitoire à la longue. Les PCistes ne devraient pas le ressentir puisque cette refonte des menus semble avoir été pensée pour eux.
On attend Borderlands 4... comme du loot légendaire
C’est avec encore de nombreuses interrogations et une furieuse envie d’y rejouer qu’on a quitté ce Borderlands 4. Gearbox a scrupuleusement écouté sa communauté et semble avoir mis assez de nouveautés et d’améliorations là où il faut pour pimenter sa recette qui s’avère toujours aussi redoutablement efficace. C’est plus beau, fluide et les combats sont plus vifs, dynamiques et bourrins avec les bonnes armes. Le cocktail est toujours aussi addictif et détonnant. On ne sait pas si ce sera l’épisode le plus abouti de la saga comme on nous le martèle, mais il devrait se placer sans mal comme le FPS le plus fun de l’année, si ce n’est l’un des meilleurs. Décalé, Borderlands 4 le sera assurément, mais complètement barré comme le reste de la lignée ? Avec son ton plus mature ça reste encore à voir, mais on devrait être loin de la lourdeur de son prédécesseur. C’est déjà ça ! Si on est en terrain connu sur tout le reste, c’est finalement la plus grosse interrogation qui persiste. Rendez-vous le 12 septembre 2025 sur PS5, Xbox Series et PC, et un peu plus tard sur Switch 2, pour looter jusqu’à plus soif dans Borderlands 4.