Annoncé il y a peu, nous avons eu l’occasion de découvrir en avant-première et en exclusivité française la prochaine création du studio espagnol MercurySteam, connu pour Castlevania Lords of Shadow et plus récemment l’excellent Metroid Dread. Cette fois, changement radical d’ambiance avec Blades of Fire, un jeu d’action-aventure en vue à la troisième personne, qui rappelle fortement l’univers des souls-like. Après plusieurs heures de jeu, une question se pose : sommes-nous déjà face à un futur incontournable du genre ?
Pour poser un peu les bases, nous avons pu découvrir le jeu Blades of Fire dès le début de l’aventure, juste après l’introduction. Une bonne chose, puisque cela nous a permis de profiter du tutoriel, évitant ainsi de se sentir trop perdu, surtout pour les néophytes qui ne seraient pas familiers avec le genre. L’occasion aussi de découvrir plus précisément les enjeux.
Un monde ancien déchiré par la guerre
L’histoire de Blades of Fire prend racine dans un passé lointain, où une race de géants légendaires, appelée les Forgers, régnait sur le monde. Leur civilisation brillait par sa grandeur, jusqu’à ce qu’une guerre dévastatrice vienne causer leur perte. Dans un dernier acte de sagesse, ils ont créé les humains pour leur succéder et leur ont confié leur plus grand secret : le pouvoir de l’Acier. Grâce à cette connaissance, l’humanité s’est imposée comme la nouvelle force dominante.
Des milliers d’années plus tard, cet héritage est menacé. La reine Nerea, souveraine redoutable, a utilisé une puissante magie pour transformer l’acier de ses ennemis en pierre, détournant ainsi le savoir des Forgers contre l’humanité elle-même. C’est dans ce monde au bord du gouffre que le destin de notre héros se joue. Vous le sentez venir, ça va être le chaos et de dures épreuves attendent notre protagoniste.
Justement, à ce niveau, le joueur incarne Aran de Lira, fils du commandant de la garde royale. Ami d’enfance de la princesse Nerea et du prince Erin, il a grandi aux côtés de la famille royale avant qu’un événement tragique ne bouleverse son existence. Ce traumatisme l’a profondément marqué, mais il refuse de se laisser submerger par son passé. Déterminé et résilient, Aran accepte une mission des plus dangereuses : éliminer son ancienne amie pour sauver l’humanité. Un destin lourd à porter, qui le poussera à affronter les dangers d’un monde sans pitié. C’est là que l’aventure commence…
Et justement, cette impitoyabilité ne se limite pas à l’univers narratif du jeu, elle se ressent aussi dans son gameplay. Très vite, Blades of Fire impose son ton : brutal, intense et sans concession. Ici, la survie ne tient qu’à un fil, et chaque erreur se paie cher. Le jeu ne cherche pas à ménager le joueur, le plongeant immédiatement dans un monde où la menace est omniprésente.
Cette brutalité se reflète aussi dans le character design soigné et l’esthétique marquée des monstres, comme l’imposant troll que l’on affronte dès le début. Même notre héros porte les traces de ce monde impitoyable : son visage balafré raconte à lui seul un passé de violence. Quant aux créatures qu’il affronte, leur apparence cauchemardesque n’est qu’un avant-goût de l’horreur qui attend le joueur.
Car en effet, c’est surtout lors des premiers combats que l’on saisit pleinement l’essence du jeu : un gameplay exigeant où chaque affrontement compte. Véritable pilier de l’expérience, le combat est central.

Des combats où chaque coup compte
Car oui, le combat dans Blades of Fire ne se résume pas à de simples enchaînements d’attaques et d’esquives. Le jeu va encore plus loin dans l’exigence en intégrant un système où la stratégie est essentielle, à l’image des souls-like. D’ailleurs, si les développeurs n’ont pas explicitement employé ce terme lors de la présentation, l’un d’eux nous a confié que le jeu partage de nombreuses similitudes avec ce genre, tant dans son approche que dans ses mécaniques. Ici, foncer tête baissée ne mène qu’à une mort certaine : il faut analyser ses ennemis, choisir ses armes avec soin et exploiter leurs failles.
En effet, l’armure des adversaires joue un rôle central. Chaque ennemi peut être protégé par différentes pièces d’équipement couvrant la tête, le torse et les bras. Il ne suffira donc pas d’attaquer au hasard, mais de viser précisément les zones les plus vulnérables pour espérer prendre l’avantage.
Un code couleur pour aider
Pour aider le joueur, un code couleur s'affiche autour de l’ennemi. Si l’indicateur est vert, l’attaque infligera un maximum de dégâts, car la zone est peu protégée. En revanche, si la couleur est orange, l’armure absorbera une partie des dommages. Enfin, si l’ennemi est entouré de rouge, l’attaque rebondira sans effet, rendant le coup inutile.
Le choix de l'arme devient alors primordial. Chacune possède des propriétés spécifiques et peut infliger différents types de dégâts. Une lame tranchante sera efficace contre des armures légères, tandis qu’une arme perforante sera plus adaptée pour transpercer des protections rigides. À l’inverse, une masse ou un marteau sera redoutable contre les armures lourdes. Il faudra donc adapter son style de combat et alterner entre les armes en fonction de l’équipement des ennemis. C’est tout simplement grisant à jouer, car le jeu oblige à s’adapter en permanence lors des confrontations. Comme il est possible d’affronter plusieurs ennemis à la fois, chaque combat devient un véritable test de concentration et de réactivité. Ici, la moindre hésitation peut être fatale, et tout se joue parfois sur une fraction de seconde.
Pour survivre, il ne suffit pas d’avoir de bons réflexes : il faut aussi connaître les commandes sur le bout des doigts et enchaîner les actions avec une précision quasi instinctive. Ce qui, forcément, était assez complexe pour nous lors de la première heure. Le moindre faux mouvement ou une seconde de retard peut signer votre mort. Résultat : les affrontements étaient particulièrement tendus. Mourir cinq à dix fois contre un mid-boss est monnaie courante, surtout si l’on ne possède pas la bonne arme au bon moment. Le jeu est assez intransigeant et ne laisse pas la place à l’erreur. Mieux vaut aimer le challenge et avoir une affinité avec les souls-like, car dans le cas contraire, le jeu risque vite de devenir frustrant, voire décourageant.

Du matériel qui s’use
Pour encore plus de difficulté, un autre élément important est à prendre en compte est l’usure des armes. Plus un combat s’éternise, plus l’équipement perd en efficacité. Une barre de durabilité permet de suivre l’état de l’arme en temps réel. Lorsqu’elle se dégrade, ses dégâts diminuent et elle devient moins efficace contre certaines armures. Il faudra donc penser à la réparer régulièrement pour éviter de se retrouver en difficulté au pire moment.
D’autant plus que les armes semblent fondre comme neige au soleil, obligeant à une gestion rigoureuse de leur entretien. Heureusement, il est possible de les réparer en trouvant des enclumes disséminées à travers la carte. Elles ne servent pas uniquement à l’entretien du matériel : elles font aussi office de mini-points de repos et de sauvegarde, apportant un bref répit avant de replonger dans l’action. Leur disposition suit généralement un intervalle assez régulier, évitant ainsi de trop longues phases sans possibilité de maintenance, tout en maintenant une pression constante sur le joueur. C’est un peu l’équivalent du feu de camp de Dark Souls, mais à la sauce forgeron.
Forger ses armes, un autre plaisir du jeu
La réparation, c’est bien, mais la véritable essence de Blades of Fire réside dans son système de forge, un élément central du jeu, tant dans le gameplay que dans le lore. Ici, les armes ne sont pas de simples objets que l’on ramasse : elles sont au cœur de l’héritage des Forgers, et c’est au joueur de les façonner lui-même. Et cette personnalisation va bien au-delà d’un simple choix d’arme. Chaque détail compte : on choisit la forme de la lame, la poignée, les matériaux utilisés, les alliages…
Tout cela influence directement sa puissance, sa durabilité et sa maniabilité. Plus la forge est réussie, plus l’arme gagne en qualité, et son niveau d’étoiles détermine combien de fois elle pourra être réparée avant de devenir inutilisable. Pour attribuer des étoiles à votre arme, il faut réussir un mini-jeu de forge. Le principe est simple : il s’agit de suivre au mieux le patron de l’arme en ajustant des courbes dans des repères précis. Plus votre tracé est précis, plus le nombre d’étoiles attribuées sera élevé.
Mais ce n’est pas tout. La longueur de la lame impacte l’équilibre et la réactivité de l’arme, obligeant à trouver le bon compromis entre portée et maniabilité. Chaque joueur peut ainsi expérimenter avec différents styles pour concevoir l’arme qui correspond le mieux à sa façon de combattre, que ce soit une épée longue et tranchante, une hache lourde et destructrice ou un marteau de guerre écrasant. Et encore, nous n’avons probablement vu qu’une fraction des possibilités offertes par ce système. Entre les matériaux rares, les alliages avancés et les combinaisons inédites, la forge promet d’être un aspect aussi profond que stratégique, apportant une vraie richesse à l’expérience de jeu.

Le jeu des sept familles pour Blades of Fire
Le jeu propose d’ailleurs sept grandes familles d’armes, comme nous l’a expliqué Enric Álvarez, fondateur du studio (derrière Metroid Dread), lors de notre interview. Un plaisir pour les amateurs d’équipement médiéval dont le jeu s’inspire.. Chaque type d’arme possède ses propres forces et faiblesses, et le joueur pourra en porter jusqu’à quatre simultanément, offrant une grande flexibilité pour adapter sa stratégie en plein combat. Changer d’arme au bon moment devient essentiel pour s’adapter aux ennemis et maximiser son efficacité.
Les combats ne font clairement pas dans la dentelle. Ici, chaque affrontement est viscéral, brutal et terriblement impactant. Il ne s’agit pas simplement de faire baisser une barre de vie au-dessus de la tête d’un ennemi : les coups laissent des traces, brisant des armures, tranchant des membres et écrasant des crânes dans un spectacle de violence assumée. Ce ne sont pas de simples finish moves mis en scène, c’est tout le combat qui transpire la férocité, chaque coup porté ayant un véritable poids et une sensation de puissance palpable.
Et pour se tailler l’arme parfaite et écraser le plus de crânes possible (ou autres joyeusetés), il faudra explorer le monde à la recherche de ressources précieuses, principalement des métaux rares. Loin d’être un simple à-côté, l’exploration et la collecte sont indispensables : chaque matériau récupéré servira à concevoir les armes qui feront la différence en combat, rendant la forge et la survie profondément liées.

L’exploration pour trouver de quoi fabriquer nos armes
L’exploration est une composante essentielle de Blades of Fire. La carte semble offrir des environnements riches et détaillés, avec une véritable sensation de liberté, malgré un monde structuré en zones semi-ouvertes. Comme a pu nous le préciser Enric Álvarez.
Comme mentionné précédemment, les enclumes disséminées à travers le monde jouent un rôle clé. Elles ne servent pas seulement à réparer ses armes, mais aussi à se reposer et recycler celles devenues inutilisables. Ce seront des points stratégiques, où le joueur pourra préparer son équipement avant de repartir au combat.
L’exploration sera d’autant plus récompensée que de nombreux coffres sont cachés un peu partout, renfermant des ressources précieuses pour améliorer ses armes à la forge ou en fabriquer de nouvelles. Car, comme l’ont précisé les développeurs, le jeu ne propose aucun système de loot d’équipement. Ici, tout doit être fabriqué ou transformé à partir de matériaux récoltés, ajoutant une dimension de gestion et de planification à la progression du joueur.
L’un des aspects les plus réussis de Blades of Fire c’est aussi son level design pensé en relief. Plutôt que de s’étendre uniquement sur de vastes étendues plates, le jeu mise sur une grande verticalité, avec des bâtiments imposants, des falaises escarpées et des structures en hauteur qui enrichissent l’exploration.
Ce choix de conception évite la monotonie des paysages et pousse le joueur à observer son environnement sous différents angles, cherchant des passages cachés, des accès en hauteur ou des chemins détournés. Cette approche plus organique du level design donne une véritable profondeur aux environnements, rendant l’exploration plus dynamique et immersive.

Une technique au service du gameplay dans Blades of Fire
Pour ne rien gâcher, visuellement, le jeu impressionne à l’heure actuelle. Les graphismes sont détaillés, les animations des combats sont fluides, et les effets de lumière subliment l’univers. Chaque affrontement est mis en scène avec un soin particulier, rendant l’expérience très viscérale. Sans cette fluidité extrême, les combats n’auraient clairement pas la même intensité. On a vraiment l’impression que chaque mouvement du personnage est naturel, ce qui évite cet aspect parfois rigide et mécanique, que l’on peut retrouver dans un jeu comme Kingdom Come Deliverance 2, par exemple.
ON L’ATTEND… AVEC IMPATIENCE !
Avec son gameplay exigeant, son univers immersif et un système de forge prometteur, Blades of Fire se distingue comme un jeu atypique. Il emprunte certains codes des souls-like sans en être totalement un, se positionnant à la frontière des genres. Un pari audacieux qui semble bien parti pour en faire un challenger sérieux parmi les jeux d’action-aventure exigeants. Reste à voir si le niveau de finition sera à la hauteur des ambitions affichées. Ce qui est certain, c’est que malgré la difficulté intense des combats, nous n’avions qu’une seule envie : y retourner. Le jeu est prévu pour le 22 mai 2025 sur PC (via Epic), PS5 et Xbox Series.