A l'époque des jeux d'action, en 1987, Kojima imposait le premier jeu d'infiltration dont je vous propose de revivre les derniers instants. Snake face au premier Metal Gear de l'histoire... puis à Big Boss !

Ainsi, dès l'origine, la différence se retrouvait inscrite dans l'ADN de l'œuvre. La transmission, l'héritage aussi bien physique et psychique que social, la soif de curiosité... autant de thèmes chers au créateur du jeu. Thèmes développés lors de longues et nombreuses cinématiques, ou dialogues. A tel point que certains n'ont pas hésité à souligner combien Metal Gear n'avait plus rien d'un jeu... mais tenait plus du grand film interactif. Par certains aspects, difficile de leur donner complètement tort. Pourtant, soyons honnête : l'aspect ludique demeure le fondamental du titre. Avant même sa commercialisation, grâce aux bandes-annonces successives, Kojima se joue des joueurs. Son ambition ? Trahir nos attentes ! L'art du contre-pied permanent. Rappelez-vous du séisme Raiden dans Metal Gear Solid 2 ! Deux ans de communication fracassante autour de Snake, pour finalement offrir au monde un nouveau héros ! Héros mal-aimé par le public, héros soutenu par un Kojima qui lui prépare un retour en grâce dans Metal Gear Solid 4. Car l'homme est têtu et impose ses choix. Fragile aussi comme nous vous le dévoilerons demain dans notre Dossier sur Les créateurs. Dévoiler sans ne rien montrer, créer du buzz tout en manipulant... pas de doute, l'expérience d'un Metal Gear ne se conçoit que dans un tout. Pas uniquement lors d'une partie. Kojima a développé son titre en se remémorant ses parties de cache-cache, Kojima s'amuse en faisant passer des messages. Les fans de MGS ne sont pas dupes. Ils ne sont pas là que pour s'amuser, ils sont aussi là pour regarder, écouter, découvrir et s'émerveiller de mille et une trouvailles (ludiques, pour le coup) que le créateur leur a préparé...

Le secret numéro 1 : l'éternellement recommencement
Metal Gear. Une histoire. Mille et une manières de la raconter. Voire de la re-raconter. En effet, inutile de connaître toute la série par coeur pour réaliser combien chaque épisode est construit sur une trame quasi similaire. Eternel insatisfait, et habile manipulateur, Kojima s'amuse ainsi à repenser constamment son histoire dans la forme... tout en réutilisant certains éléments clefs du fond. Inlassablement. L'affrontement de Snake contre Big Boss. L'apparition du ninja. L'activation à son insu d'un mécanisme. La femme vecteur de trahison. Une attaque groupée dans un ascenseur. Certains parleront de clins d'oeil, d'autres d'une sorte de rite initiatique, tandis que certains oseront parler de récurrence de la vie ou... de manque d'inspiration du créateur ! La vérité se cache probablement à mi-chemin de toutes ses propositions.

Un thème musical... made in Russia ?
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le thème principal de la saga Metal Gear pourrait bien ne pas être une oeuvre originale. En effet, le compositeur russe Sviridov s'est étonné de retrouver la même mélodie que dans l'une de ses oeuvres, composée en 1974 et baptisée "Metel". Sans parler de plagiat, avouons que la ressemblance est particulièrement troublante. La preuve en vidéo...

Au-delà du virtuel
L'une des forces de Metal Gear Solid fut de parvenir à imbriquer virtuel et réel. Ainsi, comment ne pas sursauter lorsque l'un des ennemis, Psycho Mantis, parvient à lire en vous, en vous parlant de vos jeux préférés (Castlevania, Suikoden, Track & Field... que des jeux Konami) ou en analysant votre partie ("humm, vous êtes un joueur prudent, vous sauvegardez souvent" !). De la magie ? Non, le personnage scannait votre carte mémoire à votre insu et y récupérait ainsi de nombreuses informations. Surprenant aussi de devoir brancher sa manette dans le port 2 pour le battre. Prise de possession de votre télé (signal AV / HIDEO), ou proposition de réchauffer le joueur avec les vibrations de la manette : Kojima innove. Moins inspiré par la suite concernant ces interactions "hors-jeu", il ne cessera pas toutefois d'interroger les joueurs sur leur rapport au virtuel. Combien de joueurs auront éteint leur PS2, quand le colonel leur ordonnait à la fin de MGS2... ne serait-ce que pour voir ce qu'il se passait !

Le cauchemar de Snake
Metal Gear Solid 3 fut le premier de la série à intégrer un jeu dans le jeu. Un mini-jeu complètement surréaliste où vous incarniez un ninja exécutant des hordes de zombies.... Au programme donc, un gros défouloir avec gerbes de sang et une ambiance sépia. Mais attention, ce mini-jeu était bien caché et intervenait lors d'un cauchemar de Snake, au moment où il est emprisonné, à la fin du jeu. Pour cela, il fallait sauvegarder une conversation sur Codec, relancer le jeu et savourer la surprise...

Une question de références
La saga Metal Gear s'est toujours montrée riche en références en tout genre. De Pinocchio pour le final de Metal Gear Solid 2, en passant par l'ambiance James Bondienne de Metal Gear Solid 3, sans oublier certains duels mémorables à la Sergio Leone... Hideo Kojima multiplie les clins d'œil. Du côté de MGS, on pourra aisément citer les films Full Metal Jacket, Predator, ou encore The Rock. Pour MGS2, mieux vaut aller puiser vers Escape from New York pour les personnages, ou encore du côté de Terminator 2 avec la séquence d'introduction. Plus étonnants, les aventures du célèbre Sherlock Holmes de Sir Arthur Conan Doyle ont aussi contribué à élaborer la relation entre deux personnages clefs de l'aventure. King Kong, Godzilla et Titanic (le héros s'appelle Jack, sa fiancée Rose...) font aussi partie des références à déceler de-ci, de-là. Enfin, impossible de ne pas revenir sur l'hommage rendu à l'exceptionnel ICO dans MGS2 (la séquence unissant Raiden à Emma Emmerich, la sœur d'Otacon).

Hideo Kojima, fan de cinéma ?
Sorti en 2003, le film Azumi de Ryuhei Kitamura (réalisateur des cinématiques de The Twin Snakes, la même année) comprenait une guest star : Hideo Kojima himself ! Amis de la poésie, vous serez ravis de découvrir ici le producteur de Metal Gear dans le rôle d'une brute épaisse vulgairement tuée par Azumi ! Une prestation qui restera dans les annales... ou pas.

Pour la suite des secrets, rendez-vous mercredi...