A mesure que le regard du Prince transperce les âmes, son sabre tranche les vies...Déchirée par de sombres nuages, la nuit semble étendre ses longs bras maigres sur la destinée du Prince. Le visage marqué, buriné par l'effort et l'effroi, le héros solitaire s'apprête à affronter sa nemesis : le Dahaka, effroyable Gardien du Temps ! Finie donc l'époque de l'insouciance. Oublié le luxe des tuniques princières. Aujourd'hui, cruellement balafré, et souillé par le sang âcre des impies, le Prince a fait s'évanouir toute naïveté de son comportement, préférant croiser le fer, afin de terrasser toutes les créatures des Enfers. La réalité, sa vérité le foudroie pourtant encore. Car en ayant libéré les Sables du Temps, cet homme brisé en est conscient, à jamais, il restera pénitent ! Rejoindre l'île du Temps, et convaincre l'impératrice de la justesse de sa quête, voilà l'épopée qu'attend le noble héritier s'il veut enfin mettre un terme à la malédiction. Chaque seconde qui s'égrène l'éloigne cependant de sa tâche. Un assaut. Puis deux. Les têtes s'écroulent. Les membres se disloquent. Dans un éclair morbide, il trace son chemin. Oui, il ne doit perdre un instant.

Dans la pénombre, le Prince aspire ses ennemis vers la mort...Athlétique, le voilà déjà bondissant de terrasses en corniches. Se raccrochant in extremis, il se joue des pièges, virevolte, s'emporte, défie le temps et le vent. Les lugubres créatures qui tentent de ralentir sa progression ne ressentiront qu'un frisson. Celui glacial de la dague princière ! Tout rêve s'est bel et bien estompé. La noirceur a façonné un royaume où les mille et une nuits semblent s'être évanouies. Mais le Prince reste digne. Sa noblesse coule à flot dans ses veines. Il agit comme une ombre, faisant de la furtivité une seconde nature. Pourtant, il le sait. Face au Dahaka, toutes ses ruses voleront vite en éclat. Il lui faudra alors faire preuve d'un courage sans limite pour regarder dans les yeux cet être polymorphe, cet amas de brumes néfastes. Qui se cache d'ailleurs derrière cette sourde malédiction ? Existe-t-il un être de chair et de sang sous ce sinistre masque de mort ? Et pourquoi se sent-il à ce point observé, comme scruté de l'intérieur ? Non, c'est impossible. Le Dahaka ne peut, ne doit, ressentir aucun sentiment pour agir ainsi. Lui, le triste bras armé des légions ténébreuses...

Oh, princesse, rien ne sert de pleurer... car oui, ton Prince a entamé le voyage sans retour...Et pourtant. Pourtant, en son for intérieur, le Prince est agité d'une étrange sensation. Comme si son prédateur portait un lourd secret. Un doute né brutalement lorsque leurs regards se sont violemment croisés au début de son épopée... Alors qu'il s'attendait à voir fondre sur lui cette masse déshumanisée, le Dahaka semblait l'avoir dévisagé puis, avant de s'élancer, une vive lueur avait parcouru ce que d'aucuns appelleraient des yeux. Ou ce qu'il en restait. Même si les souvenirs du Prince étaient embrumés, c'est bien une étincelle de compassion qu'il avait perçu dans cette âme obscurcie... Mais qu'importe ! Non ! Le Dahaka reste la source du maléfice. Il porte les stigmates de son infamie. C'est par l'acier qu'il doit définitivement sombrer pour qu'un jour ce royaume puisse retrouver sa clarté passée ! Jadis l'air se faisait léger, les vallées résonnaient de rires et de plaisirs. Jadis. Aujourd'hui, la souffrance a remplacé l'abondance. C'est donc seul que le Prince pourra rétablir l'ordre. Face à lui se dresse un périple riche en femmes fatales, en joutes magistrales et en morsures cruellement létales. Telle est sa funeste destinée...