Ce quatrième épisode devrait donc aller encore plus loin que ses prédécesseurs, là où ils n’ont jamais osé ou pu aller. Après avoir eu l’occasion de jouer du katana pendant près de quatre heures, je peux vous assurer qu’on va en prendre plein la tronche, même j’ai encore quelques réserves. Ninja Gaiden 4 est bien parti pour être l’un des meilleurs jeux de la licence, haut la main même.

Ryu en retraite forcée, ou presque

Direction Tokyo, dans un futur que l’on ne souhaite à personne. La ville est devenue un véritable enfer sur terre où rôdent démons et autres milices armées prêtes à en découdre. Le puissant Dragon Noir, une créature infernale surpuissante, a été vaincu et sa carcasse gît au-dessus de la ville laissant alors s’abattre une pluie mortelle et incessante. De cette pluie est né le miasme qui envahit peu à peu les bas-fonds de la mégalopole. Les rues ne sont plus que des lacs et rivières morbides, offrant par la même occasion un nid douillet aux créatures des enfers. Un vrai décor de carte postale dans lequel une nouvelle tête va faire une entrée fracassante.

Pour cette première prise en main, j’ai pu jouer aux premiers chapitres du jeu afin de découvrir un pan de son histoire, mais aussi et surtout le nouveau protagoniste de ce Ninja Gaiden 4 : Yakumo. Comme Ryu, c’est un ninja aux capacités surnaturelles capable de courir sur les murs et de faire de la voltige sans se soucier de la gravité. Maître dans l’art du combat et doté d’une agilité spectaculaire, il transforme en charpie à peu de chose près tout ce qui passe, le tout avec un flegme imperturbable. Autant vous dire qu’en termes de classe, bien que ce soit totalement cliché, on se régale et Team Ninja et Platinum Games s’en donnent à cœur joie. Bien moins extravagant qu’une Bayonetta, Yakumo est un mélange entre l’impassible 2B et le charismatique de Ryu. Il est froid et règle presque tout au tranchant de la lame en gardant un sang-froid à toute épreuve. On pourrait même lui trouver une certaine continuité au protagoniste historique de la licence, la sagesse de l’âge et l’expérience en moins.

Appartenant au clan du Corbeau, une famille ninja qui œuvre elle aussi pour la paix, mais dans l’ombre des Hayabusa depuis la nuit des temps, Yakumo a pour mission d'exécuter une prophétie ancestrale. Pour laver l’honneur de son clan, il doit éliminer la prêtresse du Dragon Noir, actuellement gardée prisonnière à Tokyo après avoir tenté de ressusciter la bête, sous la protection d’un certain Ryu Hayabusa. Mais rien ne va se passer comme prévu.

Un système de combat incroyable, presque parfait

Pour l’heure, c’est tout ce que je peux dire de la trame et il est encore difficile de  savoir où l’on se trouve réellement dans la chronologie de la franchise, tant il manque encore des éléments. D’un autre côté, il faut aussi dire que ça part un peu dans tous les sens dans l’univers de Ninja Gaiden et garder le fil peut être compliqué. Ça l'est d'autant plus qu’il est probable que certains pans scénaristiques manquent pour cette démo, comme des cutscenes entre deux missions par exemple. Si ce n’est pas le cas, il y a manque cruel de cohérence et de clarté dans l'enchaînement des événements. On parlera donc de narration plus tard, ici ce qui prime c’est surtout les sensations de jeu, et elles sont géniales. C’est peut-être même là l’évolution finale de la formule Ninja Gaiden à défaut d’être du grand Platinum Games pour ce que l’on a vu.

La patte du studio est pourtant reconnaissable entre mille. Dès le lancement, ça va à 200 à l’heure et l’on prend à peine le temps de respirer. Le jeu est hyper dynamique, presque épileptique tant les animations fusent à une vitesse folle faisant gicler sang et membres dans tous les sens avec une violence jubilatoire et attendue. Qu’elle semble loin l’époque de la triste censure de Ninja Gaiden 3. Ici, on retrouve bien notre plaisir coupable de tailler en rondelles nos adversaires en abusant des combos dévastateurs et des exécutions bien barbares. Yakumo n’a rien à envier à Ryu, il sait y faire. 

Impossible de parler en détail du système de combat tant ce dernier semble profond et demandera plusieurs heures de jeu supplémentaire pour être exploité comme il se doit. En revanche, je peux affirmer qu'il est paradoxalement accessible puisqu'il offre moult outils pour faire des manœuvres offensives et défensives. On retrouve les parades, blocages et autres esquives, ainsi que des attaques lourdes, légères et beaucoup de voltige. 

Yakumo a même la possibilité de se transformer en une forme bien plus puissante, amenant de nouvelles compétences, sans parler du mode berserker qui viendra, lui aussi, apporter son lot de nouveautés. Les combos sont donc très nombreux et surtout très variés. Un tour rapide dans les menus pour voir la liste des coups et capacités suffira à nous donner le vertige. C’est d'autant plus vrai que l’on aura bien entendu plusieurs armes à se mettre sous la dent. Cette démo ne m’en a donné que deux, un duo de katanas et une rapière pouvant se transformer en lance, mais c’était largement suffisant pour voir tout le potentiel de ce Ninja Gaiden 4. 

Il est impossible de bouder son plaisir tant c'est immédiat, comme une bonne baffe qui viendrait nous réveiller. Ninja Gaiden 4 ridiculise la plupart des jeux d'action du genre tant il est vif et visuellement impressionnant. Alors oui, depuis l'eau a coulé sous les ponts et l'on a eu de jolis représentants, à l'instar de Stellar Blade, lui-même excellent. Mais ici, c'est d'un tout autre niveau. C'est comme jouer sur un TGV ou en accéléré. Une décharge nette et franche d'adrénaline directement dans les veines, qui rappelle grandement Bayonetta, Vanquish ou encore le très bon Metal Gear Rising Revengeance. De l'action pure, débridée et spectaculaire.

Ce qui est génial c’est qu’il y a plusieurs façons de faire tout ça, de parer, d’esquiver ou encore de bloquer et de faire des figures acrobatiques. Le gameplay est instinctif et on aura même une zone pour s'entraîner au besoin. Très clairement, les combats de Ninja Gaiden 4 sont une franche réussite, c’est même du grand art à ce stade.

Seule ombre au tableau : la caméra. Que l’on affronte une dizaine d’ennemis dans une arène, une vaste zone ou un gros boss seul au milieu de la salle, la caméra aura tendance à dérailler. Il existe bien un système de verrouillage, fonctionnel et même très efficace lors d’un duel, mais c’est inutilisable lorsqu’on bataille contre plusieurs adversaires. C’est d’autant plus compliqué qu’il y a souvent plein de choses à gérer en même temps puisque les adversaires ont tous des particularités uniques (attaques à longue distance, de zone ou encore aériennes, vitesse accrue, etc.). Je ne pense pas que ce problème soit corrigé d’ici la sortie, il faudra certainement faire avec et je suis déjà en train de m’arracher les cheveux par avance. C’est certainement là le seul gros point noir du jeu à l’heure actuelle.

Du Ninja Gaiden à l’ancienne, mais en plus moderne

Et cette fichue caméra aura vite fait de nous faire perdre le fil des affrontements lorsqu’elle n’en fait qu’à sa tête. Les combats partent souvent dans tous les sens et sont hyper impressionnants, mais surtout c’est toujours aussi exigeant. On aurait pu avoir peur qu’un changement d’écurie ne vienne rendre le jeu moins pointilleux que ne l’est la licence, mais il n'en est rien. PlatinumGames sait ce qu’il fait et ce qu’il a entre les mains. Ninja Gaiden 4 est peut-être le jeu le plus accessible de la licence en termes d’apprentissage des mécaniques, mais il n’en reste pas moins un Ninja Gaiden pur sang, à l’ancienne. Même en mode Héros, hérité de Ninja Gaiden 2 Black, le jeu nous tient tête et on ira manger les pissenlits par la racine, surtout contre les boss visiblement. Si le début du jeu reste inchangé, on imagine que le reste risque de faire très mal. Mais attention, ce n’est absolument pas un reproche, bien au contraire. Quoi de plus jouissif que d’arriver à décimer une trentaine d’ennemis et de s’en sortir indemne ? Ninja Gaiden 4 offre un vrai shoot d’adrénaline et le fait avec intelligence. 

Si je ne peux pas parler de vraie diversité dans le bestiaire en si peu de temps, j’ai pu tout de même affronter des adversaires très différents, ayant chacun des particularités et une méthode pour être affrontés. Du coup, dès que les groupes d’ennemis sont variés, on doit être aussi vif que méthodique dans la manière d’aborder les combats. Le ballet de cabrioles et de gerbes de sang mélangé aux réflexions faites sur le vif rend l’expérience extrêmement grisante et très chorégraphique. On voltige sur un adversaire, on se catapulte sur un autre, on pare une attaque pour faire un coup puissant sur ennemi plus loin qui préparait lui aussi un coup spécial… et tout ça à une vitesse folle dans un déluge d’effets pyrotechniques et des hectolitres d’hémoglobine. Un festival ultra jouissif et jubilatoire au possible, du grand Ninja Gaiden.

Un excellent Ninja Gaiden, mais pas forcément le meilleur de PlatinumGames ?

Ninja Gaiden 4 promet donc d’être un épisode marquant et même  certainement l’un des meilleurs de la licence, mais il n’est pas garanti que ce soit du grand PlatinumGames pour autant. Sur les quatre chapitres présentés, le jeu est relativement convenu comme si le studio était dans la retenue. Alors oui, dire ça quand notre ninja saute d’un immeuble ou fait du grind sur des rails possédés par un démon en courant sur des trains en marche, ça peut paraître bizarre. Mais même si c’est du grand spectacle, du très grand spectacle même, on sait que PlatinumGames peut aller encore plus loin, Team Ninja également. Il peut mieux faire pour nous impressionner et l’on espère très clairement que ça arrivera un peu plus loin dans le jeu. Je vais leur laisser le bénéfice du doute, je n'ai vu que les premières heures. On attendra aussi de voir ce qu’il en est des environnements puisque, en l’état, Ninja Gaiden 4 ressemble à une extension de Ghostrunner 2. On est en plein univers de science-fiction, du cyberpunk cradingue où les ninjas sont rois. Il va même jusqu’à lui emprunter un bon nombre de particularités comme l’utilisation des drones comme perchoir ou encore des phases de plateforme à enchaîner rapidement et l'élimination rapide et furtive d'adversaires au millimètre.

Il faudra s’y faire et ça ne sera peut-être pas au goût de tous, mais la ville est belle, baignée dans une lumière bleutée amenée par une myriade de néons. Par contre en termes de diversité d’environnement, sur les quatre chapitres, je n’aurais vu que les mêmes dédales de ruelles et des immeubles infinis. Impossible de s’y perdre en tout cas puisque c'est très dirigiste et de la peinture jaune nous dessine tout le cheminement. Yakumo n’a qu’à suivre le balisage, même si fouiner sera visiblement récompensé. L’exploration proposera peut-être le strict minimum, mais elle a au moins le mérite d’exister et de nous récompenser. Outre divers objets utiles, on pourra aussi trouver des portails du purgatoire, un lieu hors du temps dans lequel on devra réaliser des défis très difficiles, comme survivre à des vagues d'ennemis. Ils ne seront pas à prendre à la légère et s’ils représentent assurément un challenge relevé, ce sera un bon moyen pour mettre la main sur de précieuses ressources comme de l’or ou de l’expérience d’arme. On pourra même y parier une partie de sa barre de vie pour corser les choses et toucher le gros lot, ce qui sera utile pour améliorer son ninja rapidement.

Du contenu à gogo en perspective et un Ryu en très grande forme

Ninja Gaiden 4 semble donc plutôt complet, d’autant qu’en plus d’une campagne jouable, il sera possible de se faire une place dans les classements avec le mode défi. L’objectif ici sera de refaire les différentes missions avec certains paramètres activés (ou non) pour faire le meilleur score. Il sera aussi possible de refaire les affrontements de boss, toujours dans l’optique de faire exploser les scores. Ajoutons à celà pas moins de 4 modes de difficulté et l’on a déjà la promesse d’un contenu conséquent pour le genre. 

Cerise sur le gâteau, c’est dans ce mode que j’ai pu retrouver ce bon vieux Ryu Hayabusa. Je ne sais pas si ce dernier sera jouable dans la campagne principale, bien que ça semble inévitable au vu de son importance, mais en tout cas, il est bien l’un des personnages jouables du mode défi. Le plaisir de retrouver Ryu est immédiat et ce dernier n’a pas pris une ride. Son gameplay ressemble à deux gouttes d'eau aux précédents épisodes. Les joueurs ayant testé le récent Ninja Gaiden 2 Black ne devraient pas trop être dépaysés. En revanche, il est largement modernisé. Les ninpo peuvent se balancer avec beaucoup plus d’aisance et l’on pourra utiliser la toute-puissance de l’épée du Dragon en changeant de forme comme le fait Yakumo. On retrouvera enfin avec plaisir quelques coups signatures, comme l’envol suivi du plaquage au sol ou les exécutions et les plans de caméra identiques à ceux de l’époque. Clin d'œil ou non, les fans sauront apprécier. 

On attend Ninja Gaiden 4… avec très grande impatience

Avec Ninja Gaiden 4, PlatinumGames et Team Ninja ont clairement réussi à capter l’essence de la licence et de ses combats viscéraux, tout en y ajoutant une nouvelle patte. Le studio de Bayonetta sait y faire avec les beat’em all, il suffit de jeter un œil à son pedigree pour s’en convaincre. Un Ninja Gaiden par PlatinumGames était un fantasme de fan et ce quatrième épisode nous montre que c’était finalement une évidence. La licence et le studio se sont merveilleusement bien trouvés et l’on espère clairement que le mariage va durer. Et ça, je peux le dire qu’après quatre petites heures de jeu, il me tarde donc clairement de le voir dans son ensemble. J’espère simplement que Team Ninja et PlatinumGames se lâcheront réellement, et que la caméra ne gâchera pas trop la fête puisqu’il serait étonnant de la voir être corrigée d’ici la sortie. Mais en l’état, même si ces quelques défauts persistent, on tient certainement là l’un des meilleurs Ninja Gaiden, et assurément un grand beat’em all.