Si vous êtes amateur de sports mécaniques, vous savez que les jeux de gestion pure ne sont pas légions. Bien sûr, la plupart des jeux classiques proposent désormais une composante gestion, mais cette dernière est souvent assez légère, comme dans la série F1 de Codemasters, ou dans la série WRC de Kylotonn (qui passera chez Codemasters dans un an). En fait, à part Motorsport Manager sorti en 2014 grâce aux bons soins de SEGA (et développé par PlaySport Games), il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent si on cherche de la gestion pure. Si ce titre avait défriché le terrain, il traînait pas mal de lacunes, dont l’absence totale de licence officielle. On pouvait ainsi faire de l’endurance, du GT ou de la monoplace, mais sans rien retrouver des championnats existants. Voici pourquoi Frontier débarque aujourd'hui avec F1 Manager 2022.

Là où Frontier a fait fort, c’est que le projet a séduit la FIA et Liberty Media qui ont consenti a confier la licence officielle de la F1 aux développeurs. On va donc pouvoir profiter de l’intégralité des écuries, pilotes et circuits de la saison 2022. Comme vous le savez sûrement si vous suivez le championnat (ou la série Netflix à minima), le règlement a drastiquement évolué cette année, avec une nouvelle génération de voitures qui adoptent un look et une conception radicalement différente. Plus proche du design des Indycars, les nouvelles voitures visent à améliorer le spectacle, et à favoriser les dépassements. Mais ce changement de règlementation est surtout une remise à plat de l’ordre établi. D’ailleurs, on a pu constater depuis le début de la saison que Mercedes Petronas (qui domine le championnat constructeur depuis des lustres) a perdu de sa superbe, tandis que RedBull Racing fait face à de sérieux problèmes de fiabilité.

Drive to Survive

F1 Manager va donc nous permettre de se glisser dans le costume de Toto Wolff, de Christian Horner, ou encore de Gunther Steiner (si vous préférez des objectifs plus modestes). Bien sûr, chaque écurie aura des aspirations différentes, et les objectifs seront de fait plus ou moins ambitieux. Lors de notre démo, on a ainsi pris les rênes de Ferrari. Sans surprise, la Scuderia n’a qu’un seul objectif : remporter le championnat. En optant pour des teams de milieu de grille, on aura bien entendu des objectifs plus mesurés. Bien entendu, quel que soit le choix effectué, il faudra respecter le plafond financier fixé par la FIA à 140 millions de dollars pour l’année 2022. Bien entendue, cela sera un problème lorsqu’on s’appelle Mercedes ou Ferrari, tandis que Haas ou Williams devront faire avec nettement moins.

Pour autant, le jeu ne sera pas radicalement différent d’une écurie à l’autre. En effet, qui dit licence officielle de la F1, dit également deals officiels entre les écuries et les sponsors. Dès lors, difficile de lâcher la bride au joueur en le laissant démarcher des n’importe quels sponsors. Pour éviter le problème, les rentrées d’argent seront donc uniquement faites en fonction de vos résultats sportifs, et F1 Manager laisse totalement le côté marketing, et la recherche de nouveaux sponsors. Pour continuer à simplifier le jeu, d’autres aspects ont également été omis. On pense particulièrement au côté moteur. En vrai, certaines écuries sont également motoristes, ce qui signifie qu’elles construisent leur châssis, mais également leur moteur, d’autres préfèrent acheter des moteurs directement à ces fameux motoristes. En 2022, Mercedes, Ferrari et Renault ont la double casquette (moteurs + châssis) tandis que Honda ne fournit que des moteurs par exemple. Seulement voilà, dans F1 Manager, pas question de donner les clefs de la R&D moteur aux joueurs, et toutes les équipes seront donc clientes d’un moteur qu’on choisit en début de saison. Pourra-t-on opter pour un bloc moteur Honda en jouant avec Mercedes ? La question a semblé gêner les développeurs.

Cash is King

Quoi qu’il en soit, on ne développera donc pas un moteur, et on n’aura donc pas la problématique de trouver des clients pour notre unité lorsqu’on joue avec une écurie motoriste. F1 Manager limite de fait la R&D au simple châssis, mais de manière assez poussée. Si on va devoir développer de nouvelles pièces, il va aussi falloir en gérer la fabrication, et les stocks, ce qui immobilise forcément des finances. Avant d’attaquer un weekend de Grand Prix, on devra ainsi faire des choix imposés par nos finances, mais aussi par notre capacité de production, sur quels stocks de pièces amener. En cas d’erreur d’appréciation, on peut tout simplement se retrouver le bec dans l’eau, avec un pilote qui ne peut plus courir. Les ailes avant des voitures étant particulièrement exposées, et fragiles, il faut en prévoir une petite réserve, mais quid des pontons, ou de l’aile arrière ? Faut-il prévoir un châssis complet en remplacement au cas où un pilote bousille complètement sa voiture ? Vous l’avez compris, la casse pourra rapidement s’avérer désastreuse. Pire, lorsqu’on apporte des évolutions à une pièce, tout notre stock passé peut alors devenir obsolète, ce qui nous oblige à mettre à la poubelle des centaines de milliers de dollars.

F1 Manager 2022 : un nouveau virage pour Frontier ?

En plus de la R&D, il faudra également se constituer une équipe de rêve, qu’il s’agisse des pilotes, des mécanos, ou encore des ingénieurs. On devra recruter intelligemment, et trouver le bon équilibre entre embaucher des nouveaux venus prometteurs ou opter pour talents qu’on payera le prix fort. F1 Manager nous permet même débaucher du personnel chez les écuries concurrentes, ce qui peut avoir un gros impact sur le reste de leur saison lorsqu’on les prive de personnes-clef. En course, si on ne pilote bien évidemment pas, le rôle du directeur d’écurie reste prépondérant. Installé dans le box, ou sur le muret, on va devoir gérer la stratégie de course, et guider nos pilotes pour maximiser nos résultats. En bon directeur d’écurie, le championnat pilote ne nous intéresse pas vraiment, et c’est surtout le titre constructeur qui est visé. Il faut donc marquer un maximum de points sur chaque course.

Comme en vrai, on devra gérer nos pilotes et leurs ambitions personnelles, mais aussi établir des stratégies de courses, afin d’éviter les embouteillages aux stands par exemple. Les essais sont également un passage obligé particulièrement crucial afin de pouvoir optimiser les voitures pour la course, mais également récolter un maximum d’informations pour nos équipes de R&D. Si les graphismes en course restent assez loin de ce que Codemasters peut proposer, les tracés sont méticuleusement modélisés, et on reconnaît parfaitement chaque circuit. Dans notre cas, on a pu assister à plusieurs tours sur la piste d’Albert Park du Grand Prix d’Australie. D’ailleurs sachez que les infos des pilotes et des écuries étaient mises à jour lors de notre démo, avec Ferrari et Charles Leclerc qui obtiennent les meilleures notes de performances.

F1 Manager 2022 : On l’attend…avec curiosité !

Nous n’avons eu qu’une démo en hands off assez courte, mais l’exploitation de la licence officielle de la F1 semble avoir été relativement rigoureuse, ce qui ne surprend pas quand on connaît l’attachement de la FIA et de Liberty Media à l’image de la F1. Pourtant plus habitué aux parc d’attractions et aux zoos, Frontier semble avoir adapté ses recettes au monde automobile avec succès. Reste à voir si le jeu offrira assez de profondeur pour détourner les joueurs de la partie gestion qu’offre la série F1 de Codemasters, ou de jeux plus spécialisés mais sans licence à l’image de Motorsport Manager.