Depuis quelques années, l'univers mythique de Dune s'offre une véritable renaissance vidéoludique. Après la stratégie pointue mais accessible de Dune Spice Wars, et alors que les joueurs nostalgiques repensent encore à l'emblématique Dune II des années 90, Funcom tente désormais une approche radicalement différente. Avec Dune Awakening, le studio norvégien, déjà connu pour son travail sur Conan Exiles, se lance un pari ambitieux : transposer l'univers dense et impitoyable créé par Frank Herbert dans un MMO de survie en monde ouvert. À l'heure où les jeux multijoueurs de cette trempe continuent de séduire des millions de joueurs, Funcom espère ainsi imposer une nouvelle référence en mariant exploration, survie et intrigues politiques sur la planète désertique d'Arrakis. Après plusieurs heures passées dans ses étendues sablonneuses, voici nos premières impressions sur ce titre prometteur.
Avec Dune Awakening, l'objectif est clair mais ardu : évoluer du simple aventurier désespéré à un puissant seigneur de l’Épice, capable d’influencer les luttes politiques du Landsraad. Le gameplay inclut les grands classiques du genre : construction de base, combats PvP et arbres de compétences complexes. Mais c’est surtout grâce à l’ajout d’éléments emblématiques de Dune comme les ornithoptères ou les psychotropes liés à l’Épice que l’expérience devient singulière.
Un bel hommage
Pour mémoire, et pour ne pas totalement perdre ceux qui ne se sont jamais intéressés à cet univers, Dune dépeint un futur lointain où plusieurs grandes familles nobles s'affrontent pour contrôler la planète Arrakis, unique source de l’Épice, une ressource rare aux propriétés extraordinaires. Cette Épice est essentielle, car elle permet le voyage spatial à travers l’univers et possède des vertus psychiques. C’est aussi une substance hautement addictive qui peut altérer votre perception.
Avec Dune Awakening, Funcom ne se contente pas simplement d'adapter fidèlement l'histoire bien connue de Frank Herbert. À la place, le studio a pris une décision audacieuse : imaginer une version alternative de l'univers original. Dans cette nouvelle chronologie, Lady Jessica, un personnage crucial dans l'œuvre originale, fait un choix radicalement différent. Au lieu de donner naissance au célèbre Paul Atreides, destiné à devenir “le messie”, elle met au monde une fille prénommée Ariste.
Cette divergence majeure provoque une cascade d’événements alternatifs pour les joueurs. Ainsi, vingt-neuf ans plus tard, la planète désertique Arrakis demeure plongée dans un chaos politique encore plus intense. Les deux grandes familles rivales, les Atreides (traditionnellement nobles et respectés) et les Harkonnens (connus pour leur cruauté et leur avidité), se livrent une guerre incessante pour le contrôle de l’Épice.
Parallèlement, le peuple autochtone d’Arrakis, les Fremen, qui jouaient initialement un rôle crucial dans l'histoire originale en soutenant Paul Atreides, semblent avoir disparu ou du moins fortement diminué. Leur absence mystérieuse laisse ainsi un vide spirituel et culturel, que de nouvelles religions et factions cherchent rapidement à combler. Ces nouveaux groupes ajoutent davantage de complexité et de diversité aux dynamiques sociales et politiques du jeu. Une très bonne idée.
Selon les développeurs, ce choix d'une trame narrative alternative leur permet d'offrir aux joueurs une expérience bien plus ouverte et flexible. Chaque joueur aurait désormais une influence réelle sur le destin de cette planète mythique, participant activement à l’évolution de l’univers plutôt que d’être simplement spectateur d’une histoire déjà écrite. Ce parti pris ambitieux promet une immersion plus profonde et une rejouabilité importante, permettant à chacun d’écrire sa propre légende dans le sable d’Arrakis. Reste évidemment à voir comment cela peut prendre forme sur le long terme.

Vous commencez à la dure
Votre périple débute donc sur Arrakis sans gloire ni destin messianique. Vous n’êtes pas Paul Atreides, ni même un soldat prestigieux. Vous incarnez un personnage entièrement personnalisable, issu d’une autre planète, envoyé sur Arrakis par une faction mystérieuse pour enquêter sur la disparition des Fremen et, surtout, « éveiller le dormeur ». Et cette personnalisation est particulièrement poussée : l’éditeur de personnage de Dune Awakening va encore plus loin que celui de Conan Exiles. Que vous souhaitiez créer un héros charismatique ou un survivant au visage marqué par les épreuves, tout est possible.
Des visages harmonieux jusqu’aux créations les plus grotesques, le système vous donne une grande liberté pour modeler un avatar unique, aussi étrange ou séduisant que vous le souhaitez. Une première immersion réussie, avant même de poser un pied dans le sable. Une fois votre personnage fait, votre mission commence par… un bon vieux crash de vaisseau. (un classique du jeu de survie, comme le crash d’avion dans The Forest). Vous vous réveillez ensuite dans le Hagga Basin, une vaste région désertique semi-abandonnée qui sert de zone de départ. C’est ici que vous apprendrez les bases du jeu en compagnie de quelques PNJ. Pas de forêt à explorer ou de baies à cueillir ici : Arrakis est sec, hostile, et vous devrez vite apprendre à gérer la chaleur extrême et la soif, les deux vraies menaces du quotidien.

Des mécaniques classiques mais pas que…
Dans la plupart des jeux de survie, vous devez surveiller votre faim, votre fatigue, votre température etc… Dune Awakening simplifie tout ça : ici, seul l’accès à l’eau est vital. Et croyez-nous, vous n’en trouverez pas en ouvrant le robinet. Au début, il vous faudra vous contenter de solutions de fortune : récolter la rosée sur certaines plantes, boire à petites gorgées via votre combinaison (si vous en trouvez une), ou solution plus extrême, extraire le sang de vos ennemis et le convertir en eau. Plus tard, vous pourrez fabriquer des pièges à humidité, inspirés directement des technologies Fremen, et améliorer votre autonomie. Mais l’eau reste une ressource rare et précieuse, et c’est ce qui donne à chaque excursion un vrai frisson ultra appréciable.
Contrairement à de nombreux jeux de survie qui vous clouent à une base qu’il faut entretenir sans relâche, Dune Awakening encourage l’exploration. Très vite, vous serez invité à partir en vadrouille dans le désert pour piller des stations écologiques abandonnées, explorer des épaves de vaisseaux ou affronter des groupes de pillards. L’univers est vaste, changeant et truffé de secrets. Après le passage d'une tempête, de nouvelles zones d'intérêt émergent, tandis que d'autres disparaissent ou deviennent inaccessibles, offrant ainsi une expérience d'exploration renouvelée à chaque cycle. Nous n’avons pas forcément eu l’opportunité de jouer assez pour voir jusqu’où le changement était radical, mais de ce que l’on a pu voir, ça reste très appréciable. C’est une idée assez fabuleuse en y pensant, et pour le moment, ça apporte à l’exploration un énorme plus.
Vous pouvez tout à fait jouer en nomade, bricoler un abri sommaire dans une grotte, et consacrer vos efforts à la récolte de matériaux rares, à la fabrication d’équipements ou à la quête de technologies avancées. Et quand vous serez mieux équipé, une moto des sables ou un ornithoptère vous permettront de traverser la carte à grande vitesse. Le pied pour n’importe quel fan de la saga.

Se construire un chez-soi
Même si Dune Awakening ne vous oblige pas à devenir un architecte en herbe, la construction de base reste un pilier du gameplay, surtout si vous souhaitez gagner en autonomie et en efficacité sur le long terme. Mais contrairement à d'autres jeux de survie qui vous enferment dans une boucle « maison > lit > feu de camp », ici, la construction est libre, modulaire et progressive, parfaitement intégrée à la philosophie nomade de l’univers de Dune.
Au départ, vous bricolerez probablement un abri de fortune dans une grotte ou à l’ombre d’un rocher, juste assez pour poser vos premiers postes de fabrication. Très vite, cependant, le jeu vous pousse à créer des machines de transformation, comme un extracteur d’eau (qui peut filtrer le sang des ennemis pour en tirer de l’eau), un purificateur de minerais, ou encore un atelier pour forger vos armes et armures. Tous ces équipements sont évolutifs et peuvent être automatisés à mesure que vous progressez dans l’arbre technologique.
La personnalisation des bases est également mise en avant. Cela s'inspire très largement de Conan Exiles et la zone constructible peut être étendue à l'aide de "piquets de délimitation", moyennant des coûts supplémentaires et des frais d'entretien réguliers. Que vous souhaitiez construire un complexe Harkonnen brutaliste, une station mobile Fremen, ou un refuge discret camouflé dans une falaise, le moteur de construction vous en laisse la possibilité. Enfin, une base bien conçue devient vite un point stratégique majeur. C’est là que vous stockerez vos ressources les plus rares, fabriquerez des équipements haut de gamme, et protégerez vos secrets… à condition bien sûr qu’elle ne soit pas repérée par des joueurs adverses. Car oui, dans certaines zones PvP, votre base peut être attaquée. Il faudra donc penser à la défense autant qu’à l’esthétique. Et ce n’est pas la seule menace, loin de là.

Arrakis est pleine de dangers
Sur Arrakis, le danger ne vient pas seulement de la chaleur, du manque d’eau ou des autres joueurs. Les ennemis humains et non humains sont nombreux, imprévisibles, et souvent mortels. Dès les premières heures, vous devrez affronter des pilleurs, bandits et autres mercenaires disséminés un peu partout dans le désert. Certains sont bien équipés, d'autres utilisent la ruse, mais tous peuvent vous faire passer un sale quart d'heure si vous n'êtes pas préparé.
Le système de combat de Dune Awakening se distingue des autres MMO de survie. Ici, les boucliers énergétiques, emblématiques de l’univers de Dune, protègent les ennemis de toutes les attaques rapides. Il faudra donc alterner intelligemment entre armes classiques et lames lentes, capables de traverser ces défenses. Certains adversaires plus avancés exigeront même des armes spécialisées comme les disrupteurs, difficiles à obtenir. Le jeu pousse ainsi à bien lire chaque situation et à choisir soigneusement son équipement avant d’engager un combat.
Les créatures indigènes ne sont pas en reste. Si les légendaires vers des sables sont trop gigantesques pour être affrontés de front, leur simple présence suffit à rendre certaines zones extrêmement dangereuses. Des signes visuels et sonores annoncent leur approche, mais mieux vaut fuir avant de finir avalé et perdre tout ce que vous portiez.

Enfin, l’Épice, cette ressource mythique d’Arrakis ne sert pas seulement à renforcer vos compétences : elle peut aussi sérieusement vous désorienter. Lorsque vous en consommez sous forme de Spice Liquor ou de nourriture infusée, vous accédez temporairement à des capacités prescientes, vous permettant d’anticiper les mouvements ennemis ou de réagir plus vite en combat. Mais cette puissance a un prix. L’usage répété de l’Épice entraîne une dépendance progressive, accompagnée de symptômes de sevrage ou de visions hallucinatoires qui peuvent apparaître même en plein affrontement. Ça rappelle un peu le système d’empoisonnement dans Green Hell.
Ces hallucinations prennent la forme de distorsions visuelles, d’illusions troublantes, voire d’ennemis fantomatiques qui brouillent votre perception. Funcom a confirmé que ces effets sont intentionnels et font partie intégrante du système de risque-récompense du jeu. De plus, certaines zones du jeu, notamment les régions fortement imprégnées par l’Épice ou touchées par des événements particuliers comme les tempêtes de Coriolis, amplifient ces effets. Là-bas, la frontière entre réalité et hallucination devient floue, et vos repères habituels peuvent disparaître. Ça change des jeux de survie classiques et c’est grisant.
ON L’ATTEND… AVEC IMPATIENCE
Après ces premières heures passées sur Arrakis, une chose est sûre : Dune Awakening n’est pas une simple variation sur le thème de la survie. C’est un MMO de survie ambitieux, exigeant, et profondément enraciné dans l’univers de Frank Herbert, qui cherche à recréer l’essence de Dune bien plus qu’à cocher les cases du genre. Entre la gestion obsessionnelle de l’eau, les combats intelligents où chaque affrontement peut vous coûter gros, et un monde sans cesse remodelé par les tempêtes, le titre de Funcom parvient à offrir une expérience vraiment dépaysante.
L’aspect narratif, porté par une uchronie intrigante, ouvre un nouveau terrain de jeu pour les fans de lore, tandis que les promesses d’un endgame politique et communautaire laissent entrevoir un potentiel énorme. Est-ce que tout cela tiendra la distance sur la durée ? Difficile à dire pour l’instant. Mais une chose est certaine : Dune Awakening a su capter notre attention. Et maintenant qu’on a goûté au sable (et à l’Épice), on n’a qu’une hâte : y replonger, pour de bon.