Cet article fut difficile à écrire, et sera particulièrement long et dense. Il y a beaucoup de choses à dire sur cette suite aux attentes sans doute trop démesurées. Pour ma part je fais parti de ceux qui l’attendent depuis la fin du premier, même si j'espérais également qu’il reste un jeu unique, une perle de pure beauté témoin d’une certaine époque, à l’instar d’Ocarina of Time en son temps. Mais quelques mois après sa sortie un artwork faisait surface sur la toile, un dessin préparatoire « juste comme çà » d’après son auteur, illustrateur chez Naughty Dog. Ce dessin est - de ce jour à aujourd’hui encore - le fond d’écran de mon PC de bureau, celui-là même sur lequel je tape ces mots. Comme un rappel quotidien de mon attente de la suite des aventures d’Ellie. Paradoxalement je ne guettai pas la sortie du jeu avec impatience, et pour tout dire j’ai su il y a quelques semaines à peine que la galette arrivait en rayon courant Juin, je pensais sa sortie bien plus tardive. C’est qu’en ce moment j’ai bien d’autres choses à penser que le jeu vidéo, entre le boulot de plus en plus dur, les pertes familiales à répétition et cette fichue pandémie mondiale. Peut-être finalement étais-je dans le bon état d’esprit pour me lancer dans cette aventure...

Je tiens à préciser également que ce texte sera en catégorie Spoiler, ou tout au moins semi-spoiler. Car non je ne révélerai pas les soubresauts de l’intrigue mais je suis quand même là pour partager mon expérience de jeu et pour ce faire il va bien me falloir parler des personnages, de la mise en scène, des décors et quelquefois des boss…sans compter mon analyse globale et ma lecture personnelle, ma vision de ce que le titre raconte. Et ce que j’y ai aimé et moins aimé (et je sens que cela fera grincer quelques dents et quelques esprits, mais chaque chose en son temps).

Mon fond d'écran depuis des années maintenant...

LES CHOIX ET LEURS CONSEQUENCES

The Last of Us Part II à pour origine scénaristique le choix que fait Joel à la fin du premier épisode, et des conséquences de celui-ci. Une ‘simple’ décision qui entrainera un tourbillon infernal de tourment et de mort. Tout commence pourtant bien, à Jackson, où Ellie et Joel vivent en paix au milieu de cette bourgade qui tente de se reconstruire après l’apocalypse. La vie semble avoir plus ou moins repris son cours, si on excepte les patrouilles quotidiennes pour débarrasser les alentours des rodeurs - pardon, des infectés. C’est donc par une journée comme une autre que l’on retrouve notre duo, ainsi que Tommy, et que l’on fait connaissance avec quelques habitants de la ville paisible. On découvre ainsi Jesse et Dina, un couple fraîchement séparé dont la jeune fille s’est récemment amourachée d’Ellie. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des…Hum…dans un monde parti en vrille.

Ellie observe Jackson, son nouveau foyer

Mais à l’autre bout de la vallée arrive un groupe dont les motivations nous sont inconnues, mais qui recherche assurément le village de Jackson. Ici nous prenons le contrôle d’Abby et nous est introduit ses compagnons, que nous retrouverons bien plus tard…mais j’en dis déjà trop.

Je préfère prévenir une fois de plus mais à partir de là, je déballe tout. Bon après certains crieront au scandale et au 'divulgachage' rien qu'en lisant qu'Ellie à une nouvelle coupe de cheveu ou s'est faite taouer alors...A PARTIR D’ICI ZONE SPOILERS 100% !

Après quelques péripéties, on découvre qu’Abby et ses amis sont ici pour se venger de Joel. Vengeance qu’ils mettent à exécution, sous les yeux horrifiés d’Ellie. Et voilà…Joel est mort. Le reste du jeu ne sera que pure chasse vengeresse, pure violence et  pure frénésie de haine. Car la jeune femme immunisée partira très rapidement pour Seattle, où Tommy est parti pour venger son frère. Une quête de sang qui ne fera que sombrer à chaque nouvelle étape dans le glauque et le sordide. Toujours plus loin dans la noirceur…

Ellie et Tommy tente de faire leur deuil...à leur manière.

Et c’est là qu’on en arrive au premier point très critiqué et qui divise les fans : La 'Part I ' était teintée d’espoir et d’amour, avec une fin certes un peu amère mais quand même plutôt ‘positive’ (tout est relatif). Le deux n’est PAS DU TOUT sur ce ton là. Les thèmes ici sont bien plus obscurs et emplis de noirceur d’âmes. Ellie n’agit pas par altruisme pour sauver l’Humanité mais par soif de vengeance. À chaque membre du groupe qu’elle retrouve, elle s’enfonce de plus en plus dans l’horreur et la barbarie. Et je vais être très clair, et poser des mots sur ce qui à rebuté tant de joueurs : Ellie EST la méchante dans The Last of Us Part II. Elle est devenue Dark Vador. Elle assassine des dizaines de pauvres trouffions sans la moindre once de pitié, trucide des inconnus sans la moindre sommation, décime des camps entiers sans sourciller. Il faut voir la mise en scène, l’ambiance, les répliques qu’elle lance quand elle égorge son 25ème garde (« et hop, un de moins! » « celui-là c’est fait! » etc)…On incarne dans cette suite un pur agent du mal, venu de loin pour zigouiller le plus d’adversaire possible, sans aucun discernement, sans aucune forme de procès, sans aucune véritable recherche de vérité. Si elle relie parfois quelques fils du pourquoi du comment au cours de son sanglant périple, elle n’en à cure. Elle n’est là que pour retrouver et tuer un à un ceux qui on tué Joel. Et tout particulièrement Abby, qui donna le coup fatal. Cette expédition meurtrière atteignant son paroxysme lors de la scène de l’aquarium, qui voit Ellie commettre des actes impardonnables. Certains joueurs d’ailleurs ne le pardonne pas et estime que le personnage est trahit et détruit dans cette séquence, qui glace d’effroi devant le monstre qu’est devenue notre héroïne.

La descente aux Enfers d'Ellie se déroule sur trois journées, chacune étant plus ignoble que la précédente. Les actes qu'y commet la jeune femme sont tout simplement innommables.

 

L’ENNEMI EST TOUJOURS DANS LE CAMP D’EN FACE

Et c’est en fait à ce moment là que la véritable seconde partie commence. Retour au début du jour 1, mais cette fois-ci du point de vue d’Abby. Car oui, nous revivrons les ‘trois jours de Seattle’ de l’autre coté du miroir. On y apprend que ce nouveau personnage est en fait la fille du médecin qui s’apprêtait à opérer Ellie à la fin du précédent opus. Et que donc Joel à sauvagement égorgé avant de prendre la fuite avec la gamine. Les Lucioles ayant disparu suite à cette sévère déconvenue, Abby et quelques autres membres on fini par rejoindre les Wolfs, le Front de Libération de Washington (l’État, pas la capitale du pays). Mais jamais elle ne cessa de rechercher l’assassin de son père…le prologue nous à montré qu’elle est parvenue à ses fins. C’est par quelques flashbacks que l’on reconstitue le parcours de la femme et ses compagnons durant les quelques années qui séparent le 1 du 2.

Les Wolfs tiennent une communauté de survivants dnas le stade de Seattle

Nous côtoyons donc auprès d’elle les différents membres de son groupe dans un sentiment ambivalent…car si vous avez bien suivi, nous avons sauvagement assassiné une bonne partie d’entre eux plus tôt lorsque l’on jouait Ellie. On découvre leurs quotidiens, leurs relations, leurs amitiés et leurs inimitiés. Certains sont attachants, d’autres un peu lourdingues. Bref on apprend à connaître cette petite dizaine de personnes pour lesquels on à un pincement au cœur. Ce ne sont pas des monstres assoiffées de sang, pas des esclavagistes ou des cannibales…juste des survivants qui on mené une expédition punitive pour venger l’un des leurs.

Abby et ses amis ne sont pas des 'méchants' anonymes...

Il y a une volonté évidente de faire d’Abby un personnage miroir d’Ellie. Dans la trame, dans la mise en scène, dans les lieux traversés parfois. Les deux femmes sont assez semblables dans leur motivations et leur caractère, même si Abby et plus âgée et plus mûre qu’Ellie. On comprend via ces deux personnages que ‘les méchants’ sont toujours ceux d’en face…mais qu’une fois que l’on passe la ligne de front, il ne s’agit là aussi que de gens ordinaires avec leur jours de gloire et leur jours de peine.

Le jeu adopte une lecture en opposition/analogie entre les deux personnages principaux.

Cette ‘leçon de haine’ est subdivisé une fois de plus dans l’arc narratif d’Abby, qui finira par faire connaissance avec deux jeunes Scars, un autre groupe de survivants assez belliqueux et prônant un retour à la nature. De par cette rencontre, elle commencera à voir la ‘guerre’ qui oppose leur clan respectif avec un regard neuf, et comprendra la futilité de tout cela et de la folie des hommes qui s’affrontent pour des raisons ridicules. Grâce à ses nouveaux compagnons, recherchés pour être tué par leur communauté pour une raison sur laquelle je vais revenir plus loin, elle retrouvera une certaine forme de spiritualité voir même d’espérance. Jusqu’à renouer à l’essence même du mantra des Lucioles : «  Quand tu es dans les Ténèbres…cherche la Lumière »
Toute cette aventure finira par rejoindre à la fin du troisième jour le parcours d’Ellie, qui du point de vue d’Abby à tué absolument tous ses amis (épaulé par Tommy). La confrontation sera pour le moins houleuse…parce que oui, l'un des boss du jeu n’est nulle autre qu’Ellie elle-même ! Notre héroïne, tel Anakin Skywalker, étant devenue celle à abattre.

Abby apporte son aide à deux gamins en fuite, alors qu'ils tentent d'échapper à leur secte

CE POIDS QUE L’ON A SUR LE CŒUR

Je ne parlerai pas trop ici du troisième acte, qui je pense doit se découvrir par soi-même, mais dont les thèmes sont le pardon, l’acceptation du deuil, de soi-même et de ses actions, bonnes ou (surtout) mauvaises. Je noterais seulement que cette partie est clairement la plus fouillis en terme de narration, comme si le jeu ne savait pas trop comment se finir. Sachez aussi que celle-ci ne se déroule plus du tout  à  Seattle, mais offre quelques scènes bucoliques de bon aloi, qui font descendre un peu la pression avant le grand baroud final. Qui verra donc un nouvel affrontement entre les deux nanas, toutes deux au bout de leurs vies. Ellie malgré son envie de passer à autre chose ne parvient pas à chasser son besoin de vengeance et part donc retrouver Abby alors en bien mauvaise posture. Dans cet acte de haine, elle sauve la vie de celle qui était condamné à mourir bouffée par les mouettes. Beau paradoxe. Le combat ultime prendra aux tripes, les coups seront violents…Ellie parviendra à prendre l’avantage jusqu’à noyer son adversaire. Mais se ravisera à la toute dernière seconde, totalement consciente du monstre qu’elle est devenue. J’avoue avoir eu peur lors de cette scène…Ellie se laissera-t-elle consumée entièrement ou bien une parcelle de lumière subsiste-t-elle toujours en elle ? Mais ouf, le jeu se termine sur une lueur d’espoir. Infime certes, mais bien présente.

Cette scène m'a mis sous une de ces tensions...

Ce résumé très succinct (tout est relatif :^) ) pour montrer la totale noirceur de ce récit. Neil Druckmann avait prévenu : la seconde partie déstabilisera les fans du premier, qui ne retrouveront pas ce qu’ils espéraient y retrouver. D’où je pense ce rejet d’une partie des gamers ayant apprécié le 1. Beaucoup ne tolère pas la mort de Joel, beaucoup ne tolère pas le fait qu’Ellie soit le mal incarné, beaucoup ne supporte pas le personnage d’Abby, qui semble être comme une pièce rapporté à l’univers. Beaucoup en fait ne comprennent pas que le 2 ne soit pas comme le 1, tout simplement. Mais c’est qu’il s’agit de la pièce centrale d’une future trilogie, donc traditionnellement sa partie la plus sombre, la plus ambivalente, qui pousse son héros/héroïne au bout de ses convictions et de ses limites. Pour encore ramener à Star Wars, Part II est l’équivalent de ‘L’Empire Contre-Attaque’. On n’est pas là pour conter fleurette mais pousser notre protagoniste dans ses derniers retranchements. La troisième partie - qui paraîtra sur PS5, je n’ai aucun doute là-dessus - elle reviendra vers la lumière et l’espoir, c’est certain. Je vais même me lancer dans quelques conjectures narratives, au vu du plan final du jeu (celui du menu avec le bateau pour ceux qui on fini une partie). Abby ayant retrouvé des Lucioles finira par se ‘rabibocher’ avec Ellie (ou du moins elles parviendront à se tenir dans la même pièce sans se sauter à la gorge) et lui demandera de se faire opérer. Ellie y verra sa chance de rédemption face à ses atrocités commises et acceptera de se sacrifier pour produire le vaccin. Fin de la trilogie. Sens du sacrifice, une lueur d’espoir pour l’avenir…voilà comment je vois la fin de ‘The Last of Us’. L’avenir me dira si j’ai vu juste (peu probable).

Par un simple plan, le jeu se termine sur une note d'espoir...

POLEMIQUES, SPOILERS ET AUTRES DESILLUSIONS…

Dire que le jeu fait parler de lui est je pense un doux euphémisme. Vous devez tout comme moi voir un peu partout sur les sites geeks pulluler des news sur le dernier-né des studios Naughty Dog. Des articles positifs et négatifs. Voir carrément hostiles. Bien que je n’ai pas été voir de plus près la nature de ce qui est reproché à cette suite, je subodore de loin les thèmes de discorde. J’ai moi-même quelques gros reproches à faire idéologiquement à ce titre mais je vais revenir tout d’abord sur les rares spoilers dont j’ai eu connaissance AVANT de commencer ma partie et qui déjà agacer une partie du public, à mon grand étonnement. Ceux-ci étaient au nombre de trois, que je vais développer dès à présent.

1) La mort de Joel. Alors là, j’ai été surpris que beaucoup n’est pas vu le coup venir. Tout, absolument tout, indiqué la fin de ce personnage. Je veux dire, à la base même du projet, il ne devait même pas être dans le jeu ! Il devait disparaitre dans l’ellipse séparant les deux opus, après avoir offert une guitare à Ellie (il existe de très rares images de cette scène, filmé à la volée lors de l’unique représentation théâtrale du jeu), bon bien sur depuis cela à été réécris. Alors quand on a su que finalement il été bien présent dans la partie II…bah son destin été plus ou moins scellé. De plus, rien que narrativement parlant, la mort du mentor est un passage obligé dans un récit type ‘le voyage du héros’ (Obi-Wan, Dumbledore, Gandalf etc). Il ne faut pas croire que Druckmann réinvente l’écriture d’une quelconque manière, il ne fait qu’user de codes ancestraux de narration (et qui on fait leurs preuves !). La particularité de ce récit, c’est que le ‘Bon Mentor’ et le ‘Mauvais Mentor’ (généralement l’antagoniste dans les récits classiques) sont la même personne (Joel, donc). Tommy, qui représente la face plus lumineuse du personnage – et qui donc tout naturellement dans cet épisode est beaucoup plus assombri, à l’image de l’histoire – n’est pas un mentor pour Ellie, mais plutôt la voix de la raison (ou de la déraison ici). Au passage Tommy est mon personnage préféré de cette saga, c’est celui qui montre la voie, qui ouvre le chemin, aussi bien physiquement que moralement. C’est particulièrement explicite dans le 1, mais dans Part II aussi. Il y a un coté ‘spirituel’ clairement voulu pour ce personnage et instauré dès son introduction au cours du prologue du premier; d’abord ‘une voix éthérée’ au téléphone avant d’apparaitre dans un halo de lumière salvatrice (les phares de sa bagnole)…bref il y aurait toute une analyse à faire sur Tommy. Qui d’ailleurs se révèle redoutable (voir limite prise de tête !) quand il s’agit de l’affronter dans le 2 ! Il est doué le bougre…Mais quand il tue l’ami d’Abby on comprend qu’il fait lui aussi ‘parti des méchants’…

Il fallait bien qu'il tombe...

2) L’homosexualité d’Ellie. Autre surprise. Je veux dire il y a VRAIMENT des gens qui on été surpris d’apprendre qu’Ellie était lesbienne en jouant au 2 ?! Ce n’est pas comme si c’était clairement établi dans le DLC ‘Left Behind’ (bon ok tout le monde n’a pas forcément fait l’add-on) ou bien finement suggéré dans le dialogue final du 1. Bon après visiblement certains sont gênés de jouer une lesbienne…bon bah je n’ai pas grand-chose à dire là-dessus…Par contre cela me rappelle le ‘scandale’ à l’époque de la sortie de ‘Left Behind’. Comme aujourd’hui, je savais qu’un point faisait polémique dans le DLC mais je ne voulais pas savoir lequel pour ne pas me faire spoiler. Et donc effectivement le contenu aditionnel me choqua de manière assez marqué. Pensez donc, vous y incarnez une jeune fille entre 14 et 16 ans qui égorge, mutile, éborgne des dizaines de pauvres bougres. Et que l’on soit bien clair, à l’époque il ne s’agissait déjà pas que d’infectés mais bien aussi d’humain on ne peut plus en bonne santé. Cette violence qui nous faisait jouer une mineure commettant des meurtres à la pelle me posait déjà problème (et toujours d'ailleurs, mais c’est justement le thème central du 2 ! Et Ellie n’est plus mineure…) et c’est donc ce point là que je pensais voir surgir dans ce fameux scandale. J’avoue avoir bien ri en voyant la nature de celui-ci…Les bonnes mœurs n’étaient point outragé par l’hyper-violence dont faisait preuve la gamine mais par un baiser volé avec Riley sa copine. C’est bien la preuve que les notions de Bien et de Mal sont très différentes en fonction de la morale de tout à chacun…ce qui est aussi un thème de Part II. Neil Druckmann semble avoir bien saisi les points à développer dans son récit…

Ellie et Riley dans Left Behind, lors du fameux passage du photomaton

3) Abby. Apparemment les retours sont assez féroces en ce qui concerne cette nouvelle protagoniste. En grande partie dû à sa corpulence jugée trop masculine. Bon déjà son physique d’armoire à glace, il évolue au fil du temps. Quand elle est plus jeune lors de ses flashbacks, elle à certes déjà une sacrée carrure mais elle n’est pas bodybuildé. Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est rare des jeunes femmes avec de tels physiques ! Moi en tout cas j’en vois tout les jours. Ensuite il faut bien saisir que tout son être est tourné uniquement sur la vengeance et que par conséquent elle passe un temps fou à la salle d’entraînement du stade pour être prête le moment venu. Son pote Manny la vanne même sur le fait qu’il soit surpris qu’elle n’ait pas pris le temps en cette journée de faire de la fonte. Bref, c’est vraiment de la polémique de bas étage. Moi Abby je l’ai beaucoup aimé, à la fois forte et déterminée tout en ayant un coté plus léger et un humour assez froid, tout en répartie cinglante. Son père était tout pour elle et sa perte l’inonde de colère qu’elle ne peut contenir. Ce qui amènera à cette surenchère de violence et de meurtres. Elle est de par sa nature plus brutale qu’Ellie, et n’hésite pas à castagner à mains nues les coureurs ou leurs cousins claqueurs. Ses armes sont bien cools aussi, surtout l’arbalète et son fusil d’assaut. Et puis j’ai adoré pété les carreaux avec son coude. C’est très bête mais il y a quelque chose de libératoire quand elle explose une baie vitrée comme nous on ouvre une porte. Non franchement j’aime bien Abby, je n’ai pas été gêné le moins du monde de jouer avec elle à ‘la place’ d’Ellie. J’espère qu’elle fera son retour dans le III ! Mais à priori oui.

L'évolution physique d'Abby sur une petite décennie, rien de bien extraordinaire même si oui elle à de sacré biscotto!

La transition se fait toute seule pour évoquer les autres personnages. Évacuons assez rapidement Jesse, dans le rôle du mec cool bon et juste. Son sarcasme lui donne rapidement une personnalité attachante et son destin m’a beaucoup attristé. Il part en effet assez vite, mais c’est évidemment une ‘mort-miroir’ à celle de Manny. Passons tout aussi vite sur Yara, qui fait ce qu’elle peut pour aider son frère dans la tourmente. Très vite on prend peine pour elle et là aussi j’aurai aimé la voir plus longtemps, la dynamique de groupe avec Abby et Yel étant intéressante.

Plus haut: Jessie est l'archétype du 'mec cool'. Yara, en bien mauvaise posture face à une femme complètement marteau...

On en arrive aux persos un peu plus ‘problématique’ (le mot est fort). Commençons par Dina. Ah lallaaalallaaa…ce que je ne l’ai pas aimé celle là! Je comprends parfaitement d’un point de vue d’écriture à quoi elle sert : elle représente la bienveillance, l’amour, la famille…tout ce genre de chose. Mais au final quelle Nunuche ! Et surtout, à quoi sert elle lors du voyage à Seattle ? Un vrai boulet que le jeu m’a clairement imposé contre mon gré. C’est typiquement le genre de personnage qui me gonfle, qui n’apporte rien, et qui surtout est bien trop fade. Je veux dire elle ne suit Ellie ‘que par Amour’, ne dit rien d’autre que des gentillesses ou des banalités, n’a aucun véritable accroc dans sa personnalité, rien à quoi se raccrocher. On tente bien de nous jouer la carte de la ‘survivante juive’ lors de la scène de la synagogue mais franchement c’est d’un too much et j’irai même jusqu’à dire assez déplacé. Il aurait été bien plus judicieux qu’elle reste à Jackson, telle une Hélène attendant le retour de son Ulysse parti en Odyssée. Non franchement, ce personnage est vraiment raté et il est heureux qu’on n’est pas à le supporter tout le long du jeu…

Dina ou la caricature de la petite copine fleur bleue sans personnalité. J'ai même cru à un moment qu'elle allait faire un coeur avec ses doigts et dire qu'elle trouve les chatons trop mignons...

Ensuite il y a le cas Lev, avec lequel je vais certainement encore me faire des amis par ici…Alors déjà contrairement à Dina j’aime beaucoup le perso, qui est très réussi. Un peu frondeur, volontaire mais aussi assez naïf dans son genre, ne comprenant pas grand-chose à la foi aveugle de sa mère. J’ai réellement cru qu’on allait le jouer lors de la séquence à Santa Barbara, quand la caméra panote derrière lui. Mais non, pas du tout en fait. Dommage. Par contre là ou je ne suis pas du tout raccord avec ce qu’est le personnage, c’est sur le fait que son vrai nom soit …Lily. Et que n’en déplaise à qui de droit, la ‘Théorie du Genre’ cela ne passe pas avec moi. Cette fumisterie qui me rends dingue et que la Gauche progressiste californienne tente de forcer idéologiquement dans leur œuvres (Netflix si tu me lis…) m’a véritablement dégouté (« Non pitié, pas çà dans Last of Us ! »). Mais là ou l’interprétation devient vraiment déplaisante, voir insultante, c’est quand on comprend que les Séraphites – son groupe de survivants proche de la nature – veulent le/la retrouver pour l’étriper (littéralement) pour son ‘péché’. Y compris sa propre mère. Le message en sous-texte : si vous êtes contre cette théorie, vous êtes un arriéré et surtout un mauvais parent qui mérite la mort. Très subtil, très fin… Alors que l’entièreté du jeu est justement non manichéen, sur ce point précis on tombe dans la bien-pensance la plus abjecte. C’est clairement pour moi le gros point noir du jeu. Parce que oui, croyez le ou non, mais on peut trouver cette ‘théorie’ débile sans pour autant avoir envie de foutre les tripes à l’air de ceux qui s’en revendique…

Je vous laisse à loisir d’écrire en commentaire toutes les insultes et les allusions de bon aloi à mon encontre au sujet de mon intolérable intolérance. Mais par pitié soyez un peu créatif au lieu de me sortir les poncifs habituels des mots en –istes. À bon entendeur !

Enfin, revenons sur quelqu’un qui brille de par son absence. Là je n’ai pas compris…La prophétesse des Scars, ou des Séraphites de leur vrai nom, nous est teasé depuis assez tôt dans l’aventure. Une sorte de Gourou qui semble guider son peuple vers un nouvel Eden, où l’ancien monde doit d’abord être détruit - enfin ‘libéré’ d’après leur croyance. Hors on finit par apprendre que la femme est en fait déjà morte depuis un moment. Heu...Quoi ?? Mais alors à quoi cela sert de nous monter en épingle depuis des heures cette femme par petites touches à droite à gauche ? Par des graffitis, des textes, des dialogues…on finit même par arriver à Haven, son chef-lieu où au final on ne fait pas grand-chose…Il y a clairement un gros défaut d’écriture ou eu des coupes scénaristiques au sujet de ce personnage qui je pense à un moment donné du projet devait être bien plus important. J’ai même eu l’impression durant un temps que la rencontre entre Ellie et la prophétesse serait le point culminant du jeu. Imaginez une scène finale où la Prophétesse découvre la jeune femme sortir d’une zone envahit par des spores, sans masque sans rien (une vision de plus évoquée par Joel dans un flashback). Devenant une sorte d’élue pour ce peuple, Ellie aurait terminé son parcours chaotique en tant que nouvelle Messie d’une véritable bande de cinglé, à la Colonel Kurtz. Cela aurait eu du sens je trouve…mais bon, au final la Prophétesse n’est même pas là…c’est juste un contexte un peu minable pour présenter le peuple des bois. Une vraie déception !

Un personnage qu'on nous monte en épingle durant des heures...pour absolument rien du tout!

ET SINON IL Y A UN JEU DERRIERE TOUT ÇA ?

Ah bah oui au fait ? Je parle, je parle mais on se sert de la manette à un moment donné là dedans ?

Après les dinosaures, c'est au tour de l'Humanité de s'éteindre...

Et bien oui figurez-vous ! On retrouve schématiquement le même canevas que dans le premier, à savoir de l’exploration avec quelques énigmes assez simples pour progresser dans le niveau, puis on arrive à l’endroit que l’on recherche quand débarque des factions ennemis qui vous pourchassent jusqu’à la zone suivante, ou rebelote pour l’exploration. Il faut parfois traverser des zones en mode infiltration, enfin c’est comme cela que c’est pensé mais rien ne vous empêche de jouer les gros durs et de flinguer tout le monde. Mais dans ce cas là, garder un œil sur vos faibles réserves de munitions, on n’est clairement pas dans Call of par ici…les factions ennemis peuvent être soit des Wolfs (le WLF, à la base pour Washington Liberation Front), soit des Séraphites, soit bien entendus des infectés. Chaque groupuscule possède ses particularités et il faudra s’adapter au vu de celles-ci. Pour les Wolfs par exemple, ils ont des chiens qui peuvent flairer votre piste, ce qui oblige à se maintenir en mouvement en permanence, sans se faire repérer par ailleurs (plus facile à dire qu’à faire !). Plusieurs types d’infectés font également leur apparitions, la plus notable étant ‘les silencieux’, qui se déplacent sans bruit et que donc on ne peut repérer avec la capacité d’écoute (le même système que dans le premier). Il faut donc les débusquer en douceur pour ne par alerter toute la meute et se retrouver très vite en bien mauvaise posture.

Les sales cabots seront une vraie plaie, qu'on prendra un malin plaisir à  écharcler

Les infectés sont toujours de la partie, dont un nouveau type plus proches de l'animal que de l'homme qu'ils furent autrefois. Ces derniers se déplacent sans bruit et sont donc 'indetectable' par votre super-oreille.

En terme de jouabilité pure, tout est à l’identique du premier opus, auquel on ajoute quelques capacités de crafts supplémentaires et surtout la capacité de se déplacer allonger au sol. Ce qui combiné avec les hautes herbes permet de se mouvoir assez facilement au nez et à la barbe des traqueurs. Possibilité également de nager sous l’eau, mais les phases sous-marine sont vraiment anecdotiques. Par contre le jeu est très dirigiste, vous ne pourrez pas faire ce qu'il ne veut pas que vous fassiez. Ouvrir une porte même si vous êtes munis d'une hache de pompier, oubliez. Autre cas quand il s'agit de s'enfuir de l'école primaire, vous ne pourrez sautez du toit pourtant pas très haut pour courir au loin...alors que la miss peut sauter par ailleurs depuis des hauteurs bien plus élevées. Une vraie erreur de level-design qui m'a laissé pantois...Car on peut aussi désormais sauter lors de petites phases de plateformes très simplifiées, ce n’est clairement pas elles qui bloqueront votre progression.


Il vous arrivera de nager, mais cela reste assez peu courant...

La progression justement. Nous sommes toujours globalement dans des ‘couloirs’ avec cependant des grandes zones ouvertes quand nécessaire. Je pense notamment à celle du centre-ville de Seattle qui permet d’explorer à l’envie plusieurs bâtiments si on le désire. On cherche parfois son chemin, qui n’est pas forcément évident à trouver au premier coup d’œil mais en faisant un petit tour du décor la suite du parcours fini toujours par se révéler à nous. J’ai cependant eu droit à mes deux/trois passages de ‘tournage en rond pendant 10 minutes’, et notablement lors du passage en bateau avec Ellie, où je me suis perdu à ne pas savoir où aller. Là j’ai vraiment pas mal galéré.

Comment que j'ai pas compris où était la route lors du passage en bateau à moteur !

Pour ce qui est de la maniabilité de nos héroïnes, cela passe mais on sent tout de même une petite lourdeur dans leurs déplacements. On n’est certes pas devant Red Dead Redemption II mais pas devant Horizon Zero Dawn non plus. Et comme dit plus haut Abby étant plus imposante qu’Ellie, elle joue un peu plus le forceps que la frêle jeune femme.

Abby est ,comme on dit, une vraie Masse

Graphiquement c’est là aussi dans la veine du précédent, en plus détaillé peut-être. Je ne sais pas. J’ai refait le 1 dans sa version PS4 il y a quelques années et pour ma part visuellement c’est assez semblable. Mais je ne suis pas un expert dans ce domaine là. C’est beau c’est sur mais est ce plus beau que le premier ? Pour moi c’est pareil. Par contre je peux dire que je n’ai pas été aussi bluffé par The Last of Us part II que par les magnifiques décors du Uncharted Lost Legacy. Pas les mêmes environnements je sais bien mais on ne retrouve pas ces points de vue qui laissaient Baba d’admiration quand on parcourait l’Asie avec Chloé. Ça, c’est certain.

Les décors sont de toute beauté mais je n'ai pas non plus était ébloui.

Par contre il m’est arrivé ‘assez fréquemment’ (les guillemets car pas non plus toute les deux minutes) d’avoir un effet de scintillement lorsque je mettais mon arme en joue. Un léger effet de neige qui dure 1 seconde, le temps que la console calcule le nouvel angle de caméra et ses lumières. Il y a eu aussi dans quelques endroits épars des artefacts buggés sur quelques coins de décors, mais rien de catastrophique (par exemples des textures qui se traversent, un ‘trou blanc’ de lumière qui n’a rien à faire là, ce petit genre de trucs…). Attention toutefois, je joue sur PS4 première génération, la ‘Fat’, qui au passage à souffert le martyr pour faire tourner le blu-ray. Le ventilo n’a pas chômé, croyez moi sur parole ! Mais j’ai connu pire avec Horizon…

Vous apercevez ces 'petites griffures' sur l'écran? Il s'agit d'un étrange petit effet qui survient parfois quand on met en joue. Cela dure à peine une seconde à chaque fois mais c'est bien présent...et cela ne gache absolument rien au jeu.

J’aborde maintenant un point délicat, avec les musiques. Qu’il m’est difficile de dire ce que je m’apprête à dire tant j’admire au plus haut point le travail de Gustavo Santaollala d’ordinaire. Mais là je n’ai pas été touché par sa composition. On retrouve son style c’est évident mais on est loin de ses grandes BO (The Last of Us premier du nom ou le film Carnet de Voyage par exemple). Moins d’envolées lyriques, moins de couleur dans sa musique, plus en retrait…il n’y a pas de grand morceau qui ressort, comme a su le faire le thème principal du 1. Au lieu de cela c’est une suite de mélodies en mode pianissimo à la guitare sèche, de belles factures car bon quand même c’est un cador mais bon voilà…rien qui m’a pris aux tripes ou su me faire vibrer. Ce qui est pourtant fréquent avec cet artiste. Il faudra sans doute que je réécoute la bande originale à part, pour peut-être découvrir un ou deux titres qui me toucheront. Mais comme çà en l’état je n’ai rien retenu musicalement de The Last of Us Part II, en dehors des reprises du premier jeu…
Il faut parler bien entendu des ‘phases de guitare’ qui permettent de jouer virtuellement de l’instrument in-game. C’est plutôt bien foutu, avec l’utilisation du pad tactile mais il faut s’y connaitre un brin en musique pour sortir une mélodie convaincante (ce qui n’est pas mon cas). A voir ce qu’en pense les guitaristes et si ils parviennent à ‘réellement’ interpréter des morceaux avec ce gameplay.

 

Apparemment, oui.

En terme de durée de vie…j’ai trouvé le jeu un poil trop long. Voir même deux poils trop long. Ceci est un pur jugement personnel mais pour moi désormais un titre qui se termine au-delà des 10 heures, c’est trop en ce qui me concerne. Alors les 25 heures pour celui-là…je les ai senti passer! J’ai eu droit à deux ou trois nuits blanches pour en voir le bout, avec parfois de l’agacement quand certains passages était clairement là pour ‘faire perdre du temps’. Globalement je dirai qu’il n’y a pas vraiment de chapitre en trop, mais qu’à l’intérieur de ceux-ci on pourrait facilement enlever une ou deux zones à chacun, pour gagner en fluidité générale. Pour donner un exemple, les 6 jours de Seattle sont bien trop longs. Mais il ne faut pas enlever une journée en particulier mais certaines des péripéties à l’intérieur de chacune de ces journées…on respirerait plus.

Le passage de la grue fut assez épique..mais est-il vraiment nécésaire?


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OK, je pense avoir dis tout ce que j’avais à dire sur cette ‘Part II’. Mais une fois posé tout cela, est ce que j’ai aimé cette suite de The Last of Us ? Oui, beaucoup. Mais on n’en ressort pas de la même manière que pour le premier. Celui que nous appellerons désormais ‘Partie I’ était une claque d’émotions positives avec des personnages attachants qui tentaient de faire des choses bien – ou à peu près juste – dans un monde crépusculaire. On ressort du 2 avec le sentiment d’avoir vécu l’infernale descente en enfer de notre héroïne, devenu un monstre assoiffé de sang, traumatisée par la perte violente de son père d’adoption. Rongée par la haine et la vengeance, Ellie fais son deuil de la pire des manières, dérangeante, troublante, effroyable. En un mot, choquante. Et beaucoup ne pardonnerons pas ce choix de la part du studio, d’avoir ‘cassé’ une de leur idole vidéoludique.

Ellie est une véritable Furie lors de cette quête de sang

Mais c’est que Neil Druckmann délivre ici une leçon bien au-delà du Bien et du Mal. Une leçon où il explique qu’on est jamais dans le camp du bien quand on tue des dizaines de personnes sans remords. Ce qui remet en perspective l’ensemble du Jeu vidéo, dans lequel des dizaines de millions de joueurs s’amusent à tuer et tuer encore. Un média où donner la mort est ‘cool’ et qui fait même gagner des points, du skill, du respect. Alors bien entendu cela reste du ‘Jeu’ mais quand on termine The Last of Us Part II, on se demande vraiment – mais alors vraiment ! - si il n’est pas plus que temps que notre média favori mûrisse et qu’il termine enfin son interminable adolescence pour entrer de plein pieds dans l’âge adulte.

Moi qui désormais opte toujours pour des options non-léthales dans les jeux qui me le permettent l'abscence de ce choix de gameplay dans The Last of Us Part II m'a perturbé. Mais c'était l'essence même du titre et une tentative de rendre compte que toute cette violence omni présente dans le loisir vidéoludique devient tout simplement absurde. Et pour le moins immature...

Car oui, au bout d’un moment il y en à marre que l’un des  principes de base du jeu vidéo soit de tuer, encore et encore. Il est temps de Grandir!