Le communiqué de presse se veut solennel, il est à la hauteur de l’enjeu. Nintendo annonce officiellement son retrait du marché brésilien. La répercussion sur le prix de vente de la Wii U et de ses jeux du droit d’importation devenu prohibitif limite à une petite élite financière l'accès à ce loisir populaire. « Le Brésil est un marché stratégique pour Nintendo, il abrite de nombreux passionnés, mais malheureusement le climat des affaires intenable nuit à notre modèle de distribution », précise le fabricant.
 
La nouvelle console de Nintendo a été lancée en fanfare en novembre 2013, toutefois le président de la branche américaine Reggie Fils-Aime avait déjà pointé l’existence du risque économique que faisaient peser les droits de douane jugés élevés. Le géant japonais peut échapper à cette barrière tarifaire en ouvrant des usines au Brésil, cependant ce dernier refuse cette option jugée trop onéreuse. UOL Jogos, la publication spécialisée référence ajoute que la régulation bancaire locale rend problématique l’achat en ligne de la Wii U. Nintendo ne ferme pas pour autant la porte aux joueurs brésiliens : « Nous poursuivrons notre veille règlementaire afin d’apprécier la meilleure façon de servir nos fans dans un proche avenir ».
 
 
Historiquement, ce pays a été le théâtre de l’affrontement Sega/Nintendo pendant l’époque dorée des consoles 8/16bits. Il tourna rapidement à l’avantage du numéro deux mondial grâce à la signature d’un contrat d’exclusivité avec Tectoy, un puissant et incontournable acteur local. Les innombrables consoles NES clonées ont dans un premier temps comblé l’absence de Nintendo avant que celui-ci ne se penche sérieusement sur les potentialités de ce pays en 1993. Mais la stratégie de localisation de Tectoy remporte l’adhésion des joueurs ravis d’acquérir des titres entièrement traduits et parfois exclusifs sur les plates-formes de Sega, elles-mêmes redessinées. Avec 80% de parts de marché, la firme au hérisson reléguait son adversaire au simple rôle de figurant. Les difficultés de Sega à la fin des années 90 forcèrent à revoir sa politique de développement sans pour autant bénéficier au leader mondial.  
 
Moralité, ce pays a toujours été la bête noire de Nintendo.