Après qu’en 1994 Virtua Cop ait relancé avec succès l’intérêt des jeux de tir au pistolet sur écran, Sega oriente le concept du rail shooter vers une tendance forte, le survival horror. Deux ans plus tard, le fabricant fait mouche avec The House of the Dead. La formule dynamitée du jeu fait événement dans les salles d’arcade grâce à une réalisation soignée, une localisation des dégâts corporels d’une grande précision portées par son ambiance effrayante où l’inattendu rythme des phases d’action incessantes.

 

 

 

L’Am1 est couronnée maître incontesté en arcade avec ce titre, comment alors négocier un identique triomphe sur le marché des consoles de salon ? Le portage de Virtua Fighter 2 et SegaRally auront rassuré les joueurs Saturn sur l’habilité de Sega à relever les plus grands défis. Toutefois, l’équipe de Suzuki et les autres pôles de développement annexes sont mobilisés sur d’autres gros chantiers prioritaires. Ce sera donc une équipe externe à Sega, Tantalus, un studio australien qui a auparavant réalisé pour le constructeur japonais les adaptations de Manx TT (course de motos), wipEout et wipEout 2097 sur Saturn. Ces trois titres souffriront d’un comparatif assassin avec leur homologue arcade et PlayStation sans pour autant sacrifier la jouabilité sur l’autel d’une esthétique identique.

 

 

Le label “arcade perfect” n’était pas inscrit dans le cahier des charges ordonné par Sega cependant le dispositif pré-calculé des déplacements du joueur supposait devenir un avantage dans une conversion moins délicate à aborder qu’un titre exploitant la 3D temps réel. La supervisation bienveillante de l’Am1 ni fera rien. Le délai imposé à la jeune équipe australienne ajouté au “mordant” de la mise en scène très axée sur l’action nerveuse (les zombies et autres abominations génétiques sautaient littéralement à la gorge du joueur) ont compliqué son adaptation sur Saturn. Le scénario à ressort sous entend une réactivité permanente du joueur aux multiples péripéties mais la gestion polygonale des mouvements des monstres a posé bien des soucis à Tantalus.

Afin de conserver une identique frénésie au référent arcade, la résolution graphique de The House of the Dead a subit la même purge que Daytona USA en son temps. Résultat, avec une définition ne dépassant pas les 320x224, la pixellisation à outrance des abominations génétiques n’effraie plus, l’identification est en effet freinée par une bouillie de pixel illisible à l’écran évoluant péniblement à 20 images secondes. Les textures sont absentes de certaines parties des décors tandis que des monstres aux raccords polygonales catastrophiques agitent mollement leurs membres qui se désolidarisent du reste de leur corps. De même, les temps de chargement fréquents coupent court à cette dynamique scénaristique si particulière de la version arcade, elle-même comparée aux sensations que l’on ressent dans les montagnes russes.

En dépit d’une conversion malheureuse, quelques traits du gameplay de House of The Dead ont été heureusement conservés. La localisation des impacts de balles pousse le joueur a viser avec méthode et style une partie précise de l’anatomie des assaillants (une main tenant une ache par exemple) avant de vider son chargeur pour lui arracher la tête ou lui faire un trou dans l’estomac stoppant nette leur progression ou affaiblissant les boss. L’immersion sera toutefois gênée par le design light gun. L’AM4 fabrique habituellement les meubles d’arcade et autres accessoires qui équipent les jeux Sega dans les salles.

La réplique du BDR Custom 45 ne sera pas reproduite pour la version salon. Ce sera un pistolet optique au design épuré, celui proposé lors de la commercialisation de Virtua Cop. La version console sera gratifiée d’un mode Boss (tuer les monstres de fin de niveau en un temps record) et défi (sauver tous les otages) afin d’augmenter la faible durée de vie du jeu. Lancé en 1998, année où le destin tragique de la Saturn est définitivement scellé, ce titre également adapté sur PC ne fera qu’une brève apparition dans les charts mondiaux avant de disparaître rapidement. La franchise conservera malgré tout le support de Sega. Plusieurs épisodes verront le jour en arcade et seront adaptés de manière indifférenciée sur consoles de salon.