"deux pour le prix d'un, c'est cadeau !"
 
Ce n’est pas le personnage le plus intéressant de l’écurie PlayStation. Un discours hyper codifié aidé d’un sourire ultrabright font de Jack Tretton un animateur des ventes plutôt qu’un dirigeant charismatique comme peut l’être Shuhei Yoshida. Mais la curiosité journalistique de Polygon.com s’est intéressée à cet ancien président et PDG de SCEA. Libéré du poids de ses très hautes responsabilités depuis quelques mois seulement, son éloquence marquetée au possible aurait pu gagner en nuance, mais cet entretien révèle un zèle encore tenace.
 
La PlayStation première du nom fête ses vingt bougies. Jack Tretton était aux premières loges. C’est en mars 1995 qu’il rejoint la branche nord-américaine après avoir occupé le poste de vice-président des ventes chez Activision et “generation manager” à JVC. « Le prélancement était incroyable » dit-il enthousiaste. La puissance de la PS frappe les esprits. « Tous ceux qui ont aperçu la machine étaient soufflés. C’était la première fois que je découvrais des graphismes dignes d’une borne d’arcade sur une console de salon ».
 
Si le potentiel technique fit consensus, son appellation provoqua le scepticisme : « La marque PlayStation reposait sur l’idée que cette machine possédait les capacités d’une station de travail à des fins ludiques ». Autre montagne à déplacer, casser le duopole piloté par Sega et Nintendo : « Tous exprimèrent un optimiste prudent [...] j’ai participé à l’organisation des ventes, nous n’avions aucun client ni d’espace de vente [...] les portes devaient être enfoncées ». La suite s’est écrit avec un taux de croissance des ventes à trois chiffres, et un constructeur poussé vers la sortie...
 
Son large succès conditionna les esprits. Sony partait désormais en terrain conquis : « Avec la PlayStation 2, les données étaient différentes. Nous n’étions plus considérés comme le petit nouveau et l’outsider de cette industrie. Nous étions leaders, tout le monde voulait nous voir gagner ». Le géant japonais s’était donné les moyens de ses ambitions. Le lecteur DVD « ouvrait la console de jeu vers un autre périmètre que le jeu vidéo [...] c’était la première fois que deux générations de machine coexistaient » s’enflamme Tretton. Selon lui, aucun fabricant n’avait jusqu’à Sony « conservé son autorité sur le marché pendant deux cycles successifs. »
 
Puis vint ce trou d’air nommé PlayStation 3. La console de tous les excès pour Sony dans un contexte concurrentiel où l’usage a triomphé du graphisme clinquant. « La production industrielle et les coûts se sont avérés un défi considérable [...] la Wii a significativement bouleversé la nature du marché » concède-t-il. 
 
À présent que la PlayStation 4 redonne des couleurs au groupe japonais, l’homme a choisi de s’éloigner de ses prérogatives professionnelles pour une retraite studieuse.