Hello tous,

Pour ce post de reprise qui devrait annoncer une activité à nouveau plus soutenue du blog Rêves Electriques ces prochains temps, je me propose de vous emmener au Myanmar, destination qui s'ouvre doucement mais sûrement au tourisme et qui a encore l'avantage de ne pas avoir été défigurée par ce dernier. Après un peu plus de deux semaines en ces terres, j'en reviens les yeux pleins d'étoiles, l'estomac qui gargouille et un stock conséquent de photos dans ma besace. Superbe mais compliqué, donc.

Le premier truc à savoir sur le Myanmar, c'est que l'été n'est a priori pas la meilleure saison pour s'y rendre. Je dis a priori, parce que les deux mois de chaleur canivulaire en Europe peuvent parfois réserver quelques surprises en Asie, surtout depuis que la mousson est devenue plus erratique avec le déréglement climatique. C'est bien simple: en théorie, nous devions avoir de la pluie quasiment tout au long du voyage (et pas la petite bruine à laquelle on est habitué ici, hein, plutôt les grandes eaux qui vous noient un pays en quelques minutes) ; en pratique, nous ne l'avons vue que durant cinq jours, ce qui est au passage assez inquiétant pour l'économie agricole du pays, qui a besoin de ces eaux pour rester fertile. Une faible mousson, et ce sont dans certaines régions des milliers de personnes qui perdent le fruit de leur labeur, sans autre source de revenus possible. Un comble pour un pays qui, en certaines zones, parvient à obtenir jusqu'à trois récoltes annuelles. Enfin, il faut savoir cette mousson est plus prononcée au sud et autour de l'ancienne capitale, Yangon. Important pour établir sa feuille de route.

I. Y aller, en pratique

Le visa.- C'est à Yangon que nous avons atterri. Evidemment, nous avions préparé la chose bien en amont. En sachant tout d'abord que se rendre dans le pays n'est guère compliqué.  Depuis l'arrivée au pouvoir d'Aung San Suu Kyi, les procédures d'obtention de visa se sont considérablement simplifiées, puisqu'elles passent désormais par le net (pas d'angoisse, ça fonctionne très bien aujourd'hui, https://evisa.moip.gov.mm/).

Le budget.- Un billet d'avion, quelques contacts pour établir une feuille de route et la réservation d'hôtels sont un préalable indispensable. Côté budget, il faut compter 600 à 700 euros pour le billet d'avion A/R avec escale à Bangkok (Thaï Airways est un bon plan, les prestations sont d'excellente facture et les prix bas), et en moyenne 30 à 50 euros la nuit dans des hôtels de bonne qualité - ce qui est important, car les normes internationales pour l'accueil ne sont pas encore la règle partout). Sur place, pour quinze jours, prévoyez 1000 euros tout compris, un petit matelas sur le compte au cas où et changez à Yangon: le pays est sûr, et vous pouvez récupérer vos euros à la fin du voyage, la monnaie étant convertible (demandez le magasin Spirits, qui fait du change à bons taux). Plus besoin d'embarquer des euros ou des dollars, au passage: aujourd'hui, TOUTES les enseignes prennent le kyat sans discuter, même quand le billet n'est pas en bon état. Un monde a changé...

Le mode de transport.- Pour vous déplacer dans le pays, il y a plusieurs options. Soit vous optez pour le combo avion+taxi, qui vous permet de rallier les principales destinations sans trop de soucis mais à coups de 100 à 200 euros par billet à l'aéroport (adapter le budget en conséquence), soit vous choisissez le car, en sachant que les horaires sont très aléatoires et le confort assez rudimentaire. Soit vous privilégiez le train, mais il faudra alors ne pas être pressé, horaires et temps de voyage pouvant varier considérablement. Pour notre part, étant donné qu'il est inenvisageable pour un Européen de conduire lui-même une voiture dans le pays (le code de la route, ils ne connaissent pas, la voiture n'est accessible à la population que depuis moins de dix ans), nous avons opté pour la quatrième possibilité: la voiture avec chauffeur guide. Plus facile pour rallier des destinations éloignées des grands axes, et infiniment plus confortable. Cela aura également été l'occasion pour nous de rencontrer une belle personne, guide et moine à ses heures, qui nous a fait découvrir le pays à travers les yeux d'un Birman. Si vous envisagez d'opter pour cette solution (il faut compter grosso modo 1000 euros pour le chauffeur guide et sa voiture pour dix jours), vous pouvez contacter Zaw Zaw par sa page Facebook https://www.facebook.com/Fatty-Zaw-Zaw-1257156914327831/ ou par mail à l'adresse fatty.zawzaw(at)gmail.com. Le gaillard était conseillé par bon nombre de voyageurs sur les forums du Routard, et nous faisons désormais partie des convaincus.

La santé.- Aller au Myanmar, ce n'est pas comme passer ses vacances au japon, en Chine ou même en Thaïlande. Les normes d'hygiène sont encore rudimentaire, et l'eau n'est pas potable. Les trucs à savoir sont donc nombreux. D'abord, l'eau du robinet n'est pas consommable. Je vous conseille d'utiliser une bouteille d'eau purifiée pour vous laver les dents si vous voulez éviter la cata, et évitez les légumes et fruits non cuits, à moins qu'ils soient à coque. Ensuite, essayez de manger local, cela vous évitera les produits importés avec risque de rupture de la chaîne du froid. Pensez bien sûr à prendre avec vous une trousse de médicaments avec ce qu'il faut de paracétamol et du parfait nécessaire pour soigner une turista carabinée. Sachez qu'il y a des hôpitaux locaux un peu partout, heureusement, et que vous pouvez facilement acheter des médocs en cas de besoin. Prévoyez également le(s) spray(s) anti-moustiques (le 5-5 fonctionne très bien), parce que les salopiauds sont voraces dans le pays, et parfois vecteurs de la malaria (surtout dans les zones très rurales, donc no worry). Prévoyez également des lingettes pour vous nettoyer les pieds, puisque vous êtes tenus de visiter les temples pieds nus. A la sortie de ces balades, un petit passage par la case nettoyage pour éviter les parasites, ça ne peut pas faire de mal. Et pensez à vous mettre à jour niveau vaccins!

La sécurité.- Jusqu'à nouvel ordre, le Myanmar est un pays très sûr pour le touriste, notamment parce qu'y agresser un étranger revient à s'exposer à de très lourdes peines de prison, et surtout parce que les gens sont absolument adorables. En revanche, il ne faut pas oublier que ces terres abritent près de 140 minorités ethniques (reconnues ou non), et que ça secoue parfois un peu. En ce moment, ce sont les Rakhins à l'ouest et les Kachins au nord qui posent des soucis. Je ne rentrerai pas dans le détail de leurs motivations, parce que c'est complexe et surtout très difficile de savoir ce qu'il en est exactement, vu depuis le pays, mais il faut savoir que ces zones sont actuellement fermées au tourisme. De manière générale, renseignez-vous auprès des autorités avant de sortir du circuit principal, c'est pour votre bien.

Les bébêtes.- Oui, il y a encore des bestioles qui peuvent faire peur au Myanmar. Nous en avons croisé quelques-unes, un scorpion et un bible snake, notamment, ce qui signifie qu'il faut savoir rester prudent. Dans l'idéal, restez sur les routes et les chemins balisés, et faites gaffe aux hautes herbes, surtout en début de soirée. Il y a là quelques reptiles capables de vous laisser sur le carreau en un instant, notamment du côté de Bagan et de la capitale, Naypyidaw, où ils pullulent. Mais pas de paranoïa non plus, hein, ces animaux ne sont pas agressifs, et vous laisseront en paix tant que vous n'irez pas leur conter fleurette. Vous aurez plus à craindre des singes que vous risquez d'affronter à un moment ou un autre de votre trip: ils sont "envahissants". Gaffe aux chiens, également, sachant que la rage est endémique dans le pays.

Le respect.- Les Birmans sont des gens très courtois et respectueux, vous allez vite le découvrir. Cela ne veut pas dire, à aucun moment,  que vous avez le droit de jouer au touriste capricieux et hautain. Les habitants sont très attachés à un comportement décent, poli et ils sauront vous rendre la pareille si vous témoignez le respect dû à leur culture. Cela signifie notamment qu'il faut éviter les tenues trop légères (les t-shirts spaghettis et les mini-shorts sont très mal vus, mesdames, entre autres) et savoir faire preuve de discrétion dans les lieux sacrés.

II. Et on y voit quoi, du coup ?

Maintenant que vous êtes parés pour le trip, passons au plat de résistance. Je ne vais pas me substituer à un guide de voyage, mais vous raconter grosso modo le trajetque nous avons choisi de faire. Je l'ai dit plus haut, nous avons atterri à Yangon, ce qui nous a permis deux jours durant de visiter la ville qui, pour être honnête, n'a plus grand-chose d'intéressant. Quelques bâtiments coloniaux, la fameuse pagode Shwe Da Gon... Mais pour le reste, c'est surtout une bonne base pour reprendre des forces après le voyage en avion, mode confort. A la fin du trip, c'est aussi l'endroit rêvé pour faire ses emplettes, notamment au marché Bogyoke, qui est un vrai petit paradis pour les touristes en mal de cadeaux à rapporter.

 

Direction le Sud.- Première étape de notre balade, le Golden Rock. Pas facile de s'y rendre, il faut entrer dans la zone de mousson, et il est vrai que celle-ci est coriace lorsque l'on commence à longer la côte. Mais nous avons fini par arriver à

 

 

Naypyidaw, sur la route du Nord.- Vous l'avez sans doute vue dans l'un ou l'autre reportage. Cette cité sortie de nulle part, conquise sur la jungle, est la nouvelle capitale du Myanmar depuis 2005. Spectacle assez surréaliste de prime abord, les routes, preque vierges de voitures, sur dix voies parfois. En arrivant à Naypyidaw, vous faites halte au milieu de l'axe, sans risquer un instant l'accident. On se demande si tout cela est bien vivant, durant un instant.

Ville militaire avant tout, Naypyidaw a été construite en ces lieux parce que Yangon était trop proche de la mer, et donc trop expozée à une attaque étrangère. Ici, les reliefs montagneux sont une protection, et il se sait, chez les habitants, que ces montagnes sont truffées de tunnels et d'armement anti-aérien. Mais ça n'a pas empêché la vie, finalement, de s'installer. Les rues aujourd'hui sont vivantes, le marché noir de monde. Le contraste est saisissant avec les hôtels, vides, qui attendent leurs clients à la sortie de la cité. Ils ont été construits, dit-on, par les familles des militaires autreoifs au pouvoir, et anticipent la montée en puissance annoncée de la capitale. Ils sont déjà, désormais, envahis à l'occasion lorsque se tient le marché de jade, très prisé des Chinois. Ce jade dont le Myanmar est si fier, que le pays exporte volontiers et auquel il a consacré un jardin dans la cité. Un jardin où aime se reposer le mortel bible snake, alors gare: la nature, ici, n'a pas encore compris qu'elle n'était plus la bienvenue.

 

 

Grimper jusqu'à Kalaw, filer jusqu'au lac Inle.- L'étape suivante mène à nouveau dans la montagne. Cette fois, c'est Kalaw qui s'offre au voyageur, avec ses influences indiennes et népalaises. Ici, plus encore qu'ailleurs, on prend plaisir à flâner, explorer les rues et les petits marchés où la vie grouille au fil des effluves d'épices, de fruits et de chairs exposées à la chaleur de la journée. Petites pagodes, stuppas, monastères y sont à visiter,  ce qui fait de l'escale un bon moment à passer avant de rallier le lac Inle. Deux heures de route encore, et le voici qui s'offre au regard. On voit le lac depuis les hauteurs, immense, constitué en réalité de plusieurs lacs interconnectés. Mais ce qui marque, c'est cette activité humaine qui gagne sans cesse sur l'eau - au coût, hélas, d'une pollution croissante et d'une baisse de la biodiversité. Une cité lacustre a ici été érigée, spectacle improbable et magique que l'on trépigne déjà de découvrir le lendemain.

On s'arrête à Nyaung Shwé, petit village de bord de lac judicieusement situé, pour se reposer. Et le lendemain, c'est en barque motorisée que l'on s'embarque pour la balade. Sur le lac se déploie toute la vie d'une communauté. Agriculture, pêche mais aussi ferronnerie, couture et tissage (notamment du lotus, unique dans le pays), travail du bois... L'artisanat est roi. Une pagode a également édifiée, conquise sur l'eau, c'est la Hpaung Daw U, la visiter est un privilège rare... Mais pas aussi précieux que celui de découvrir le Ngha Phe Kyaung: ce monastère, tout en bois, était surnommé monastère des chats sauteurs car les moins y enseignaient aux félins des acrobaties pour passer le temps. Il a été considéré que cela les distrayait de leur méditation, alors le loisir a cessé. Mais les chats sont restés, fidèles et mollassons, et l'on s'amuse de cette sympathique cohabitation, désormais.

 

 

 

Les temples de Bagan.- C'est le paysage de carte postale par excellence. Tout le monde a vu ces aurores et crépuscules immortalisés à Bagan, où la conversion d'un roi, autrefois, a mené à l'érection de plusieurs milliers de temples et des stuppas en l'honneur de Bouddha. Il en reste plus de 2000, aujourd'hui encore, et c'est vrai que le spectacle est fabuleux, pour peu que l'on arrive à se frayer un chemin entre les hordes de touristes sur les stuppas les plus prisées le soir venu. Heureusement, dans la chaleur de l'été, au coeur de ces terres étonnamment arides, ces visiteurs se font moins nombreux en journée, et il n'est pas rare de découvrir les peintures et vestiges des plus belles survivantes millénaires sans être perturbé par le moindre bruit. Spectacle incroyable, car c'est ici que le bouddhisme s'est imposé en Birmanie, sous la main d'Anawrahta qui fut aussi le premier empereur birman.

 

 

La région de Mandalay.- Deux ou trois jours ne sont pas de trop pour découvrir Bagan. Puis l'on repart, cette fois encore vers le nord, pour rallier la région de Mandalay. Mais sur la route, d'abord, une folle vision, celle du mont Popa, un volcan endormi sur les flancs duquel est érigé le Taung Kalat, monastère perdu dans les nuages. Il faut gravir 777 marches pour parvenir au sommet et visiter cet endroit incroyable. Il faut aussi affronter les singes, qui ont envahi l'espace et réclament sans cesse leur dû auprès des visiteurs. Mais l'effort en vaut la peine, vraiment, le lieu est des plus inoubliables que nous ayions découvert dans le pays.

Plus rurale que Yangon mais aussi plus décontractée et moins mangée par l'automobile, Mandalay semble évidemment moins attrayante que le mont Popa. C'est pourtant se tromper. Car si nous sommes à nouveau dans la grande ville, et il faut simplement savoir où regarder. Heureusement, le guide est là pour aider, et c'est grâce à lui que l'on découvre les petits trésors cachés de la cité, tandis que nous apprécions par nous-mêmes la gastronomie locale. La pagode Kuthodaw, notamment, est fascinante. Elle abrite, gravées sur des centaines de stupas, les pages du canon bouddhique, ce qui fait du lieu le "plus grand livre du monde". Le pont U Bein, en bois et long de plus d'un kilomètre, est également à visiter absolument. Au-dessus de l'eau se déploie un festival de petits marchés irrigués par un flot incessant de locaux et de touristes traversant la rivière. C'est d'ailleurs d'eau, également, qu'il est question pour découvrir un autre trésor de la ville: il faut prendre le bateau (le matin avec les touristes pour quelques milliers de kyats, l'après-midi avec un bateau privatisé pour 30000 kyats - 25 euros) pour rallier Mingun, où se dévoilent d'imposants vestiges archéologiques, la deuxième plus grande cloche du monde et une somptueuse pagode. Un dernier arrêt idéal avant de s'en retourner vers Yangon. Le Nord du pays, ce sera pour le prochain voyage...