Yop les aminches !

Je l'attendais avec curiosité, et je dois dire que j'ai été servi. Hier soir se dévoilait la beta fermée du prochain Homefront, intitulé The Revolution, via le mode multijoueur coop que le titre proposera lors de sa sortie annoncée pour le 20 mai prochain. Un peu plus de trois mois avant la version finale, donc, ce qui nous laisse à penser que le produit proposé peut encore évoluer. L'avis que je partage ci-dessous est donc susceptible de changer. Heureusement.

Pour être totalement transparent, je fais partie des quelques joueurs à avoir été convaincus par le mode solo du premier Homefront. Si les mécaniques de jeu y étaient foncièrement old-school, il se dégageait du titre, par sa narration et son scénario écrit par John Milius (Apocalypse Now), une puissance d'évocation assez dingue pour une situation pourtant hautement improbable eu égard aux données de la géopolitique mondiale : une invasion nord-coréenne sur le sol étasunien. Je dois dire que la partie technique me semblait également tenir la route. Le multi, lui, je ne l'ai même pas lancé: le produit me semblait trop rigide pour s'y prêter. J'ai peut-être eu tort, puisqu'une petite communauté de convaincus s'est créée autour de ce PVP à l'époque.

Bref, toute cette introduction n'avait pour autre but que de vous faire comprendre que j'attendais la suite avec un a priori plutôt très positif.

Pour ce que l'on en sait, Homefront The Revolution prendra place deux ans après les événements du premier opus. Difficile pour l'instant d'en savoir davantage, si ce n'est que l'équipe de développement a changé, le projet ayant cette fois été confié à Dambuster Studios, un studio de Nottingham affilié à l'éditeur Deep Silver et né sur les ruines d'une autre équipe, celle de Free Radical Design, à qui l'on devait entre autres Timesplitters, Second Sight et Haze. C'est, pour faire simple, la même équipe qui bosse sur le projet que celle qui a été revendue par Crytek en 2014,  lorsque ce dernier a souffert de problèmes financiers. Il n'y a guère qui le nom qui a changé.

La première sortie du jeu devant les joueurs a duré un peu plus de trois heures: l'accès à la beta fermée devait  être possible de 20h à 23h, il a en réalité tenu jusqu'au-delà de minuit. Il s'agissait, en l'occurrence, de se confronter au mode multijoueurs coopératif du titre - il n'y aura apparemment pas de PVP dans ce deuxième volet. L'idée n'est en soi pas désagréable: il s'agit d'y faire survivre une escouade de quatre joueurs dans un environnement résolument hostile, ouvert et dans lequel il est difficile de passer seul, tant les lignes ennemies sont denses et bien équipées. En clair: le joueur est ici en situation de désavantage flagrant face au CPU, et c'est la technique de la guerilla urbaine qui doit guider ses pas.

L'idée du développeur, il faut le reconnaître, est assez bien sentie. Longer les murets, s'abriter derrère des voitures ou dans des recoins sombres au passage de patrouilles lourdement armées, monter une embuscade avec ses coéquipiers pour prendre en tenaille l'ennemi  dans un lieu que l'on aura choisi pour donner un avantage stratégique à ses troupes... Le level design de Homefront The Revolution est plutôt malin, proposant de multiples manières de prendre l'avantage sur l'adversaire, et surtout de se carapater vers un abri sûr dès  que les choses semblent mal tourner. Le titre parvient à restituer l'image que l'on peut se faire d'un harcèlement constant face à l'occupant, ce qui explique sans doute aussi le nom de ce mode, "Résistance". La pénurie de munitions est également assez bien trouvée, elle est omniprésente d'autant que les ravitaillements sur les ennemis éliminés sont en général très, très modestes.

Le reste semble assez classique: chaque début de round permet de choisir son orientation combat, ses armes (plutôt adepte du pompe, de la mitrailleuse ou du fusil?) et de faire évoluer son personnage au gré des packs d'équipements que l'on peut acheter avec les points gagnés au fil des batailles. Un petit mix CS/Battlefield pas désagréable, mais qui manque pour l'instant clairement de lisibilité. Il faudra revoir l'interface de gestion d'ici la sortie.

Sur le terrain, l'affaire souffle le chaud (un peu) et le froid (nettement plus). La première chose qui frappe, ce sont les maps très travaillées, où il est possible de passer à peu près partout, par les toits, par les logements abandonnés, par la rue, par les caves... Il y a énormément à explorer. Mais si les environnements sont vastes et totalement ouverts (bien que le titre vous incite à suivre une sorte de colonne vertébrale pour poser son challenge), la première chose qui frappe, ce sont surtout les problèmes de framerate. Le titre peine à maintenir ses 30 FPS, et souffre donc de sérieux soucis de fluidité.

Autre (gros) souci technique, la prise en main. Homefront The Revolution ne  rate pas ses objectifs sur le plan des possibilités offertes, mais pose une lourdeur et une imprécision au pad que l'on croyait révolues depuis des années dans ce genre de jeux. Je ne suis guère adepte des FPS sur console, mais il est particulièrement désagréable de devoir, au pad, ramer pour viser sa cible, en luttant contre la latence de la manette ET contre la mauvaise gestion que fait le jeu du ciblage automatique: lorsque le combattant met en joue pour cibler l'ennemi, l'autoaim peut à l'occasion choisir... de cibler un allié PNJ, et ne plus le lâcher. On rit, d'abord, puis on a envie de tout cramer lorsque l'on se fait canarder et flinguer pour un bug aussi grossier.

Pourtant, cela ne suffit pas à décourager le joueur. Il y a dans cette affaire un potentiel certain qui demande à s'exprimer. Mais il faudrait pour concrétiser la chose parvenir à revoir le moteur du titre, et surtout remettre à niveau l'IA. Car là réside le plus grave des reproches que l'on peut faire au titre en l'état: de mémoire de joueur, je ne crois pas avoir vu d'ennemis plus incompréhensibles que ceux mis en scène dans the Revolution. C'est bien simple: vous pouvez tomber nez-à-nez avec eux sans qu'ils vous mettent en joue ou attendant simplement d'être trucidés par vos soins, attirer un agro sans avoir fait un bruit (ou passer à quelques mètres d'ennemis qui ne tilteront pas) voire même prendre une balle venue de l'espace sans avoir la moindre chance de comprendre ce qui vous arrive. Le comportement des ennemis est à ce point erratique qu'il ruine pour l'instant toute tentative de développement d'une véritable stratégie pour progresser dans le niveau. Conséquence regrettable: le challenge des affrotnements directs perd tout son sel, et la partie devient une course aux check-points, à pinces ou à moto selon le niveau, en remplissant le plus vite possible les quelques missions élimination proposées.

Au bout de trois heures de jeu, le constat se fait sans appel. En l'état, Homefront The Revolution n'est pas armé pour rivaliser avec les productions du moment. Evidemment, c'est le propre d'une beta que de tester un concept, des idées, alors que la partie technique n'est pas totalement achevée. Mais en l'occurrence, il est ici permis de s'inquiéter, car trois mois, c'est très peu pour remettre d'équerre tout ce qui doit être revu afin de faire de ce titre une aventure digne d'intérêt. Les gars, va falloir se retrousser les manches et se mettre au boulot. Vite, il y a potentiellement un bon petit jeu à sauver.