Comme rarement Nintendo sort surarmé de la longue période de confinements. Enrichit d’un trésor de guerre évalué à plus de neuf milliards de dollars, dès lors le constructeur ne s’interdira rien. Mais plus qu’une acquisition de studios, le PDG Shuntaro Furukawa cible de préférence l’appropriation de technologies de rupture. Une condition sine qua non aux yeux du jeune dirigeant, car le successeur de la Switch se doit d’offrir « une expérience ludique unique ».

Rompu au grand oral, l’homme fort de Nintendo s’est félicité auprès d’un parterre de financiers et d’actionnaires de la bonne santé de l’entreprise. Mais passé cet exercice d’autosatisfaction, S. Furukawa est abondamment questionné sur le devenir de ce confortable matelas financier. Tout cet argent frais sera-t-il bien dépensé ? Comme charité bien ordonnée commence par soi-même, Nintendo se doit de se constituer « des réserves de liquidités » dans le but de se protéger d’un possible accident industriel, capable de l’ébranler jusqu’à ses fondements, à l’image de la Wii U.

L’arbitrage financier composera également avec ce qui se dégagera de l’état de veille technologique destinée à « acquérir des entreprises propriétaires de technologies » convoitées par le constructeur. Erigés en dogme, les critères de différenciation concurrentielle d’une console Nintendo se doivent d’être suffisamment palpables aux yeux des joueurs. Toutefois, la « vitesse à laquelle la technologie évolue » peut rapidement fausser la valeur ajoutée d’une console souligne S. Furukawa. Ainsi aussitôt acquise et intelligemment assimilée au savoir-faire de Nintendo, elle sera en mesure de proposer « une nouvelle forme de divertissement ».

C’est pour le haut dirigeant « un facteur décisif » dans la guerre commerciale qui l’oppose à Sony et Microsoft. Elle est l'oeuvre d’une préparation « s’étalant sur plusieurs années » durant lesquelles « les équipes de développement matériel et logiciel travaillent étroitement ». L’objectif est d’être force « de propositions nouvelles et surprenantes » sous peine « d’être oublié ». Si bien que le budget en recherche et développement (R&D) se doit d’être à la hauteur de cette noble ambition. Sur fond de vieillissement progressif de la Switch, les dépenses en R&D ont augmenté cette année fiscale de plus de 10% (850 millions de $ soit presque autant d’euros).

A l’instar des consoles de transition PS4Pro/X1X, Nintendo serait tenté d’explorer cette voie avec une ‘’Switch Pro’’ avant de lancer un modèle tout en rupture.