Promesse tenue. Contre ventes et marées, le président Satoru Iwata s’engageait devant un parterre d’investisseurs et analystes à renouer avec les bénéfices. Nintendo vire en effet au vert après deux années de vache maigre. Mais au sortir de la traditionnelle conférence financière qui accompagne la publication de ses résultats, les perspectives d’avenir formulées par Iwata restent vagues.

L’excuse de la confidentialité est néanmoins acceptée. Ce manque de précisions n’interdit pas à Iwata de s’accrocher à son cap général de croissance future dans lequel s’inscrit la réalisation de jeux sur consoles propriétaires et sur formats mobiles complémentaires ainsi que le nébuleux Quality of Life. L’homme fort de Nintendo fait toutefois observer la nature incomparable des produits de la société profondément gravée dans son ADN « depuis le lancement de la Nintendo Entertainment System en 1983 » , souligne-t-il. En dépit des bouleversements majeurs qui ont transformé l’industrie des loisirs interactifs depuis 30 ans, l’axe de développement choisi par le géant japonais ne bouge pas d’un iota. Ni hier et encore moins aujourd’hui semble insister le haut dirigeant : « Nous persévèrerons dans la valorisation de l’esprit d’originalité décrite dans notre projet d’entreprise. La véritable valeur du divertissement réside au travers de sa singularité ». Une devise qui a trouvé ses limites.

La Wii U démontre des qualités intrinsèques difficilement palpables au sortir de son périmètre de niche. L’abandon de l’argument marketing stratégique (“gameplay asymétrique”) avait été mal perçu par la communauté financière, vite qualifiée de repli défensif face à la formidable pression concurrentielle imposée par le duo PS4/Xbox One. Une perception négative contrebalancée par une optique de croissance dite “agressive” nouvellement formulée par le responsable. L’alliance avec l’éditeur DeNA l’illustre. « Nintendo maximisera la valeur de sa propriété intellectuelle en encourageant un plus large public à découvrir son offre ludique favorisant ainsi l’expansion du marché des jeux vidéo » se félicite Satoru Iwata. Une autre facette de sa reconquête de la croissance vertueuse (autrement dit de “cash machine” en ces temps de vache maigre) emprunte le chemin du partenariat avec le groupe Universal Parks & Resorts en faveur duquel les personnages fétiches de Nintendo prêteront leur image à des jeux d’attraction. Mais aussi dans la production de contenu audiovisuel et la maximisation du merchandising. Cette exploitation des IP de Nintendo ne s’appliquera pas de manière indifférenciée : « En choisissant de manière flexible la méthode promotionnelle optimale adaptée à la spécificité de chaque icône, nous augmenterons leur visibilité à une large audience ».

Cette démocratisation du jeu vidéo que l’on croyait acquise avec le succès planétaire de la Wii représente donc un chantier permanent pour Nintendo. Elle s’épanouira vraisemblablement par un détachement artificieux aux yeux du grand public. Celui-ci se nomme Quality of Life (QoL), un programme de santé en ligne aux contours flous. Si les informations recueillies auprès de l’utilisateur sont très certainement à prendre avec distance, leur communication adoptera un positionnement ludique, semblable à la philosophie du plug and play (branche et joue) des consoles du fabricant.

La multiplication de ces leviers de croissance pourrait prendre le chemin du désordre pour une société monolithique. Il fallait donc dépasser l’espace de fidélité appelé Club Nintendo en faveur d’un service intégré. C’est l’objet du « integrated membership service », un système d’identification commun à la galaxie de dispositifs du japonais (3DS, NX, QoL, WiiU) et ses liants (PC, tablette, mobile intelligent). « C’est une version améliorée du programme de fidélité actuel », précise Iwata en ajoutant : « les titres Nintendo seront jouables indépendamment de la plate-forme ».

Ces nouveaux défis ont vocation à préparer Nintendo à la conquête de nouveaux réservoirs de croissance où l’intégration du matériel, des contenus et des services en ligne est unifiée. « Après avoir lancé son activité de Hanafuda (cartes à jouer) il y a 125 ans, Nintendo s’est transformée en une société de jouets électroniques pour enfin devenir un fabricant de consoles et éditeur de jeux vidéo, énonce Satoru Iwata. Au rythme de nombreux échecs et de petits succès (sic), nous avons à nous seuls réussi à relancer cette industrie. » For de cette antériorité qui envoie un message d’optimisme aux financiers et balaie par la même le cliché de société conservatrice si souvent meuglé par ses détracteurs, Nintendo élargi lentement mais sûrement le périmètre du divertissement interactif capable « d’apporter de la joie » vers un horizon où de manière générale le bien-être prime.

Source : Nintenboy.com