Les résultats de fin d’année en trompe-l’oeil de Nintendo inquiètent de nouveau les analystes. Si la situation financière du fabricant s’améliore nettement avec un bond vertigineux de son bénéfice net à 45 milliards de yens (contre 10 milliards l’exercice précédent), sur les deux fronts commerciaux il en est tout autrement. L’évolution favorable du yen associée à l’optimisation des coûts manufacturiers de la Wii U (à dissocier des économies d’échelle liées au comportement positif des ventes) donne de l’oxygène à la firme de Kyoto qui revient en territoire positif sur le plan financier.
 
Mais la dépréciation de 7% de ses prévisions de ventes en dépit des anticipations annuelles situées dans la fourchette basse alarme les analystes. Pour ces derniers, la stratégie éditoriale de la Wii U a atteint ses limites en dépit du lancement réussi de Mario Kart 8 et de Super Smash Bros. La console performe à moins de la moitié du rythme de son prédécesseur. Selon un responsable du cabinet Ichiyoshi Asset Management Co. « Nintendo peine à dépasser son coeur de cible ». La 3DS pourtant portée par un catalogue de hits plus conséquent que le modèle de salon ratera l’objectif fixé pour cette fin d’année fiscale qui se clôt le 31 mars. La réactualisation du format de poche vedette du fabricant (sobrement appelé New 3DS) gagnera trop tardivement les marchés occidentaux pour infléchir la courbe décroissante des ventes.
 
Selon le rapport d’un observateur financier travaillant pour JP Morgan Chase & Co. et publié la semaine dernière, la Wii U plombera l’activité de Nintendo tandis que les profits dégagés par la 3DS déclineront au prochain exercice. Sur la foi d’une indiscrétion en provenance de la direction du fabricant, l’analyste estime qu’une hausse des ventes n’interviendrait pas avant mars 2017.
 
 
En spéculant sur le maintien de la stratégie de refus de pénétrer le juteux segment des jeux sur smartphone, ce sombre tableau économique oriente les projections d’analystes vers la perspective d’un renouvèlement des deux consoles de Nintendo à court/moyen terme. Dans un tweet sibyllin, un porte-parole du géant japonais précise que compte tenu de l’état de santé fiévreux du président Satoru Iwata (l’hypothèse d’une dégradation de son état de santé liée à sa récente opération d’une tumeur bégnine est écartée par la direction), ce dernier n’est pas en mesure d’assurer la conférence financière qui d’ordinaire accompagne la publication des résultats de Nintendo. Il s’est en revanche brièvement exprimé sur la probabilité qu’une nouvelle console de salon prenne la succession d'une Wii U en perte de vitesse. « La Wii U n’a pas abattu toutes ses cartes. J’entends poursuivre mes efforts étant donné les attentes élevées des consommateurs », une déclaration relayée par le site Sankei.
 
Cependant, la convalescence de quelques jours du haut dirigeant de Nintendo nous prive d’une réaction opportune aux spéculations d’Eiji Maeda, analyste chez SMBC Nikko Securities Inc et rapportée par l’agence Bloomberg. Au vu de la révision à la baisse de 25% des ventes de consoles 3DS sur l’année fiscale en plus des objectifs de ventes de logiciels sabrés de 9%, « le format de poche a dépassé son pic des ventes inscrit dans le cycle de vie traditionnel d’un produit. Selon toute logique, un nouveau modèle serait sur rails pour 2016, nous sommes donc dans l’attente d’informations dans le milieu de cette année », pronostique Eiji Maeda.
 
Les Amiibo, ce levier de croissance providentiel est minimisé par les analystes malgré un départ foudroyant (5,7 millions d’exemplaires écoulés à ce jour).
 
En plus du marché iOS/Android participant au redressement de la société, se dégage comme consensus d’analystes le renouvellement de sa gamme de consoles :
 
Nintendo should be thinking about new hardware.