Dans le foisonnement incessant de récit portés sur l'imaginaire, il est parfois facile d'oublier que l'art de la sobriété peut être le moyen le plus efficace pour produire une émotion instantanée. Mushishi est ainsi l'une des rares œuvres où les notions de poésie, de contemplation et d'onirisme ne sont pas des artifices pompeux mais servent une véritable ambition artistique. La plus grande qualité de ce récit remarquable tient dans la sincérité de ces sentiments où grâce à l'exploitation ingénieuse de son cadre fantastique, cette série de contes initiatiques interpelle avant tout sur l'existence humaine.

Il ne sera pas ici question de violence et d'arrogance puérile mais de guérison et d'humilité. Accepter que l'être humain vit dans un monde immensément vaste dans lequel il ne peut espérer avoir le contrôle total de son existence et continuer à vivre en dépit de cette injustice. Chaque épisode est une nouvelle exploration des facettes de l'âme humaine où le désespoir face au deuil, la mélancolie face à la séparation se succèdent à la combattivité humaine, à l'espoir acharné, à l'harmonie de l'homme avec son environnement. Le récit a également l'humilité de mettre son personnage principal, héros aussi décalé qu'attachant, au second plan pour faire de lui un intermédiaire entre le spectateur et le conte initiatique présenté. Si la teneur de l'intrigue varie et alterne de manière imprévisible la tristesse et l'attendrissement, cette série d'animation dégage en permanence un incroyable sentiment de plénitude qui témoigne de la justesse de son récit.

Que sont les Mushis? Ces choses qui se cachent dans l'ombre et que l'on sent dans l'air. Ce caractère indescriptible de la vie avec lequel l'homme a appris à coexister depuis des millénaires, cette immensité existentielle que tant d'artistes ont cherchés à dépeindre dans leur création. Et contre toute attente, cette série d'animation Japonaise aura rejoint les rares élus ayant réussi à matérialiser cet indescriptible, cette chose que nous nommons de manière si vague "la vie".