Oui, la chaine, oui!

 

Le jeu vidéo fait de l'argent. C'est un fait. Mais visiblement pas assez. Devant le recul des ventes de jeux neufs en 2013, évidemment, les éditeurs cherchent avant tout la rentabilité. Mais n'est-ce pas nocif?

Nocif? Economiquement parlant, pas forcément. Prenons l'exemple de la série Assassin's Creed. Avec les années, la série se vend toujours aussi bien. Mais à chaque fin d'année, on a le droit à un nouvel épisode, qui nous amène vers un nouvel univers certes (l'empire ottoman, l'Amérique révolutionnaire, etc), mais qui ressort à chaque fois les mêmes mécaniques de gameplay. Et les mêmes mécaniques de bugs immondes, aussi.

Et vas-y que je t'attend sur un banc pour espionner une conversation, que je saute de toits en toits, que je t'enchaine 372 soldats anglais/ottomans/vénitiens... Bref, il y a certes quelques évolutions à chaque épisode, mais ça peut devenir lassant.

La première fois que j'ai vu une série à succès critiquée pour ses sorties trop fréquentes, ce fut à la fin des années 90, avec la licence Tomb Raider de l'époque. Eidos avait compris qu'il y avait une mine à exploiter avec le premier succès de Lara, alors pourquoi ne pas continuer? Sorti en 1996, Tomb Raider s'est très bien vendu et fut suivi d'un 2ème épisode dès l'année suivante... Puis le rythme devint régulier: TRIII en 1998, TRIV en 1999, TRV en 2000... Jusqu'à ce qu'Eidos et Core Design ne comprennent qu'à force d'exploiter le filon, les joueurs commencaient à se lasser, et les ventes faiblir...
Le moteur 3D restait le même, avec quelques petites évolutions cependant (effets d'eau, de fumée plus travaillés, etc), mais avec toujours plus de bugs (qui nous faisaient comprendre que le jeu était rushé pour sortir à Noel) et finalement presque aucune nouveauté de gameplay (on nous vendait le fait de contourner des parois tout en étant accrochées à celles-ci comme des révolutions... Où comment avouer implicitement que les innovations étaient inexistantes). Et il aura fallu attendre la seconde partie des années 2000 pour que la série reprenne du poil de la bête après être tombée dans le marasme de l'épisode 6.

Et que dire alors de Call of Duty? Un épisode qui sort chaque année, qui ne nous laisse même pas le temps d'admirer l'action frénétique du mode Campagne saupoudré de quelques phrases légendaires des adeptes du Tea Party, et un mode multi qui reste toujours le même. Les puristes diront que c'est faux, qu'il y a chaque année de nouveaux modes par ex, mais on ne peut pas contester le fait que les mécanismes de gameplay sont toujours les mêmes (petites maps pour des affrontements très rapides et sans prise de tête).

Des délais d'un an entre chaque épisode, c'est nocif autant pour les développeurs (qui n'ont pas le temps d'intégrer d'éventuelles innovations, même si le développement du jeu en question commence avant même la sortie du précédent volet) comme pour les joueurs. Pas le temps d'apprécier pleinement le jeu qu'il en sort déjà un nouvel épisode à peine un an plus tard. Pas le temps de se dépayser ailleurs, sur d'autres mécanismes, d'autres gameplay, qu'on revient déjà sur le même à quelques mois d'intervalles. Call of, c'est mon exemple perso. Il y a quelques années j'attendais sa sortie tel un petit être fébrile, et je me suis éclaté à ce jeu jusqu'à Black Ops, le dernier qui m'ait vraiment convaincu. Depuis, je m'emmerde. La recette est toujours la même. C'est comme la pizza: une fois de temps en temps, c'est bien. Mais tous les jours, ça devient écoeurant.