Pas très friand de salons japanim (que je qualifierais de : bruyant, bourré de monde, qui suinte le marketing et le merchandising sauvage), je me déplace uniquement quand la présence d'un invité suscite mon intérêt. Ce fut par exemple le cas pour mes interviews de Yu Suzuki que j'ai menées pour Shenmue Master, ou pour les conférences de Michel Ancel et Christophe Heral (etc.).

En ce mi-mars 2015, le salon Made in Asia qui se tient chaque année à Bruxelles accueillait Hiroshi NAGAHAMA (réalisateur de l'animé Mushishi)et Yoshihiko UMAKOSHI (chara-designer du même animé Mushishi et, entres autres, de l'anime Berserk de 1997). Grand fan de la série Mushishi, il n'en fallu pas plus pour me motiver à me déplacer pour assister à la conférence des invités sus-cités et obtenir si possible une petite dédicace au passage.

De gauche à droite : Umikoshi (chara-designer), la traductrice, Nagahama (réalisateur) et la productrice.

La conférence en elle-même partait d'une bonne idée : diffuser sur grand écran un épisode de la saison 2 avec les commentaires du réalisateur en live. Dans les faits, peu de choses ont été dites (parfois de longs moments de visionnage pur), et ce qui a été timidement évoqué n'était pas forcément des plus intéressants (mise en lumière des scènes à l'animation impressionnante dessinées à la main, le doublage de tel sifflement a été exécuté par le réalisateur lui-même etc.). L'après diffusion a été prise en mains par la productrice de la série (oui, c'est étonnant !) qui a mené une petite interview avec des questions dont la pertinence me laisse circonspect ("Etait-ce compliqué de dessiner Ginko, le héros principal ?"). A mon plus grand regret, l'assistance n'a pas eu droit à la parole (dommage, j'aurais bien aimé pouvoir poser une question).

Le point culminant de la conférence a été pour moi le mini-trailer du film prévu pour ce début d'été 2015 qui relatera la fin du manga. Les visuels sont exclusifs, montrés ici pour la première fois dans le monde, et c'est toujours sympathique d'être aux premières loges. Très belle présentation au recours de fondus manga papier -> animation des plus réussis (et on remarque bien là que Yoshihiko UMAKOSHI a bel et bien respecté parfaitement le design de l'auteur du manga).

Pour conclure sur la conférence, mise à part la surprise des images exclusives, je dois bien avouer que ça manquait cruellement de fond. Mushishi mérite tellement que l'on s'y attarde que j'ai certainement trop attendu de cette rencontre, d'où la légère déception transcrite dans ces lignes. La conférence m'a même plutôt semblé répondre au simple souhait de faire connaître la série au public européen (d'où la présence de la productrice ?). Hum, quoiqu'il en soit, je suis critique, mais ce fut tout de même un plaisir de voir et d'entendre le réalisateur Nagahama et le chara-designer Umakoshi (tout timide, il n'a pas dit grand chose) parler de leur oeuvre (et même la productrice était sympathique).

La mini galerie consacrée à Mushishi présentait au public des documents du studio d'animation Artland (株式会社アートランド) qui s'est occupé de la série. L'occasion de zieuter quelques feuillets distribués à l'ensemble du staff (surtout des planches de chara-design détaillées), quelques Ekonte (絵コンテ sorte de storyboard plus précis) ainsi que de somptueuses planches clés pour cellulo. Pas de quoi jubiler mais cela reste très appréciable. 

Je ne rate pas une miette du dessin de l'artiste, concentré et méticuleux, qui gratifie mon coffret par un coup de crayon précis et maîtrisé.

Direction la file pour les dédicaces. Très accessible (Mushishi étant une série malheureusement peu connue en Europe), c'est sans mal que j'ai pu obtenir une magnifique dédicace sur l'intérieur de mon coffret bluray de la série. Le réalisateur Nagahama est vraiment avenant avec une réelle considération pour la personne qu'il a devant lui. Des regards plein de tendresse, des sourires à la sincérité touchante, de l'application dans son coup de crayon, et plein de générosité (en plus de l'autographe, il m'a fait un jolie dessin de Ginko agrémenté de Mushishi).

Appliqué et généreux envers son public, Nagahama l'était tellement que j'ai dû attendre prés de 2 heures, le temps de mon tour après la signature d'une trentaine de personnes seulement (et c'est rare, d'ordinaire, c'est signatures industrielles à la chaîne avec à peine un regard).

Désormais, j'ai un coffret Bluray de la série Mushishi d'une grande valeur sentimentale. Elle ira troner dans ma vitrine consacrée à la japanimation. Hélas, je n'ai pas pu faire faire signer un artwork de l'anime Berserk de 1997 par Umikoshi (j'apprécie énormément l'adaptation du design de Miura qu'il a fourni dessus), celui-ci étant bien plus sollicité à cause de son travail sur la série Saint Seiya Omega.Tant pis, ma priorité était avant tout de parvenir à acquérir une signature du réalisateur de Mushishi, une série écologiste et humaniste à la fois, riche en émotions subtiles, que j'affectionne énormément.

Vous l'aurez compris, le salon a été marqué par le sceau Mushishi et je ne regrette pas ma visite. Cependant, je constate que ce genre de convention se transforme de plus en plus en antre commercial du merchandising en défaveur d'une programmation solide et variée. C'est regrettable et cela me conforte dans l'idée de ne faire l'effort de me déplacer (faut se farcir l'organisation du voyage) qu'en présence d'invités illustres à mes yeux.

Umikoshi que j'apprécie essentiellement pour son travail sur l'anime Berserk de 1997 (très belle réinterprétation du design de Miura sur les personnages de Casca et Griffith) ainsi que pour son excellente transcription du trait de Urushibara (l'auteur du manga papier) dans l'anime Mushishi. Hélas, je n'ai pas pu le rencontrer, il a été sollicité par trop de monde pour son implication dans le chara-design de la série Saint Seiya Omega snif.

PS : Petite liste de déconvenues qui m'ont fait halluciner. Impossible d'obtenir un plan papier des différents stands (en "rupture de stock" à 11h30, merci les errements dans la foule !!!), aucun membre du staff pour nous guider / renseigner (il faut les débaucher de leur stand, quand il y en a un pas trop occupé !) et une propreté qui se dégrade d'heure en heure sans qu'aucun n'y prête attention (argh !). Et déçu par la programmation (le réalisateur et le chara-designer de Mushishi étant les seuls invités japonais "prestigieux"). Bref, il y a clairement des progrès à faire au niveau organisationnel.