DragonForce est un groupe avec lequel j'ai grandi. Et mine de rien, c'est assez rare. En général, je découvre un groupe quand sa discographie est déjà bien fournie, qu'il a atteint sa maturité, qu'il a affirmé et affiné son style. DragonForce, non. Je les ai découverts à la sortie de leur deuxième album, Sonic Firestorm, qui sonne aussi « le vrai début de du groupe », comme le dit très bien le guitariste Herman Li. J'avais 14 ans, je lisais le Seigneur des Anneaux, je faisais la bêta de World of Warcraft.

Bref, c'était le bon temps. Le groupe s'est surtout fait connaître (à tort, je trouve) avec leur troisième album, Inhuman Rampage, et la présence de l'opening track, Through the Fire and Flames, dans le jeu Guitar Hero 3. S'en suit un excellent quatrième album, bien plus  axé sur les synthés chelous comme je les aime (Scars of Yesterday, EPM ...), prénommé Ultra Beatdown. Cet album fut d'ailleurs aussi celui de la maturité. Parfois moins speed mais infiniment mieux maitrisé, Ultra Beatdown est encore une sacrée référence dans mes albums de Power Metal dopé à l'amphétamine de guerre.

Fin 2010, quand le groupe a annoncé sa séparation du chanteur ZP Theart, j'ai eu un choc énorme. Il est vrai que le chanteur avait quelques problèmes en live : on le sent très bien dans la deuxième partie du premier CD de leur live album, Twilight Dementia. Il est vrai que le type était du genre super associable et distant des fans. Et il est certain que le groupe a dû avoir de nombreux différends avec lui.

 

 

 

Mais quand même. C'était un chanteur de malade, et il disposait d'une présence incroyable sur scène. Il est évident que j'attendais de pied ferme le nouveau chanteur que le groupe a mis près d'un an à révéler. Le gus s'appelle Marc Hudson, est très jeune (20 ans !), et fait vraiment gueule d'ange avec ses longs cheveux blonds. Mais aucune inquiétude, il assure sec. Et même s'il n'a pas participé à la composition de ce nouvel album, il y apporte vraiment quelque chose.

Marc n'est pas un ersatz de ZP, au même titre que The Power Within n'est pas une pâle copie des premiers albums. Chacun possède son identité propre, et si ce nouveau disque n'est pas le meilleur du groupe (le titre revenant à Sonic Firestorm), il s'avère un magnifique retour aux sources, avec des claviers plus sages, une basse et surtout un bassiste plus présents, des compos plus compactes et simples à appréhender, et un arrêt de la démonstration technique pour la démonstration technique. Plus que jamais, l'intégralité du disque est une lettre d'amour ouverte à la mélodie, au sifflotement soudain dans le métro, quand un titre nous revient en tête, et qu'on se met soudainement chevaucher vers un combat et un futur incertains.

Le titre le plus marquant de l'album est à n'en pas douter Seasons, composée par Frédéric Leclercq, le bassiste, bien plus impliqué et affirmé dans The Power Within qu'il ne l'était auparavant. On retrouve d'ailleurs cette maestria dans la version instrumentale du titre, d'une force incroyable, et où le nouveau chanteur montre pour de vrai ses remarquables capacités.

D'une manière générale, on peut considérer cet album plus direct que les anciennes créations de DragonForce : des titres comme Cry Thunder et Last Man Stands proposent un tempo moins soutenu, et deux titres de l'album (Seasons v2 et Avant la Tempête) se risquent à la guitare acoustique. C'est d'ailleurs toujours un plaisir d'écouter le style si unique à DragonForce à la guitare traditionnelle. Un plaisir toujours trop rare, d'ailleurs.

Le groupe n'oublie cependant pas ses premiers amours, grâce à Fallen World, Give me the Night, et Die by the Sword, qui sont toutes trois parmi les morceaux les plus rapides de DragonForce.

 

En clair, il y a à boire et à manger dans The Power Within. C'est un album assez conventionnel, qui revient aux bases de Valley of the Damned, le tout avec une technique s'étant bien améliorée en dix ans. The Power Within est un album sincère, dont on sent parfois de belles tentatives, principalement initiées par Frédéric Leclercq et Vadim Pruzhanov (claviers). C'est un album facile à écouter, dont les mélodies restent en tête et qui propose de nombreuses fulgurances. Et si le Power Metal s'avère de plus en plus sclérosé d'année en année, DragonForce a le mérite de dépoussiérer le tout, et prouve qu'il est encore possible de se renouveler en 2012. Un très bon album.

 

Vous pouvez écouter l'album ici sur Deezer, mais la qualité est pourrie. Et c'est d'autant plus dommage que c'est assez rare, les groupes de Metal avec une bonne prod, de nos jours. Autrement, voici le clip de Cry Thunder.