On  a vu arriver il y a quelques semaine sur PSN et XBLA 2 produits qui sortent un peu de l'ordinaire. Je dis « produits » parce qu'à mi-chemin entre des démos et des jeux complets, j'ai du mal à les qualifier. Je veux parler de MotorStorm 3D Rift (13€), une version allégée et 3D de l'excellent MotorStorm Pacific et de Dead Rising Case Zero (400 MP) une sorte de préquelle/démo de Dead Rising 2.

La distribution dématérialisée présente un gros avantage par rapport à la distribution physique, c'est de pouvoir proposer dans un seul et même rayon plein de produits très hétérogènes. En supposant que vous soyiez convaincu du bien-fondé d'une telle opération, essayez de convaincre la Fnac de mettre en rayon votre jeu PS3 à 3 euros qui se finit en 3 heures. La distribution dématérialisée n'a pas d'espaces physiques à rentabiliser avec des produits tous alignés au même prix qui doivent rapporter tant au mettre carré. C'est pourquoi on trouve aujourd'hui un peu de tout en matière de jeux sur le PSN et le XBLA :

- Des jeux originaux, originaux dans le sens où ils n'existent pas dans une forme matérialisée. C'est le cas de Flower sur PSN.

- Des démos de jeux.

- Des jeux qui se vendent par épisodes.

- Des jeux originaux basés sur un business model freemium. Freemimum c'est lorsque le produit ou service de base est gratuit et que les options sont payantes. C'est le cas de Joyride sur Xbla.

- Des jeux originaux complètement gratuits et qui sont financés par la pub. Comme dirait Patrick Le Lay, on vous offre un jeu, et en échange vous offrez du temps de cerveau disponible. C'est le cas de Dorito's Dash of Destruction sur Xbla.

- Des jeux matérialisés reconditionnés en dématérialisés. Pour relancer les ventes d'Assassin's Creed et Burnout Paradise sont ainsi dispo en téléchargement.

- Des jeux originaux pas chers du tout et qui tentent de déclencher des achats d'impulsion. C'est le canal Indies du Xbox Live.

MotorStorm Pacific et Dead Rising Case Zero n'entrent dans aucune de ces catégories. En fait ils présentent des caractéristiques de certaines d'entre elles :

- Disponible uniquement en téléchargement ce sont des jeux originaux

- Ils renvoient à un autre jeu plus cher et qui propose plus de contenus et jouent ainsi le rôle de démos.

- Ils sont également des formes reconditionnées du jeu de référence auquel ils doivent leur existence.

- Dans l'esprit du joueur ils font écho au jeu de référence mais étant beaucoup moins chers ils peuvent susciter un achat impulsif.

 

Ces formes de jeux que l'on peut qualifier d'hybrides suscitent beaucoup de polémiques. Il y a quelques mois Electronic Arts avait clairement annoncé son intention de lancer des démos payantes, ce qui avait entrainé pas mal de réactions de la part des joueurs. Personnellement j'accueille plutôt positivement ces produits hybrides pour plusieurs raisons.

Je possède Motorstom Pacific que j'avais acheté à 30 euros. Si la version light aujourd'hui dispo sur PSN était disponible à l'époque j'aurais eu à choisir entre les 3 options suivantes :

- Acheter le jeu à 30 euros tout en sachant que ce serait un achat peu rentable car je finis rarement les jeux que j'achète surtout lorqu'il s'agit de jeux pour lesquels j'éprouve un intérêt moyen comme Motorstorm

- Ne rien acheter. Dommage je serais passé à côté d'un bon jeu.

- Acheter la version light. C'est sans doute ce que j'aurais fait. Et en y jouant j'aurais peut-être été tenté d'acheter la version complète par la suite

Là où je veux en venir c'est que je suis favorable à l'émergence de ces jeux hybrides car ils permettent d'une part de contenter un joueur qui, a priori, éprouve un intérêt moyen pour le produit et d'autre part d'avoir un point de référence supplémentaire dans le processus d'achat qui vient compléter les démos qui sont trop courtes.

En allant plus loin dans la réflexion on peut imaginer un système dans lequel on nous proposerait une démo gratuite, une version light payante plus consistante et le jeu complet, et idéalement pour le consommateur il faudrait que l'on n'ait pas à payer plusieurs fois pour un même contenu et donc que celui qui aura acheté la version light ne paie pas sa version complète plein pot.

Maintenant est ce que le système est forcément tout bénef pour l'éditeur et qu'il a donc intérêt à proposer systématiquement une version light pour tous ses jeux ? Non. Je vois mal par exemple Rockstar qui arrive à faire monter le buzz sur ses produits comme personne sur consoles, aller ensuite proposer une version light de GTA 5 alors qu'ils peuvent vendre des versions complètes. Enfin, je m'avance sans doute trop car en matière de contenu tout est envisageable à partir du moment où l'éditeur et le constructeur sont d'accord. Tout est une question de comportements de consommation des différentes populations ciblées par les différents produits (light et complet) d'une même gamme.

 

Le point positif dans tout ça, c'est que c'est le joueur qui décide à la fin. Si vous trouvez scandaleux que Dead Rising 2 ne propose pas démo gratuite, dites vous bien que c'est aussi un risque qu'ils prennent de passer à côté de tout un tas d'acheteurs potentiels. Moi aussi je trouve dommage qu'a priori il n'y ait pas de démo gratuite pour ce jeu, j'aurais peut-être eu une bonne surprise en essayant la démo.

Maintenant j'aimerais bien savoir ce que vous pensez de ces produits light. Est-ce que vous trouvez que c'est de l'arnaque ? Est-ce vous pensez que ce système ce prête plus à certains genres ?

 

Skander Djerbi

Skander Djerbi est un producteur de jeux vidéo. Après quelques années en France et eu Japon au sein de gros éditeurs à travailler sur des AAA,  il co-fonde I-FRIQIYA une nouvelle société basée à Tokyo et Dubaï et spécialisée sur le développement et l'édition de jeux vidéo destinés aux canaux de distribution dématérialisés.