Alors là mes petits lapins, on aborde aujourd’hui du très lourd ! On va se focaliser sur l’un des meilleurs shoot them up de la PC Engine : Gate of Thunder ! Le seul #GOT qui vaille ! On va se faire un petit speed test mais avant cela, on va causer toi et moi, car j’ai des choses à te dire…

Alors vous vous demandez sans doute pourquoi je vous colle un visuel du mythique groupe pop des années 80 : Duran Duran ?

Bah ouais moi aussi je me le demande…

Mais nan en fait je déconne si je mets Duran Duran, c’est parce qu’il y a un rapport évident que je vais vous expliquer à travers une périlleuse et calamiteuse démonstration.

Vous l’avez sans doute remarqué, il y a trois sociétés qui sont créditées à l’écran titre du jeu : Hudson Soft, l’éditeur - RED, le développeur et Syn Sound Design, le concepteur sonore.

Un petit rappel des faits s’impose ! A l’époque NEC & Hudson Soft lancent une nouvelle gamme de machine PC Engine : le Super CD-Rom et la PC Engine DUO. Ces nouvelles machines offrent une seconde jeunesse à la PC Engine qui veut affronter dignement l’arrivée du tsunami Super Famicom. Avec des capacités boostées, la PC Engine ne craint personne.

Au Japon, elle a déjà plié en quatre la Mega Drive et en a fait des confettis (bon aux Etats-Unis ça passe moins bien et la Mega Drive lui met la pâtée, mais bon ça on va pas en parler parce que moi j’aime bien la PC Engine).

Il faut donc des jeux qui poutrent pour impressionner le peuple des gamers. Hudson Soft contacte donc un soir d’été son pote RED pour qu’il lui développe un jeu qui poutre. RED a déjà fait ses preuves en développant PC Kid, la mascotte de la PC Engine qui colle des coups de boule à Sonic et Mario.

Mais comme les shoot them up sont une valeur sure sur PC Engine, Hudson en commande un, pendant que eux s’occupent avec IREM d’R-Type Complete CD (mais ça j’en ai déjà parlé dans un précédent post donc je vais pas me répéter) RED se met donc au travail et confectionne un petit bijou de jouabilité tout en exploitant au mieux les possibilités du nouveau Super CD-ROM : temps de chargement accéléré, graphismes plus coloré et une animation sans faille.

Mais qui dit « CD » dit musique en adéquation avec ce support. C’est vrai quoi ! Si c’est pour avoir un tel support et se coltiner des musiques épileptiques, ça vaut pas le coup. Hudson Soft demande donc à un troisième larron de travailler sur l’environnement sonore : Syn Sound Design.

Alors dit comme ça, ça ne paye pas de mine. On pourrait même s’en contrebalancer le popotin comme le jour où l’on a perdu sa première dent de lait mais d’un point de vue historique c’est nouveau. Dans le meilleur des cas c’est fait en interne, on ne sollicite pas forcément une société tierce spécialisée pour travailler cet aspect. Aujourd’hui, dans les jeux modernes, un soin particulier est apporté à la narration. On peaufine les détails, on créée une ambiance, une atmosphère qu’on enveloppe dans un environnement sonore travaillé par une cohorte de musiciens et de bruiteurs que le sound designer assemble pour donner de la cohérence à l’ensemble… Mais en 1992, c’est plutôt inédit !

Et le truc surprenant dans cette affaire c’est que Syn Sound Design est une société japonaise fondée en 1991 par deux gaijins, des étrangers quoi ! Mais pas n’importe quels étrangers : Simon le Bon et Nick Woods ! Et Simon Le Bon c’est le leader du groupe Duran Duran ! Quant à Nick Wood, c’est aussi un musicien à la base mais il est surtout connu pour ses arrangements, pour produire d’autres artistes comme Julian Lennon, Bebel Gilberto, Robert Palmer et pour ses compositions. C’est d’ailleurs Nick Woods qui sera crédité pour ce jeu en tant que Sound Designer. Alors elle est pas belle ma référence ? Pour l’anecdote SYN est l’acronyme de Simon, Yasmin (la femme de Simon) et Nick. Et si vous êtes sages, je vous mettrais une photo de Yasmin, mannequin de profession, dans le générique de fin…

Mais seulement si vous êtes sages ! SYN Sound Design procède donc aux arrangements et à la conception sonore de Gate of Thunder avec le résultat que l’on connait aujourd’hui. A l’époque le plus important magazine de jeux vidéo américain : EGM (Electronic Gaming Monthly) lui décernera le titre de « meilleure musique de jeu » Ce qui est marrant à l’époque, c’est que certains testeurs trouvaient le son inhabituel, les testeurs le jugeaient un peu différent et certains reprochaient aux bruitages d’écraser parfois la sublime musique du jeu.

Mais ça n’empêchera pas ce titre d’obtenir en France un Tilt d’Or décerné par le magazine du même nom (associé à Consoles Plus). Globalement il obtiendra de très bonnes notes.

Mention spéciale tout de même à Génération 4 qui se plante magistralement en disant que c’est l’adaptation sur PC Engine d’un titre Mega Drive : Thunder Force 3… Le testeur souligne même que les niveaux ont été totalement remaniés ! Hahaha trop la honte ! Tiens ça mériterait qu’on fasse un procès au journaliste Frank Ladoire ! C’est vrai quoi, on en a déjà fait un à JM’Destroy pour l’affaire Ghouls’n Ghosts, y’a pas de raison qu’il soit le seul à trinquer ! Mais bon passons, il y a prescription et il faut avouer que RED a fait dans le classique et que ce titre s’inspire beaucoup du hit de Techno Soft, sorti deux ans plus tôt…

Mais bon c’est pas les mêmes jeux non plus…

Puisqu’on en est à parler des anecdotes, signalons que le projet top secret sur lequel planchaient Hudson Soft et RED s’appelait en interne : Kaminarimon !

Le Kaminarimon, c’est un lieu touristique très important à Tokyo, c’est le nom de la porte extérieure qui conduit au temple Senso-Ji… Et là vous vous dites il a parlé de « porte » ? Ouais en effet j’ai parlé de porte et Karanarimon ça veut littéralement dire : « Porte de la Foudre » soit Thunder Gate en anglais ! Etonnant, non ?

Bon alors si je voulais ramener ma fraise je pourrais dire que Simon Le Bon a écrit un poème nommé « Sounds of Thunder » devenu une chanson du groupe Duran Duran… Mais bon là c’est tiré par les cheveux car le poème date de 1981, on va quand même pas abuser.

Enfin bref tout ça pour dire qu’aujourd’hui ce titre est resté dans les annales des jeux vidéo et qu’il le doit en grande partie à sa musique, un rock pêchu, ses bruitages et digits vocales excellents et la conception sonore de l’ensemble…

 Alors silence les amis et on se retrouve pour  un pitoyable speed test dont j’ai le secret.