Que faut-il retenir des conférences E3 de Microsoft, Sony et Nintendo? Quel constructeur a su le mieux tirer son épingle du jeu? Il n'est pas forcément aisé de répondre à ces questions, tant de prime abord, les trois géants du secteur ont déçu les observateurs. Petit retour sur ce pré-E3 qui a suscité beaucoup d'interrogations.

 

Microsoft: le grand écart continue.

Kinect a réussi son lancement. Le nouveau produit-phare de la marque se trouve dans le salon de quasiment un possesseur de Xbox 360 sur cinq. L'essentiel de la conférence de Microsoft était donc dédié au périphérique, l'objectif étant de légitimer ce dernier auprès de tous les publics. Contrat rempli, puisqu'entre des utilisations (plus ou moins) concrètes sur des productions "core" (Ghost Recon Future Solider, Mass Effect 3, Forza 4, Minecraft (!), les jeux d'EA Sports), des titres dédiés ambitieux (Fable The Journey, Kinect Star Wars, Ryse), des softs largement orientés famille et casual gaming (Kinect Disneyland Adventures, les Lapins Crétins, Dance Central 2...), et un Xbox Live de plus en plus optimisé pour une navigation vocale et gestuelle, Microsoft en avait clairement pour chacun.

Le coeur de cible de la console, par contre, n'avait pas grand chose à se mettre sous la dent, sous-entendu, s'il ne souhaite pas se jeter corps et âme dans l'expérience Kinect. Hormis un Gears of War 3 déjà bien connu, dont le ronron bien calibré de grosse production ne parvient plus guère à surprendre, et un Halo 4 hélas "fuité" un peu plus tôt, et qui semble encore loin d'une commercialisation, les gamers se consoleront peut-être davantage dans les bras des éditeurs. Cette apparente perte de vitesse de la 360 masque-t-elle en coulisses une avancée rapide de la gestation de la prochaine Xbox? Le mystère reste entier. 

 

 

Kinect, pilier des nouvelles ambitions de la Xbox 360

 

Sony: la Vita en plein Move

Après avoir abattu l'an dernier une grande partie de ses exclus gamers sur PS3 (GT5, God of War III, Heavy Rain...), que reste-t-il à Sony pour convaincre de la valeur de la plateforme, quelques semaines après le retentissant hack du PSN? Comme Microsoft, le constructeur a été contraint de masquer le manque de profondeur de son line-up (Uncharted 3, Resistance 3, Starhawk, Sly Cooper, mais pas de The Last Guardian) par des démos in-game de titres multi-plateforme, et quelques exclus intrigantes (Dust 514). Et comme Microsoft, Sony a consacré une grande part de sa conférence à pousser coûte que coûte son PS Move, annoncé compatible avec une tripotée de titres, dont certains inattendus (BioShock Infinite).

La Wiimote-killer avait aussi quelques softs dédiés (Medieval Moves), mais au-delà d'un air de déjà-vu, Wii oblige, le message avait un peu de mal à passer. Le PS Move est-il vraiment pris au sérieux par l'industrie, y compris par ses concepteurs eux-mêmes? La question perdure. Qu'on ne s'y trompe pas, Sony avait surtout la tête à la Vita, dont le lancement se précise. La course contre la montre est engagée, maintenant que la 3DS est sur le marché. Peu de surprises, encore une fois, mais un début de line-up se dessine: Uncharted: Golden Abyss, WipEout 2048, Modnation Racers, Ruin, Street Fighter X Tekken... Encore un peu maigre pour convaincre, mais les caractéristiques alléchantes de la machine, et son prix attractif ne manqueront pas de faire tourner quelques têtes, en attendant d'autres annonces plus "japonisantes" lors du TGS.

 

 

La PS Vita, comme la PSP à l'époque: bijou technologique, mais légitimité à construire

 

 

Nintendo: la "mablette" déconcerte

Rarement public aura été aussi incrédule qu'au moment de l'annonce et de la description, ô combien maladroites, de la Wii U. Après quelques heures de débrief, et une fois les premières applications testées, l'intérêt de la nouvelle console de salon du géant nippon apparaît un tantinet plus clair. Sans rompre avec la Wii, à son époque révolutionnaire, la firme au plombier se propose de surfer sur de nouvelles tendances (tablette tactile), tout en répondant à de nouveaux besoins: ceux d'un divertissement de salon modulable. Avec la Wii U, on perçoit toutes les interactions possibles entre le téléviseur et la manette, une sorte de double écran grandeur nature, et les perspectives de gameplay qui en résultent, un temps palpables avec le combo Game Cube/GBA.

Toutefois, comme pour la Wii au moment de son officialisation, de nombreuses questions restent en suspens, Nintendo prenant un malin plaisir à ne jamais trop en dévoiler, et la nouvelle machine va encore obliger les éditeurs à se décarcasser (en ont-ils seulement envie après leur douloureuse expérience de la Wii?) pour exploiter cette manière "alternative" de jouer. Qui plus est, on s'interroge lorsqu'on voit les jeux tiers annoncés, destinés à aiguiser l'appétit des gamers sceptiques, puisqu'une bonne partie d'entre eux sera disponible dès cette année chez la concurrence, alors que la Wii U, elle, ne sort qu'à la fin 2012... C'est tout le paradoxe de Nintendo. Toujours un temps d'avance, toujours un train de retard.

Du côté de la 3DS, les quelques jeux (re)présentés apparaissent convaincants (Luigi's Mansion 2, Mario Kart 3DS, Kid Icarus Uprising...), mais ne sauraient totalement masquer les inquiétudes qui entourent la machine. Si la 3DS a soulevé l'enthousiasme il y un an, elle n'est pas parvenue à transformer l'essai depuis. La confirmation, voilà ce qui manque à Nintendo pour entrer de plein pied dans cette nouvelle génération.

La Wii U, beaucoup de promesses, beaucoup de questions