Skyrim est probablement le jeu qui aura le plus marqué les joueurs en cette fin d'année 2011, il n'y a aucun doute. Tout le monde en parle, tout le monde lui rend hommage, et effectivement, il a les épaules pour porter toute cette attention dont il fait preuve. Malheureusement, pour moi, le jeu ne s'élève pas au "jeu de l'année", d'abord par certains points personnels comme une mise en scène vraiment pauvre qui m'empêche de ressentir de l'empathie sur les personnages, ou encore des choix de design un peu trop commun, surtout pour certaines villes.

Mais ce qui m'a marqué, et je ne suis pas le seul, c'est les bugs. Alors attention, beaucoup ont eu des parties sans accrocs, sans réels problèmes, tant mieux pour eux. Moi-même, je suis plutôt sympa avec les bugs, et j'accepte quand ça arrive une ou deux fois dans un jeu. Sauf qu'ici, c'est le premier jeu qui arrive à me faire détester le titre en grande partie à cause des bugs. Des bugs qui cassent vraiment l'immersion et qui ruinent complètement l'effet désiré par les développeurs. Une sorte de retour au monde réel fortement désagréable qui nuisent considérablement l'expérience de jeu. Alors il y a les bugs marrants, comme:
- le PNJ dont le modèle est chargé trois fois, et on se retrouve face à des triplés qui racontent la même chose.
- le personnage (Cicéron) qui a une personnalité complètement allumé mais dont l'animation est la même que n'importe quel PNJ du jeu.
- les bugs divers de lévitations de cadavres.

Des bugs drôles quand on tombe dessus, mais qui ruinent l'immersion sans forcément qu'on les retienne. Par contre, il y a ceux qui bloquent vraiment et qui force à recharger une sauvegarde antérieure ou même à redémarrer la console. En vrac (ATTENTION SPOILER):
- un de mes compagnons qui reste purement et simplement bloqué dans une pièce, et qui n'arrive même plus à retourner à sa maison quand je lui demande.
- un compagnon magicien qui brûle tout ce qui bouge, et qui fait même des dégâts aux PNJ alliés (les quêtes d'allégeance Sombrage ou Empire), empêchant de parler au PNJ pour terminer la quête, puisqu'il est occupé à frapper son compagnon, qui évidemment se défend sauvagement. J'ai été obligé de tuer mon compagnon pour avoir la paix.
- un bug d'animation sur la quête pour capturer le dragon dans Fort-Dragon. Son animation où il se baissait pour rentrer a fonctionné trop tôt. Du coup, le dragon tombe du château et ne peut pas enclencher son animation de vol pour remonter...
- un bug sur la fin de la quête de la guilde des voleurs, empêchant tout simplement de la terminer. La femme qui doit donner l'armure de maître de guilde est bloqué par une ligne de dialogue pour échanger une pièce de son ancienne armure de voleur, armure que j'ai évidemment jeté de mon inventaire pour faire de la place. Impossible à contourner, et bon nombre de joueurs ont le même souci...
- un ENORME lag pendant une quête dans une caverne où le jeu ralentissait affreusement, même en relançant le jeu. Obligé de traverser la pièce jusqu'au point de chargement suivant pour régler le problème...
- un bug où le modèle de dragon n'a pas chargé correctement après une téléportation. Je me retrouve donc à combattre deux pauvres polygones, tandis que le reste du modèle est invisible mais parvient à me cracher du feu sur la tronche...

Sans compter quelques trucs étranges de game design, comme le cheval qui se sent obligé de combattre tout types d'ennemis dans les parages et qu'il est évidemment impossible à siffler quand il se décide de s'attaquer à des trolls, ou encore des PNJ qu'on doit boire cinquante fois pour des quêtes et qui sont placés à des endroits avec deux-trois temps de chargements successifs.

Skyrim victime de son ambition? Assurémment. Maintenant, il y a quand même de grossières erreurs qui auraient pu être rattrapé en se penchant un minimum sur le sujet, et cette grosse flopée aux bugs est indigne d'un jeu qui sort dans le commerce. Le problème, c'est que Skyrim est loin d'être le seul (surtout du côté de Bethesda), et que depuis quelques années, je constate un cruel manque de finition sur certains titres, le plus souvent dans le domaine du open-world. Sur cette génération de consoles, les licences possèdent une demande très forte, et souvent les développements sont organisés de façon à ce que les titres sortent le plus rapidement possible, avec une deadline précise et une pression importante pour l'équipe.

Mais on peut se demander si la tendance en ce moment est: "de toute façon, on pourra faire des mises à jour plus tard, on sort le jeu comme ça, on verra après". A l'époque de la Playstation ou de tout autres jeux ne possédant pas de connexion internet, les bugs étaient quand même assez limités. Ça arrivait, certes, mais ils n'étaient pas aussi nombreux. Les développeurs, sachant très bien qu'une fois le produit terminé, ils ne pourraient pas arranger les choses et redoublaient d'efforts afin que le produit soit impeccable. Aujourd'hui, grâce à Internet, les équipes de développements sont beaucoup plus laxistes qu'autrefois et se disent qu'ils pourront arranger les choses après. Ce qui est quand même assez dingue, d'autant plus que les ventes Day One sont les plus importantes pour un jeu, et qu'un joueur qui achète un jeu au prix fort est en droit de demander un produit fini dont il pourra profiter dans de bonnes conditions.

Ce qui ne sera pas le cas de beaucoup de jeux PC récents, comme Rage qui était quasiment injouable sur beaucoup de machines, le comble pour un développeur à la base PC. Les répercussions d'un développement calibré pour les consoles? C'est possible, mais cela n'excuse pas le manque de professionnalisme d'ID Software qui a clairement négligé cette plate-forme. Je pense aussi à Brink dont les problèmes de textures, que ce soit sur PC ou consoles, étaient quand même assez alarmants, et le jeu n'a pu vraiment s'apprécier qu'après un ou deux mois de mises à jour, parce que les développeurs voulaient sortir le jeu le plus vite possible. Je pense aussi à Battlefield 3 et son système Origin avec ses serveurs qui n'arrêtent pas de crasher parce le logiciel est encore en béta et que Dice a eu l'idée complètement farfelue de passer par une page web pour lancer un serveur de jeu. Pourquoi ne pas juste faire comme avant et avoir un vrai menu de jeu? Personne ne le saura jamais.

On peut penser évidemment que ce sont les jeux open world qui sont le plus atteints par les bugs, ce qui est logique vu le contenu plus important qu'un jeu d'aventure linéaire classique. Red Dead est un bon exemple, avec ses mutliples bugs d'homme-aigle ou autre problème délirant. Fallout New Vegas est aussi atteint du syndrome Bethesda. Mais ce n'est pas toujours le cas, et certains sont inexcusables. Je pense notamment à Skyward Sword et cette énorme bug qui empêche purement et simplement de continuer le jeu. Même sur Wii il était difficile de mettre à jour le jeu. Que ce serait-il passé si un bug de ce genre s'était produit sur Ocarina of Time? C'était impensable. Sauf qu'aujourd'hui, les équipes se relâchent et font de moins en moins attention à leur produit. On peut aussi citer Dead Island et ses sauvegardes limités.

Ce billet n'est qu'une opinion personnelle basé sur des faits que je constate depuis quelques années: les développeurs se laissent-ils corrompre par les obligations de travail quitte à terminer leur jeu dans la douleur et de laisser passer des erreurs aussi énormes? Quand je compare aux autres générations de consoles, où elles étaient aussi présents, mais sans empêcher de continuer le jeu, je me pose quelques questions...