La saga des Mission Impossible est clairement à part. Chaque épisode sort à de longues intervalles, avec plus ou moins de difficultés de production, et apportant clairement la patte du réalisateur, même si Tom Cruise joue souvent des coudes avec eux. Le premier signé Brian de Palma est excellent dans son genre, véritable mélange entre films d'espionnages et action à gros suspense comme seul le réalisateur sait le faire (la scène dans la salle suspendue par la corde est désormais culte, grâce à une mise en scène et un suspense à toute épreuve). Le deuxième signé John Woo, sûrement le moins bon, part complètement dans l'absurde à coups de scènes d'action grand guignolesque, de colombes et autres cascades improbables, mais qui a le mérite de poser une autre facette de la série. Le troisième signé JJ Abrams part plus du côté tension de la mise en scène à coups de flashbacks et de réalisation nerveuse et dynamique, mais aussi grâce à un méchant particulièrement salaud. C'est aussi le plus classique au final.

Ce dernier épisode est signé Brad Bird, l'immense réalisateur des Indestructibles qui tente le coup sur de la réal live. L'histoire est simple: le Kremlin se fait péter une bombe sur la tronche, et l'équipe de MI est désavoué (comme dans la majorité des épisodes) et doit se planquer et tenter d'arrêter une frappe nucléaire. J'avais hâte de voir ce qu'un gars ayant autant d'inventivité dans les scènes d'action pouvait apporter. Et c'est ce qui m'a le plus frappé dans le film: on a devant soi un vrai film familial mélangé à la sauce Mission Impossible. C'est l'épisode comportant le plus de gadgets mais des gadgets dignes de science-fiction. Ils sont ici utilisés à grands renforts d'humour et ça permet de faire fonctionner les scènes de façon inattendues, à apporter du suspense à grands renforts de petites touches et de gags assez présent, sans jamais être lourdingue. La scène du couloir dans le Kremlin est à ce titre purement génial, usant d'un gadget vraiment original.

Mais Brad Bird n'oublie pas de verser dans le spectaculaire. La scène de la tour de Dubaï, dont on entend beaucoup parler, ne démérite pas et est assez vertigineuse, même sans l'IMAX. La mise en scène est époustouflante et on reste accroché à son siège sur certains plans. La séquence dans la tempête de sable est tout aussi bien trouvé, de même que les scènes d'opérations et de déguisement, typiques de la série et qui marche ici du tonnerre. Bref, Brad Bird apporte ici l'inventivité de la mise en scène et des situations, pour vraiment proposer du neuf dans l'action, même si on le sent encore un peu timide par moment. Seul point un peu négatif: le méchant est assez banal, limite transparent. On ne connaît toujours pas ses motivations à la fin du film, et n'aura jamais l'occasion de prouver sa véritable méchanceté. C'est bien dommage, et même si on oublie le scénar dans ce genre de film, on aime bien avoir des méchants un poil plus charismatique que celui-là qui n'en a aucun. Par contre, j'ai beaucoup aimé le lien sur le troisième épisode, notamment sur la fin.

Verdict: un très bon cru Mission Impossible, excellent même, qui apporte sa pierre à l'édifice avec brio. Il manque juste un méchant pour que le tableau soit parfait.