Ah, les jeunes, vous n'avez pas connu ça, vous...le sable jauni d'une arène sous un soleil brûlant, qui se teint de l'écarlate d'un sang âcre, les foules passionnées qui scandent le nom de leur champion ! Et là, se tenir face à l'Imperator, qui se lève, et comme un seul homme, nous tous, étions suspendus à la vie que son avis pouvait trancher. Ouais vous n'avez pas connu ça...et moi non plus et c'est tant mieux ! Non parce que les jeux du cirque, c'était peut-être marrant pour ceux qui étaient dans les gradins, mais quand on était au centre de l'arène et qu'on manquait de se faire décapiter, on devait faire moins les malins ! C'est sûr que le cirque aujourd'hui ça fait moins flipper. Enfin sauf en ce qui concerne les clowns, ces abominations éternelles. 

                                                  

Tout ça pour vous parler de Shadow of Rome ! Vous devez probablement vous souvenir de ce jeu ! Non ? Bah alors je vais vous rafraîchir la mémoire ! Shadow of Rome est un jeu Capcom sorti en 2005 sur PS2. C'était une période faste pour Capcom qui se démenait vraiment pour sortir des jeux qui sortaient du lot. À l'époque, je voyais Capcom comme un monstre à deux visages : l'un était l'infâme essoreur de licence qui nous faisait acheter deux fois le même jeu (Devil May Cry 3 et son édition director's cut avec Virgil sortie quelques mois plus tard), l'autre était celui d'un éditeur ambitieux qui n'hésitait pas à tenter de sortir des perles au risque de se manger de divines roustes (Okami, God Hand...). Shadow of Rome la facette de ce deuxième visage plus sympatoche de la compagnie. Il s'agissait d'un jeu qui alliait deux gameplay différents : infiltration et combat de gladiateurs en arène. Et ouais ! Shadow of Rome était un jeu de gladiateur dont l'action se situait en 44 avant JC (non pas Julien C...). 

   

                                                          A mon signal, tu déchaînes les enfers...

Rome à cette date est secouée par un événement d'ampleur. Jules César, sacré imperator est assassiné de 23 coups de couteaux par les conjurés qui voyaient d'un très mauvais œil l'arrivée au pouvoir de ce fifrelin (que j'aime ce mot !) qui mettait à mal la République. C'est plus ou moins le point de départ de Shadow of Rome. Dans le jeu, César (qui est considéré comme un héros par le narrateur) se fait trucider. Rome sombre dans le chaos et ça la fout mal pour la Pax Romana. Le pire, c'est qu'un coupable est désigné d'avance : Vispanius le père du général Maxim... euh je veux dire Agrippa qui est en campagne contre les barbares. C'en est trop pour Octavien, enfant adoptif de César et meilleur ami d'Agrippa, qui refuse de croire en l'innocence du pauvre Vispanius qui devra être exécuté par le gladiateur qui sortira vainqueur des jeux du cirque. Le jeune Octavien va donc prévenir son pote Agrippa qui va débarquer fissa à Rome et s'enrôler dans l'écurie de Sextus, possesseur de gladiateurs, afin de protéger son paternel. Pendant ce temps, Octavien mène l'enquête afin de laver le pauvre Vispanius de tous soupçons. S'il n'est pas très fidèle à la réalité historique, il faut reconnaître au scénario de Shadow of Rome un certain charme. De plus, le fait que les personnages soient des gens ayant réellement existé (Octavien est le premier empereur de Rome, connu sous le nom d'Auguste, Agrippa était un général proche de lui, Cicéron nous fait le plaisir d'une apparition) permet de donner une cohérence. On apprécie le scénario de Shadow of Rome comme on apprécie un roman historique. 

      

        Aggripa s'occupe de la boucherie...                             Octavien est moins démonstratif...

Le jeu se découpe en deux phases. Tout d'abord, les phases d'infiltrations dans lesquelles on incarne le frêle et fragile Octavien puis les phases en arène. Les mécaniques de gameplay changent du tout au tout, et viennent apporter un peu de renouveau en brisant la monotonie qui pourrait être tentée de s'installer. C'est très bien vu. Cependant, bien que les phases avec Octavien ne soient pas inintéressantes, elles n'en restent pas moins loin d'être aussi mémorables que les phases avec Agrippa. Octavien est faible, ne sait pas se battre, mais il pourra se faufiler un peu partout, assommer les gardes et autres importuns avec ce qui lui passe sous la main et détrousser ses victimes. Il peut même revêtir leurs accoutrements afin de passer inaperçus. Octavien, c'est l'agent 47 avec la tête d'Owen Wilson. 

 

 Y a quand même un petit air de ressemblance, non ? Ou bien Octavien a la même tronche que lui !

Avec Agrippa, je le disais, on obtient le gros du morceau. À vous les arènes, les gladiateurs, la liesse populaire, le sang ! En tant que gladiateur, vous devez gagner l'amour du public, symbolisé dans le jeu par une barre verte. Chaque fois que vous tuez un adversaire avec un coup spécial, vous obtenez des salves. Réalisez des enchaînements spéciaux, variez les plaisirs, étanchez la soif de sang des plébéiens, et vous obtiendrez leur amour. Alors vous me demanderez à quoi ça sert ? Plus vous serez dans le cœur de la plèbe, plus ils voudront vous aider, en vous balançant de puissantes armes ou de la nourriture pour vous soigner. Les moyens d'obtenir les salves sont très nombreux et on s'amuse à essayer tout ce que l'on peut pour s'attirer la sympathie du public. Saluer la populace, lui lancer des roses, décapiter un bonhomme, lui arracher le bras pour le frapper avec, rien ne sera trop beau pour le public. C'est alors un réel défouloir qui s'offre à nous. Mais les combats en arène ne sont pas les seules réjouissances. Vous aurez aussi accès à des courses de char, qui nécessiteront vos talents d'aurige. 

                             

                                La vitesse ne fait pas tout ! Et un joueur assidu de Road Rash le sait !

Le jeu était très violent, et en même temps, n'était-ce pas ce que l'on était en droit d'attendre d'un jeu de gladiateurs ? Les phases dans l'arène étaient réellement jouissives, et le nom des techniques de mise à mort était évocateur : « Jus de tomate » quand on écrasait la tête de l'ennemi, « Catapulte humaine » pour les german supplex, ou encore « Repose en paix » quand on achevait un adversaire au sol... Les joutes étaient brutales et comme le public de l'arène on en redemandait ! Parfois, après une série de matches, on affrontait un boss, qui devenait chaque fois de plus en plus coriace. Les phases d'infiltration avec Octavien étaient les bienvenues pour respirer après un bon petit massacre sur le sol ensablé du cirque.

         

                      Tu fais moins le malin sans ton buste ! Ou sans tes jambes ?!...enfin bref, tu fais moins le malin !

   

                        Même Auguste, le premier empereur de Rome savait qu'être un ninja, c'était cool.   

Graphiquement, le jeu se défendait vraiment bien. Si on pouvait déplorer des textures un peu grossières, la modélisation des personnages bénéficiait d'un réel soin. Le jeu misait aussi énormément sur son ambiance, et bien qu'on y retrouve des éléments un peu japonais (notamment un cocher qui portait un masque en métal, qui m'avait particulièrement fait marrer), tout à été fait pour nous transporter dans une Rome crédible. Les morceaux avaient aussi des sonorités évoquant la musique de l'époque. Le jeu n'était cependant pas parfait, n'oublions pas que ça reste un beat'em all avec des phases d'infiltration ponctuelles. Le jeu répète donc les même phases de gameplay, ce qui pourrait lasser les moins passionnés. Néanmoins le jeu était de qualité et les défauts ne se faisaient pas tant ressentir que cela.

  

                                                                 Dans le temps, les lolcats c'était autre chose...

Les jeux de gladiateurs sont rares. Pourtant, il y a de nombreux jeux qui nous mettent dans la peau d'un gladiateur. La série des Elder Scrolls aurait été pensée pour être un jeu de gladiateur (ce qui explique le titre du premier opus : arena.) avant qu'un changement de dernière minute ne scelle le destin de la saga pour en faire ce qu'elle est aujourd'hui. Shadow of Rome a pris le pari de nous propulser dans la Rome antique, dans la peau sale et meurtrie d'un gladiateur. Le jeu n'a malheureusement pas rencontré le succès escompté. Qui sait, le cadre n'a peut-être pas intéressé ou alors peut-être aurait-il eu plus de chances s'il était sorti dans la lignée de Gladiator (dont le jeu s'inspire quand même un peu). Nul ne le sait. Ce que je peux dire en revanche, c'est que j'ai apprécié ce jeu. Si vous deviez croiser son chemin, donnez lui la chance qu'il mérite : levez le pouce.

   

                                   Avec toute cette violence, je ne sais plus où donner de la tête. 

Pinaise tout ça m'a donné envie de me mater la première saison de Rome...