Nan, moi non plus. Je demandais juste comme ça. De quoi ? Je vous fais venir pour rien. Ah bah désolé hein. T'as qu'à pas cliquer partout comme ça, sans réfléchir ! Bon et bien voilà quoi. Je pense que vous pouvez vous casser maintenant. A moins que je tape "Sol Yurick" dans Lycos. Attendez, je reviens tout de suite. Ok, bon en fait, il parait Lycos ça existe plus depuis perpette donc je crois que c'est grillé. Ah, je sais, je vais essayer avec Bing, on m'a dit c'était bien. Voilà. Alors... Sol Yurick est le mec qui a écrit le bouquin The Warriors en 1965 et il est mort il y a 10 jours à l'âge de 88 ans. Attends, ça me rappelle un tweet de Rockstar tiens. Bah oui, c'est bien ça. Le gars a écrit un livre, un autre bonhomme en a fait un film et Rockstar en a fait un jeu vidéo. C'était en 2005, je devais avoir une Xbox, du gel dans les cheveux et un CD de Linkin Park chez moi. J'étais un rebelle quoi. Je crois même qu'une fois, je me suis fait une crête (trop punk comme Green Day) et le même jour et bah j'ai eu un avertissement dans mon carnet de liaison. Autant vous dire que voler des auto-radio, sortir après 22h et me battre avec des tessons de bouteille, c'était uniquement le week-end et si j'avais des bonnes notes. Alors seulement à ce moment-là, ma maman m'autorisait à jouer à The Warriors. Et c'était bien...

Mais ce n'est que très dernièrement que je me suis souvenu à quel point le titre de Rockstar balançait du Flamby. Je suis tombé dessus dans un endroit où des gens vendent des jeux à deux euros le paquet de cinq. Ouais, un vide-grenier, c'est ça. Et bien, je l'ai racheté et puis dans la foulée, j'en ai profité pour mater le film. Non pas que je sois cinéphile (j'aime bien Taxi, surtout le 2), mais j'ai tout de suite vu une bonne occasion de valoriser mon égo en écrivant un post culturel. C'est aussi ça le jeu vidéo, ça te permet de temps en temps de briller en société en faisant découvrir un truc trop pas mainstream à tes connards d'amis. Ah ouais, c'est trop la honte de pas avoir vu tous les films d'Eric Rohmer ? Et bah déjà d'une, j'ai vu Conte d'été donc je te nique ta race et de deux, est-ce que tu connais le film The Warriors de Walter Hill ? Ah ah, dans ton cul ! Parce que moi, j'ai fini le jeu, vu le film et pas lu le livre. Que je te raconte l'histoire ? Mais c'est culte mon bon ami !

 

 

Certes, l'introduction du jeu est plus condensée, mais ça claque toujours autant. Le mot "adaptation fidèle" prend ici tout son sens.

 

Oui, parce que quand on te dit "c'est culte", il faut comprendre "T'es une sous-merde, tu l'as pas déjà vu donc va le regarder avant que je te crache au visage". Alors que culte n'a jamais voulu dire "bien". Ca signifie seulement que quand il est sorti (1979), tout le monde s'en branlait plus ou moins, mais que depuis c'est devenu hype. Donc "Les Guerriers de la nuit" (titre français), de quoi ça parle ? C'est simple. Tu prends New-York, tu mets tout plein de gang différents, tu les fais se rassembler pour une cause commune : dominer la ville. Le grand manitou de tout ça s'appelle Cyrus et il se fait buter lors de la réunion. Ensuite, le coupable balance que "ce sont les Warriors qui ont fait le coup". La rumeur se répend et le groupe devient la cible de tous. Ils leur faut donc rejoindre leur territoire (Cony Island) au plus vite, en évitant de se faire taper sur la tronche. Voilà pour le gros de l'histoire. Le reste du temps, il ne se passe pas grand chose en fait. Je veux dire, on sort pas sa DS pour jouer à Pokémon entre deux scènes qui baboulent, mais j'ai déjà vu plus palpitant. Vous l'aurez compris, je ne trouve pas le film à se taper le fessier au sol, mais l'ambiance (visuelle ou sonore) est tellement forte que j'ai tout de suite eu envie d'aller exhumer ma PS2 pour y rejouer. Tout est dit.

 

Adaptation : Combo x3

Car cela fait maintenant trois fois que l'oeuvre a été adapté sur différents supports. Sol Yurick s'était en effet inspiré d'une oeuvre de Xénophon (L'Anabase, 4ème siècle avant JC). Celle-ci racontait l'histoire d'un groupe de bonshommes grecs qui se retrouvaient livrés à eux-mêmes face à l'ennemi, suite à la mort de leur chef : Cyrus. Par la suite, ce fut au tour de Walter Hill d'adapter cette histoire, puis à Rockstar d'en faire un beat'em all des familles. Car si la boite est surtout connue pour la série des Grand Vol de Voiture, on ne se gène pas lorsqu'il s'agit de se faire plaisir avec un "petit" jeu (800 000 ventes seulement). Rockstar reste un développeur libre et puisque tout le monde dans l'entreprise semble adorer le film (y compris Sam et Dan Houser, les fondateurs), pourquoi ne pas en faire un jeu ? C'est ce que nous dit le directeur artistique, Rob Nelson dans une interview donnée à IFC.com :

Ils avaient acheté la licence "Warriors" il y a un bout de temps et l'avaient gardé au chaud tout ce temps. Sam et Dan - et tout le monde à Rockstar - adoraient le film. C'était une grosse influence pour eux. Ils ont toujours su qu'ils voulaient en faire quelque chose. Je me souviens quand on bossait dessus, les gens disaient : "C'est le film parfait pour faire un jeu. Il y a vraiment ce feeling dans le film". Mais quand tu creuses un peu, tu te rends compte qu'il n'y a en fait qu'une seule vraie bataille, lorsqu'ils rentrent chez eux. Et en fait, ce n'est pas assez pour tenir sur toute la longueur d'un jeu avec une histoire linéaire. On ne voulait pas simplement faire un brawler en arène. Nous adorons raconter des histoires et nous aimions celle du film.

 

Les Baseball Furies : le gang qui a juste la méga classe américaine. De toute façon, le film entier pue la classe pour je ne sais quelle raison.

 

Il faut savoir que l'équipe avait, à ce moment-là, pour projet de faire un beat'em all et il se trouve que ça correspondait pas mal avec cette envie de faire quelque chose avec ce "The Warriors". Mais difficile de faire un jeu de baston à partir d'un film qui en comporte finalement très peu. C'est pour cette raison qu'ils ont décidé de faire une préquelle. Les trois premiers quarts du jeu se déroulent donc 3 mois avant le début du film. Ce choix permet d'approfondir l'univers sans risquer de massacrer l'oeuvre en misant sur un bête copier-coller. Le jeu place donc l'accent sur les gangs et le système de combat. Car si les scènes de baston du long métrage restent assez rares et soft, celles du jeu sont brutales et sanglantes. De toute façon, la vision de Rockstar est plus violente que celle du long métrage (étonnamment sage malgré son interdiction au moins de 16 ans). Mais hormis ces quelques libertés, il faut reconnaitre que la fidélité envers l'oeuvre originale est tout bonnement bluffante. Au-delà du fait que c'est certainement l'une des meilleure adaptation vidéoludique jamais réalisée, on retrouve la plupart des scènes à l'identique. De ce point de vue, le titre réussi à la fois à rendre hommage au film, tout en s'appropriant un univers pour le faire tenir de manière crédible sur une dizaine d'heure de jeu. Le talent de Rockstar aidant, ça marche...

 

 

Le film a beau s'appeller The Warriors, il y a de fortes chances que les fans de Steven Seagal fassent la gueule. Il doit y avoir deux scènes de bourre-piffe à tout péter ; dont celle-ci.

 

Car chez Rockstar, on est des fous, on rappelle la plupart des acteurs encore vivants, on achète les droits des musiques et on respecte quasiment à la lettre le moindre dialogue. Petite anecdote : l'acteur qui joue Cyrus (et qui se fait buter dès le début) a réclamé 250 000$ à Rockstar pour avoir utilisé son image sans lui demander son avis. A priori, il a perdu puisqu'en rachetant les droits du film, Rockstar acquiert de ce fait tout ce qui va avec, y compris les personnages. Bref, on sent que les developpeurs se sont posés les bonnes questions. Qu'est ce que les fans du film attendent ? Qu'est ce que les joueurs attendent ? Les joueurs veulent un bon jeu avec du sang, de la chique et mollard. Les fans, eux, veulent retrouver l'ambiance, les scènes marquantes, mais pas seulement. Ils aimeraient pouvoir faire eux-même ce qu'ils imaginent en voyant le film. Pouvoir déambuler dans la rue, musique à fond sur l'épaule façon ouech gros t'as vu, insulter les gang rivaux, les humilier, casser des vitrines, voler des auto-radio, tagger les murs, s'entrainer dans la planque, donner des ordres à ses troupes... Tout ça est possible, mais on est pas dans GTA non plus. On ne peut pas prendre de caisse, les zones sont semi-ouvertes et la progression est somme toute très linéaire. Sauf que tout ça, on s'en tape puisque le gros du jeu repose sur son système de combat, à la fois accessible, jouissif et varié. Car en plus de pouvoir utiliser ce qui nous passe sous la main, chaque personnage sa bat à sa façon. Bon, c'est pas du Virtua Fighter, mais chacun a son style, ses combos et son finish move. Sachant qu'un autre joueur peut rejoindre la partie à tout moment et qu'un mode arène vous permet d'organiser des bastons géantes entièrement paramétrables. Franchement tripant...

 

Le juste prix

Le jeu (Xbox, PS2) + le DVD du film = 10 euros (frais de port inclus, en cherchant 2 minutes sur le web).

Le spin-off baston only (Street Brawl) XBLA qu'à pas l'air terrible mais qu'il faudrait que je test = 800 MSpoints

La version PSP++ (2007)  quasi-identique aux autres = 10 euros sur le PSN (pour y jouer sur sa Vita)

 

 

C'était le point culture du mardi. Et comme la culture ça n'excite personne, j'ai évité d'en faire des tartines comme pour le post sur le film Stalker (c'te bide). Après faut dire, que j'ai pas vu grand-chose à analyser et que le but était surtout de voir quel était le lien entre un livre écrit il y a 38 ans par un mec qui a trois photos de lui sur Google et le studio Rockstar. Donc si tout ça a titillé votre curiosité, allez voir le monsieur juste au-dessus et donnez lui une petite pièce. Philippe Risoli, ça vous dit quelque chose ? Non, il n'est pas mort...