Cet état de fait était et est toujours critiqué pour plusieurs raisons.
D'abord parce que les jeux interdits en Australie sont accessibles par tous les
mineurs sur Internet, notamment par le biais d'Amazon. C'est donc une source de revenu en
moins pour tous les distributeurs australiens, perte inutile car l'interdiction
des jeux matures n'empêche absolument pas les jeunes australiens de se les
procurer. C'est bien dommage pour un pays dont les ventes de jeux vidéo sont
extrêmement dynamiques.

Mais l'hypocrisie va plus loin. En effet, selon Colin Jacobs de l'Electronic
Frontier Australia
(équivalent de notre CNIL), les classifications de certains jeux
sont revues à la baisse intentionnellement afin que le produit puisse être vendu
dans le pays. "A l'heure actuelle," dit-il, "les jeux qui sont tout au plus à la limite sont souvent ramenés à a catégorie de classification inférieure afin d'être commercialisables dans ce pays".
Le résultat est que les adolescents australiens se retrouvent à acheter des
jeux qui auraient pu être classés R18+, mais qui ont obtenu un rating M15+ conciliant.
Ceci est donc bien une nouvelle brèche dans l'argument de la protection des
mineurs.

Ainsi, le gouvernement fédéral travailliste a annoncé qu'il soutiendrait la
mise en place d'une classification "adult-only" pour les jeux vidéo.
Selon le ministre de l'intérieur Brendan O'Connor, celle-ci inclurait les jeux
avec une violence excessive ou contenant des thèmes matures. Même si cela n'a
pas été confirmé, on peut penser au sexe ou aux drogues, éléments utilisés
jusqu'ici par l'Australian Classification Board(équivalent du PEGI ou de l'ESRB) pour exclure les jeux de la catégorie MA15+, et donc les interdire en Australie.

L'initiative du gouvernement semble être motivée par une volonté populaire.
En effet, le même gouvernement avait procédé à une consultation de plus de 60 000
citoyens australiens à l'issue de laquelle 98% des interrogés s'étaient déclarés
favorables à l'instauration d'une classification R18+. Un autre sondage, réalisé
par l'institut Galaxy, avait révélé que 80% des personnes interrogées
soutiendraient un tel projet.

On ne peut que se féliciter de cette volonté de changement du gouvernement
australien qui pourrait ainsi mettre fin à ce qui est clairement une
hypocrisie, la théorie de la protection de la jeunesse étant battue
en brèche par la réalité des faits. Cette hypocrisie est d'autant plus grande
qu'un rating R18+ (et même X18+) existe pour les autres médias. Le Standing
Committee of Attorneys-General
, instance décisionnaire en la matière devrait se
prononcer Vendredi 10 décembre.

Espérons donc que la décision de ce comité soit positive et qu'elle donne
également des idées à l'Allemagne qui elle aussi, en cherchant à surprotéger sa
jeunesse, l'expose en fait à des contenus sur lesquels elle n'est pas informée.

Source

Mise à jour

La réunion qui décidait du sort du rating R18+ en
Australie a bien eu lieu hier. Malheureusement, l'issue en a été
négative. En effet, pour que la décision soit prise, il fallait qu'elle
le soit à l'unanimité entre les 6 Attorney Generals qui représentent
chacun un des états australiens.

Jusqu'ici, cette décision avait été bloquée par Michael Atkinson, représentant de la South Australia. Ayant été remplacé cette année, les négociations avaient pu reprendre
sur le sujet et la route paraissait toute tracée vers une décision dans
le sens d'une classification mature pour le jeu vidéo. Mais, le nouvel
Attorney General fraîchement appointé, a argué qu'il n'avait pas eu
assez de temps pour réfléchir au problème et qu'il ne pouvait donc pas
se prononcer.

La décision est donc repoussée à 2011 lors de la prochaine réunion
qui, espérons-le, sera mieux préparée. Il est très dommage de voir
encore le
gouvernement australien freiner des quatre fers et trouver de nouvelles
excuses sur une décision qui paraît pourtant tout à fait logique et qui
est de plus attendue par une grande majorité de la population.

La suite au prochain épisode (en 2011).

Vidéoludiquement,

Arthur

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