Déçus, frustrés, résignés et enfin soulagés. Les férus de vélos sont passés par tous les états depuis l'apparition de la pandémie et les annonces des mesures sanitaires pour lutter face au virus. Leurs petits plaisirs du printemps (classiques flandriennes et ardennaises) et même les grands tours ont été reportés à une date ultérieure, les laissant se défouler sur leur home-trainer. On a eu beau leur servir sur un (petit) plateau des courses virtuelles sur l'application Zwift et des rediffusions de vieilleries, rien ne remplace la ferveur d'une trouée d'Arenberg IRL.

Heureusement, Tour de France 2020 arrive à point nommé pour libérer leur influx nerveux et retrouver les forçats qu'ils viennent habituellement encourager l'été dans les Alpes et les Pyrénées, bob Cochonou au vent. Mais, il fallait que cette nouvelle itération signée Nacon soit à la hauteur de leur vive passion pour ne pas subir un terrible coup de fringale jusqu'à la véritable épreuve, prévue le 29 août prochain. Et ce n'était pas gagné d'avance vu le scepticisme qui entourait les derniers épisodes. Alors, au lieu de ronronner comme sur une étape de plaine, les équipes de Cyanide sont passés à l'offensive en trouvant la bonne stratégie : une vue à la première personne, qui rend le titre plus pêchu et immersif.

Plein la vue

On aurait pu penser cette alternative accessoire, voire cosmétique, par rapport au sel du jeu - la gestion de l'épreuve -, mais il faut bien avouer que les sensations de course changent considérablement. On se sent pousser des jambes dans les cols grâce au public, on sent le vent souffler sur nos nuques, on prend un petit shot d'adrénaline dans les descentes... À condition de mettre un voile sur des graphismes ultra-datés et inchangés depuis trois bonnes années, à une époque où Chris Froome moulinait comme jamais et explosait tout le monde. Autre changement bienvenu, la refonte des contre-la-montre, qui apparaissent désormais comme une spécialité à maîtriser avec une position "CLM" et une gestion de l'effort pas évidentes à appréhender.

Voilà pour le (rapide) tour des nouveautés apportées par les développeurs dans cet opus, plus proche d'une étape vallonnée en moyenne montagne que d'un grand monument du cyclisme. Car les habitués se remettront vite en selle avec un principe de jeu qui a fait ses preuves : incarner un bonhomme en cuissard pour le faire briller de mille feux durant la Grande Boucle et les autres épreuves disponibles, dont le petit dernier Liège-Bastogne-Liège. Les licences des équipes (nom, coureurs et maillots) ont été mises à jour -seule la Deceuninck-Quick Step de Julien Alaphilippe manquait à l'appel-, renforçant le côté immersif de TDF 2020, d'autant que l'intelligence artificielle suit le rythme de cette évolution. Alors, tout n'est pas parfait, ça roule parfois très (trop) vite au départ et met les grands leaders dans le rouge mais les tactiques de course et résultats restent cohérents au regard du profil des compétitions et des forces en présence. Attention toutefois de ne pas laisser les échappées prendre trop d'avance et de ne pas se laisser embarquer dans une cassure, rédhibitoires si l'on veut bien figurer au classement général.

Tour de Force ?

Toutes ces tares pourraient être effacées lors d'un prochain patch, synonyme également de mode online, absent lors de notre phase de test. Seuls les modes Pro Leader (carrière de notre avatar) et Pro Team (carrière d'une équipe), donnent actuellement des sueurs froides aux cyclistes en herbe, en attendant l'apparition de vraies conditions climatiques. De quoi pimenter un gameplay désormais convenu (gérer son effort, les gels et les barres d'énergie) et une expérience encore limitée. Pas facile de devenir un coureur à l'aise sur tous les terrains !