A Plague Tale : Innocence se déroule en Royaume de France lors de l'année 1348. Moment clé pour l'histoire du monde puisque c'est à cette date que débute la grande épidémie de Peste Noire ayant éradiqué la moitié de la population d'Europe et sans doute du monde. On y incarne Amicia (14 ans) et son frère Hugo (5 ans), enfants du Seigneur de Rune. Cette période n'est donc pas la plus joyeuse de l'époque médiévale car outre l'arrivée progressive de la Peste Noire c'est aussi en ces temps troubles que les troupes anglaises (nous sommes en pleine Guerre de Cent Ans) se font de plus en plus menaçantes. La Chevauchée d'Édouard III (campagne militaire du Roi d'Angleterre) vient de se terminer un an auparavant et les vassaux du Roi de France sont dans l'expectative, d'autant que la peste ravage les armées des deux camps.

Une pointe de fantastique au milieu du réel

C'est dans ce contexte que notre aventure commence et tel un conte gothique de Bram Stocker, le scénario tisse sa toile et nous retient captif et en haleine d'un bout à l'autre. Sans vous en dire trop, sachez que c'est là un des nombreux talents du studio des bordelais d'Asobo. L'écriture y est touchante et juste, et chaque seconde du scénario se savoure avec avidité et envie. Le lien entre Amicia et Hugo se noue au fil de l'aventure, inévitablement car ils sont frère et soeur et désormais plongés dans la même galère. Et pourtant le duo part de loin car Hugo souffre d'une mystérieuse maladie et les deux enfants n'ont pas non plus grandi ensemble. Ceci sans parler du fait qu'à partir d'un certain âge, garçons et filles de haut rang ne grandissent de toute façon pas de la même manière et ne reçoivent pas le même type d'éducation.

Un casting et un scénario d'exception

C'est donc au fil des heures de jeu que l'on voit le lien d'abord lâche et timide entre les deux se resserrer pour ne plus faire qu'un. Hugo est un enfant et agit souvent de manière irréfléchi, cette limite très floue entre bêtise, innocence et bravoure est un des ingrédients du ciment de la relation Hugo/Amicia. Les personnages sont tous sans exception dotés d'une belle écriture et toujours dans une grande justesse. Cerise sur le gâteau, le casting est d'exception aussi bien coté français que côté anglais. Le jeu se déroulant en France, on vous conseille tout de même de jouer en français car le doublage est vraiment de qualité.

Un chef-d'oeuvre artistique et audio

Si l'aventure est palpitante de part son scénario, elle est aussi bluffante visuellement grâce à une direction artistique à tomber par terre. Chaque plan est un panorama, chaque lieu suscite l'émerveillement. Et si vous avez ne serait-ce qu'un faible intérêt pour le Moyen-Age, comment ne pas succomber aux charmes qu'offre le jeu ? On s'étonne à rester longuement et à explorer sans retenue chaque recoin du décor. D'autant que l'ensemble jouit aussi d'une direction sonore incroyable. Au début du jeu, on se retrouve à traverser une église, cela ne doit normalement durer que quelques minutes tout au plus. Pourtant quel plaisir d'écouter le bruit du silence, ce calme mystique physiquement ressenti, le simple bruit de nos pas résonnant jusqu'à la voûte de cette impressionnante structure. Asobo a véritablement réussi à capter "l'âme" d'une église et à en faire quelque chose de réaliste et juste.

Une claque médiévale !

Si l'on ajoute à cela l'excellent travail du compositeur Olivier Derivière, on assiste à une véritable jouissance auditive tout au long du jeu. Quelle majesté, quelle grâce dans les différents morceaux qui arrivent jusqu'à nos oreilles. Elles accompagnent chaque partie du jeu avec justesse et touche au coeur tout au long de votre avancée. Un bonheur, tout simplement.

Le gameplay quant à lui est simple et fait son office. Globalement le jeu alterne entre phase d'infiltration et phase de réflexion/exploration et réussit très bien partant de ce postulat. L'IA humaine n'est ni trop intelligente pour vous rendre la tache trop ardue ni trop stupide pour vous laisser traverser les niveaux comme bon vous semble et c'est globalement ce que l'on souhaite pour ce type de jeu.

C'est là qu'intervient l'une des spécificités du jeu : les rats. Car oui A Plague Tale : Innocence se veut réaliste mais transgresse un peu les choses en proposant une vision fantasmagorique de la Peste Noire avec des hordes de rats, grouillants littéralement dans les décor. C'est ce qui permet d'introduire le système de réflexion à base de lumière. Pour traverser les décors grouillants, il va falloir trouver des sources de lumière ou des moyens d'attirer l'attention des rongeurs. Techniquement ça marche du tonnerre et c'est un plaisir pour les yeux.

Enfin, globalement la technique est irréprochable sur PC et le jeu est somptueux pendant les 10 heures que dure en moyenne l'aventure.

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L'AVIS DE LA RÉDAC' (PS4) :

D'AUTRES MEMBRES DE L'ÉQUIPE VOUS DONNENT LEUR AVIS...

THOMAS : Sacrebleu, quelle aventure ! N'ayant jamais eu l'occasion d'approcher le jeu avant sa sortie, c'est avec un oeil aussi neuf que celui que porte le jeune Hugo sur le monde que j'ai découvert avec un émerveillement continu A Plague Tale Innocence. Somptueux, intelligent et prenant, le jeu des bordelais d'Asobo Studio est porté par une direction artistique magistrale, qui fait de chaque paysage de la campagne française pourtant bien connue un tableau que l'on ne se lasse pas d'admirer. Même la vieillissante PlayStation 4 "Fat" parvient à offrir suffisamment de ressources pour ne jamais se sentir lésé, bien que si la technique pêche parfois par absence de transitions dans les animations.

Là où tant d'autres se prennent les pieds dans le tapis de l'infiltration, les aventures d'Amicia et de son frère Higo trouvent le parfait dosage pour rendre chaque phase stressante, mais offre suffisamment de solutions pour ne jamais frustrer le joueur. Un régal. Chaque chapitre est d'ailleurs l'occasion de dérouler de nouvelles mécaniques, au rythme maîtrisé, qui transforment l'essai en ne confinant pas A Plague Tale au genre purement narratif.

Enfin, comment ne pas tirer son chapeau devant ce duo qui apprend à se connaître d'une si belle manière ? L'écriture est belle, laissant s'exprimer sans crier gare la curiosité et la naïveté propre à l'enfance, qui se heurte au monde complexe des adultes, et à cette guerre qui jonche le sol de cadavres. Exploit ultime : votre serviteur généralement pris de nausées devant la pauvreté des localisations française aura parcouru avec un immense plaisir l'intégralité de l'aventure dans sa langue maternelle, un exploit qui ne s'était pas produit depuis... houla... au moins !