The Sexy Brutale prend place dans un manoir-casino où le propriétaire des lieux organise un bal masqué. Malheureusement, tous les invités se feront assassiner dans des circonstances étranges. Vous incarnerez un habitué de cet événement qui se voit attribuer un objectif simple par un mystérieux personnage : empêcher que les meurtres aient lieu. Dans le fond, il n'y a rien d'original, on vous l'accorde. Sauver des gens, on fait ça à longueur de temps depuis les débuts du jeu vidéo. Ici, l'élément de jeu qui rend l'expérience intéressante vient du fait que l'intégralité de l'aventure se déroule durant une boucle temporelle de 12 heures, que l'on revit à l'infini, à la manière du génial Groundhog Day avec Bill Murray (Un Jour Sans Fin en VF). Pendant ces douze heures durant lesquelles l'intégralité des meurtres a lieu, il faudra sauver les convives un par un, en s'appuyant sur un sens de l'observation aigu dans les dizaines de pièces qui constituent le manoir. L'espionnage des faits et gestes des victimes et du staff, la reconstitution précise de leur emploi du temps et, bien évidemment, vos cellules grises, permettront de faire le lien entre toutes ces observations et d'en déduire le meilleur moyen d'empêcher que les drames se produisent.

Les 12 dernières heures

La gestion du temps est donc une donnée primordiale. En effet, contrairement aux jeux d'aventure conventionnels, la recherche d'objets n'est pas au centre de tout. Ici, on ne trouvera que très peu d'items et les interactions avec les décors seront rares. Le nerf de la guerre se trouve dans la reconstitution des événements, alors même qu'ils sont en train d'avoir lieu. Pour cela, il faudra suivre les protagonistes (mais aussi les employés du manoir) à travers les différentes pièces, les espionner en regardant à travers les serrures des portes et écouter leurs conversations, afin de recomposer leur trajet et comprendre les raisons qui les poussent à agir comme ils le font à cet instant précis. Tout cet aspect dédié à la surveillance (à la limite du voyeurisme) est réellement passionnant. La progression de l'investigation se fait pas à pas, on apprend un nouvel élément des tribulations de l'invité ciblé, puis on comprend que l'on a raté un autre en arrivant trop tard. Du coup, on recommence la journée afin d'assister à une nouvelle discussion, retracer un autre pan de l'itinéraire et ainsi de suite, dans une sorte de "Die and Retry" sans frustration. Tout cela jusqu'à obtention d'une vision claire des événements. Il s'agit de la difficulté principale du titre et c'est sans aucun doute ce qui prend le plus de temps, mais c'est aussi la partie la plus enthousiasmante pour le joueur, car généralement, une fois que l'on a tout les éléments en tête, les différents itinéraires, discussions diverses jusqu'au passage à l'acte, etc., le moyen de neutraliser le meurtre coule quasiment de source, donnant un véritable sentiment de satisfaction.

Bal tragique au manoir : 10 morts

Chaque meurtre nous emmène dans une zone différente du manoir, que l'on découvre au fur et à mesure. Une exploration des lieux complète est indispensable pour trouver les différents objets qui nous serviront et surtout constituer une vraie carte de manoir, que l'on pourra consulter à l'envie, et ce n'est pas un luxe, le manoir étant vraiment grand et composé de nombreux dédales, étages, sous-sols et passages secrets. Ce n'est d'ailleurs qu'une fois qu'on a une vision nette des lieux que l'on peut se concentrer sur la reconstitution d'un meurtre.

Le titre propose sept chapitres lors desquels il faudra sauver 10 invités. Si le gameplay de base précédemment décrit est déjà intéressant, les développeurs ont eu l'intelligence de l'étoffer à mesure que l'on avance dans l'aventure en rajoutant de nouvelles compétences au personnage que l'on dirige. Cela peut aller d'un sens de l'ouïe amélioré, permettant d'écouter des conversations jusqu'alors inaudible, à une vision extra-sensorielle permettant de communiquer avec des entités invisibles précédemment. Ce qui donnera accès à de nouvelles zones du manoir, mais aussi plus de variété dans la manière de résoudre les énigmes. Ce gameplay savamment pensé et brillamment mis en place est appuyé par une ambiance vénitienne saupoudrée de surnaturel qui colle parfaitement au genre, ainsi qu' un scénario assez mystérieux pour nous donner envie d'aller toujours plus loin dans l'aventure. La seule ombre au tableau vient de l'ambiance sonore, naturellement retrait étant donné qu'il n'y a aucun dialogue doublé et que c'est assez pauvre musicalement. Malgré tout, cela ne suffit pas à plomber un titre qui, de par son principe de base de gestion du temps et la manière de résoudre les énigmes, garantit aux amateurs d'aventure de passer un très bon moment. Un moment que certains jugeront de courte durée, puisque le jeu se boucle en à peu près sept heures. Il n'en reste pas moins qu'on ne s'ennuie à aucun instant, du début jusqu'à la fin de l'aventure. De nos jours, peu de jeux peuvent se targuer d'en faire autant.