Dans la grande famille des jeux qui passent injustement inaperçus, je voudrais la petite-fille d'un grand-père bricoleur, Lumi, qui part de nouveau à la recherche de ce dernier après qu'il a disparu. Après Lume, les Anglais de State of Play (à qui l'on doit aussi l'excellent Kami) imposent de nouveau leur style avec un jeu à l'esthétique unique. Et pour cause : les décors de Lumino City ont été créés à la main, en utilisant du papier, du carton, de la glu - et même des petits moteurs, pour faire se mouvoir divers éléments - puis cette ville miniature a été filmée sous tous les angles pour servir de base aux environnements du jeu. Esthétiquement, on se retrouve ainsi devant une espèce de Manége enchanté première époque, sans Pollux et sa bande, qui profite d'un souci du détail renversant. Il a ainsi fallu trois ans pour que la maquette de l'ensemble, de plusieurs mètres de haut tout de même, soit terminée, une simple maison réclamant parfois des semaines de travail. Voilà pour la forme.

Surprenant, oui. Divertissant ? Mmh...

Du côté du fond, Lumino City reprend les grandes lignes de son aîné, et invite à la découverte de tableaux (décors) successifs proposant chacun une ou plusieurs énigmes. Et c'est là que le bât blesse. Si l'atmosphère du jeu possède une vraie magie, et si ses décors transportent, le gameplay du titre impose, lui, des puzzles parfois franchement fatigants (la partie où il faut mémoriser de looongs accords de musique à la guitare, par exemple), pas inintéressants en soi, mais pas du tout amusants à résoudre. Et, il ne faut jamais l'oublier, un jeu a généralement pour raison première de divertir. Que l'on se rassure toutefois : la plupart des énigmes sont heureusement abordables, et toujours logiques, et désireux de ne pas démotiver son public, le développeur a mis dans la besace de la petite Lumi un livre de solutions ingénieux, qu'elle peut consulter à tout moment. Quant à l'interface, elle ne saurait être plus simple, puisque seul le clic gauche de la souris sert ici à toutes les interactions (entamer une discussion, enclencher un mécanisme...). Au final, un vrai petit conte, mignon, touchant - qui transpire une espèce de naïveté bienvenue en cette époque où tout est cynisme -, tout à fait dans l'air du temps en cette période d'après-Noël...